Nanar de plus de 200 millions de dollars, The Marvels enterre le MCU par des décisions toutes plus aberrantes les unes que les autres pour un résultat tout bonnement catastrophique. Un accident industriel, un vrai !
Synopsis : Carol Danvers, alias Captain Marvel, doit faire face aux conséquences imprévues de sa victoire contre les Krees. Des effets inattendus l’obligent désormais à assumer le fardeau d’un univers déstabilisé. Au cours d’une mission qui la propulse au sein d’un étrange vortex étroitement lié aux actions d’une révolutionnaire Kree, ses pouvoirs se mêlent à ceux de Kamala Khan – alias Miss Marvel, sa super-fan de Jersey City – et à ceux de sa « nièce », la Capitaine Monica Rambeau, désormais astronaute au sein du S.A.B.E.R. D’abord chaotique, ce trio improbable se retrouve bientôt obligé de faire équipe et d’apprendre à travailler de concert pour sauver l’univers. Un seul nom pour cela : « The Marvels » !
The Marvels, un enterrement de dernière classe
Critique : Rien ne va plus au sein du MCU (Marvel Cinematic Universe) depuis que l’arc narratif principal a été clos avec Avengers : Endgame (Anthony Russo et Joe Russo, 2019). Déjà au cours de cette troisième phase, nous n’avions pas été convaincus par l’introduction du personnage de Captain Marvel (Anna Boden et Ryan Fleck, 2019), mal incarnée par une Brie Larson desservie par une réalisation impersonnelle et une histoire inintéressante. Mais le métrage a été un carton mondial impressionnant cumulant plus d’un milliard de dollars de recettes mondiales. Nous n’étions donc pas pressés de retrouver l’héroïne au centre de ce 33ème film du MCU et troisième de la phase V qui s’avère de loin la moins passionnante développée par le studio.
© 2023 Marvel Studios, The Walt Disney Company. All Rights Reserved.
Il faut préciser que l’empire Disney a définitivement posé sa marque indélébile sur l’univers Marvel. Ainsi, après avoir dévitalisé leur propre catalogue en multipliant des versions live de leurs classiques animés, puis avoir consciencieusement détruit l’univers Star Wars patiemment construit par George Lucas, voici que les exécutifs minent un à un les fondements du MCU. Désormais, il devient très difficile pour un spectateur lambda qui ne suivrait pas toutes les séries Marvel disponibles sur Disney + de comprendre quoi que ce soit aux enjeux fort nébuleux des différents films qui arrivent sur grand écran. Ainsi, les distraits qui n’auront pas jeté un œil à la mini-série Miss Marvel (6 épisodes) seront un peu perdus au début de The Marvels qui tente tout de même de résumer les événements en un temps record.
Disney, l’empire des quotas
Mais peu importe, serions-nous tentés d’écrire, puisque The Marvels révèle très rapidement sa véritable nature, celle d’un énorme nanar ayant coûté plus de 220 millions de dollars. L’intrigue, toujours à base d’artefact qu’il faut rechercher afin de posséder un pouvoir plus important, n’a absolument aucun intérêt dès lors qu’elle est fondée sur des personnages de pacotille, aussi irritants que vains. Toujours prisonnier de son délire inclusif, le studio Disney semble faire rédiger ses scripts à une IA bridée par tous les impératifs normatifs du studio. Plus aucune décision ne relève de l’artistique, mais du quota.
Pour The Marvels, film plutôt féminin par son histoire même, la réalisatrice Nia DaCosta (le très raté remake de Candyman) a donc été conviée non pas pour son talent ou sa vision, mais bien uniquement pour son genre. Ensuite, le trio formé par les Marvels est forcément représentatif de toute la diversité américaine, mais les exécutifs ont également ajouté des acteurs venus des quatre coins du globe afin de séduire le public le plus large possible. On retrouve donc au détour de chaque scène un acteur coréen, indien, pakistanais et ainsi de suite, sans qu’il existe la moindre justification narrative à ce déploiement. Il s’agit bien entendu de répondre aux exigences d’un studio qui vise une distribution mondiale afin de rentabiliser sa mise de départ.
Des actrices toutes plus médiocres les unes que les autres
Au-delà de cet état de fait qui tient du pur débat idéologique, The Marvels est avant tout un très mauvais film sur le plan qualitatif. A partir d’un script inepte, le long métrage s’emploie à constituer une équipe de plusieurs Marvel, trois femmes en mode sororité, face à une terrible menace constituée par une Kree incarnée mollement par l’actrice Zawe Ashton. Nos trois héroïnes sont interprétées par des actrices en recherche désespérée de charisme. Brie Larson continue à nous affliger en Captain Marvel, mais elle est ici secondée par une médiocre Teyonah Parris. Mais la palme revient à la jeune Iman Vellani qui a déjà ruiné la série Miss Marvel par son absence totale d’incarnation. Dépourvu du moindre charme, son interprétation irrite plus qu’elle ne suscite l’empathie, sachant que son personnage n’est là que pour séduire les gamines prépubères qui se reconnaitront en elle.
© 2023 Marvel Studios, The Walt Disney Company. All Rights Reserved.
Lors des scènes d’action, la bouillie numérique est à nouveau à l’œuvre, tandis que Nia DaCosta (ou sa seconde équipe) semble incapable de donner le moindre souffle épique à sa réalisation. Afin de compenser tous ces manques, la réalisatrice a donc recours à l’humour le plus grossier. Elle réussit même l’exploit de rendre mauvais des acteurs aussi chevronnés que Samuel L. Jackson.
The Marvels, un nanar stratosphérique
La cinéaste enchaîne alors les scènes embarrassantes comme cette intrusion sur une planète où les habitants ne parlent qu’en chantant. Cela donne lieu à une scène de comédie musicale qui se voudrait un hommage aux productions Disney (avec princesses à l’intérieur, s’il vous plaît). Le résultat est tout bonnement pathétique par sa ringardise, sa laideur esthétique et le jeu outrancier du casting. A ce niveau d’incompétence, The Marvels se hisse au niveau des plus beaux naufrages artistiques et concoure donc dans la catégorie des nanars XXL. Et ce n’est pas la séquence finale qui tente maladroitement de rattacher le film à l’univers X-Men qui fera la différence.
Ce carnage cinématographique a été présenté au public américain à partir du 10 novembre 2023 et la sentence ne s’est pas fait attendre avec seulement 46 millions de dollars accumulés lors de son premier week-end, soit le plus mauvais score enregistré par un film issu du MCU depuis 2008. Mais l’exploitation américaine tourne même à la punition avec une chute de 77 % des entrées lors du second week-end. Finalement, The Marvels termine sa carrière US avec 84 500 223 $, soit à peine plus que le premier week-end du premier Captain Marvel. Un désaveu.
The Marvels battu en première semaine par un petit film d’horreur
En France, la déculottée est telle que lors de sa sortie du 8 novembre 2023, The Marvels a été devancé au box-office par le film d’horreur Five Nights at Freddy’s, pourtant projeté dans 200 salles de moins que le nouveau Marvel. Avec seulement 369 007 adolescentes en première semaine, The Marvels est de très loin le pire démarrage pour un film estampillé Marvel. La chute est raide en deuxième septaine avec des chiffres totaux qui franchissent péniblement les 500 000 tickets. Le nanar détesté par les critiques et le public finit sa pénible exploitation à 771 705 entrées. Un désastre pour une telle production, sachant que le premier film avait réuni plus de 3,3 millions de spectateurs français quatre ans plus tôt.
A l’heure du bilan chiffré, le site américain Deadline s’est amusé à dresser l’addition et évoque une perte sèche pour le studio d’environ 237 millions de dollars. Effectivement, les chiffres comptabilisés dans le budget officiel d’un long métrage ne comprennent pas les frais publicitaires qui, souvent, doublent les dépenses annoncées par les grands studios. Le manque à gagner est tel que Disney a mis la pédale douce sur la production de films de super-héros. Serait-ce au bout du compte la fin d’un genre exploité jusqu’à la nausée ?
Critique de Virgile Dumez
Les sorties de la semaine du 8 novembre 2023
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Biographies +
Nia DaCosta, Brie Larson, Tessa Thompson, Samuel L. Jackson, Hailee Steinfeld, Teyonah Parris, Lashana Lynch, Iman Vellani, Zawe Ashton
Mots clés
MCU (Marvel Cinematic Universe), Film de super-héros, Les super-héroïnes au cinéma, L’espace au cinéma, Les films woke