Agréable à suivre, Thanksgiving : La semaine de l’horreur manque toutefois d’originalité et confirme qu’Eli Roth n’est décidément pas un auteur, mais un adepte du recyclage cinéphilique.
Synopsis : Un an après qu’un Black Friday a viré au chaos, un mystérieux tueur s’inspire de la fête traditionnelle de Thanksgiving et terrorise la ville de Plymouth (Massachussetts), berceau de la célèbre fête. Alors que les habitants sont éliminés les uns après les autres, ces meurtres qui semblaient aléatoires, révèlent un plan plus vaste et sinistre. Les habitants découvriront-ils le tueur et survivront-ils à la fête… ou deviendront-ils les invités de son dîner de Thanksgiving complètement tordu ?
Une fausse bande-annonce devient un vrai film
Critique : En 2007, Eli Roth participe au projet collectif Grindhouse initié par Quentin Tarantino et Robert Rodriguez dans lequel sont insérées de fausses bandes-annonces de films fantasmés. Grands fans de slasher, Eli Roth et son complice Jeff Rendell se rendent compte qu’une fête semble avoir échappé aux producteurs des années 70-80, à savoir celle de Thanksgiving. Ils se mettent donc en tête d’imaginer une bande-annonce qui multiplierait les meurtres sanglants sans qu’aucun scénario ne soit finalisé. Comme souvent chez le cinéaste, seul le fun l’emporte, ainsi que le fan service.
© 2023 TriStar Pictures, Spyglass Media Group, Ethereal Visage Productions, Cream Productions, Dragonfly Entertainment, Electromagnetic Productions (EMP). Tous droits réservés.
Pourtant, ce qui n’était au départ qu’une blague de potaches est devenu progressivement viral, avec notamment des demandes de plus en plus insistantes de la part des fans : à quand un véritable film ayant pour cadre cette fête si importante aux yeux des Américains ? Finalement, le cinéaste Eli Roth aura mis plus d’une quinzaine d’années à trouver le bon script qui permettrait d’intégrer quelques meurtres gratinés de la fausse bande-annonce dans un tout cohérent.
Eli Roth ne sort pas du cinéma référentiel
Entre-temps, le cinéaste a fait feu de tout bois, en ne sortant que très rarement du film référentiel. Ainsi, il a réalisé son film de cannibales (The Green Inferno, finalement assez décevant), son remake raté de Death Wish (2018) avec Bruce Willis, mais aussi les produits commerciaux décevants que sont La prophétie de l’horloge (2018) et Borderlands (2024).
Si l’adaptation très bis et foireuse du jeu vidéo est sortie dans les salles après Thanksgiving : la semaine de l’horreur, elle a en réalité été réalisée avant le slasher. En fait, Eli Roth a même abandonné la postproduction de Borderlands pour pouvoir respecter son contrat avec la firme Spyglass, productrice de Thanksgiving. Après la production vidéoludique au budget astronomique de 115 millions de dollars, Eli Roth revient donc à une économie plus habituelle pour lui puisque son slasher n’a coûté que 15 millions de billets verts. De quoi peut-être lui redonner l’envie de filmer en toute indépendance ?
Le Black Friday de l’enfer
En tout cas, Thanksgiving : la semaine de l’horreur commence sur les chapeaux de roues avec une séquence pré-générique qui se déroule le soir de la fête traditionnelle américaine tombant au début du Black Friday. Sans aucun doute inspiré par les images réelles de magasins pris d’assaut par une foule en délire, prête à en découdre pour profiter de remises de plus de 50 %, le cinéaste Eli Roth nous scotche à notre siège avec le chaos généralisé qu’il installe au cœur d’une chaine de grands magasins. Par l’afflux de consommateurs avides, les autorités sont débordées et la fête tourne court avec plusieurs morts au compteur, dont Gina Gershon, au rôle décidément très court.
A partir du générique, Eli Roth retombe dans son travers habituel, à savoir l’incapacité à sortir d’un schéma classique largement éprouvé par une multitude de produits similaires. Reprenant la formule des slashers des années 80, mais aussi celle un peu plus méta de Scream (Wes Craven, 1996), Thanksgiving : la semaine de l’horreur refuse de faire dans l’originalité. Certes, on peut lui être gré d’avoir créé des meurtres particulièrement sanglants et gratinés (une mention particulière pour la dinde servie lors du repas final, plutôt inattendue), mais Eli Roth, tout bon réalisateur qu’il est, n’invente rien et recycle des figures déjà vues mille fois.
Des personnages sacrifiés
Pire, il échoue à créer des personnages vraiment intéressants puisque son casting de jeunes étudiants paraît un peu trop lisse à notre goût. D’ailleurs, les comédiens novices que sont Nell Verlaque, Jalen Thomas Brooks et Gabriel Davenport sont tous issus de la série télé, tandis qu’Addison Rae est une Tiktokeuse. Enfin, Patrick Dempsey ne présente toujours pas un grand charisme pour interpréter le rôle principal du flic à la recherche du meurtrier potentiel.
© 2023 TriStar Pictures, Spyglass Media Group, Ethereal Visage Productions, Cream Productions, Dragonfly Entertainment, Electromagnetic Productions (EMP). Tous droits réservés.
A l’arrivée, Thanksgiving : la semaine de l’horreur demeure un slasher fort sympathique à suivre de bout en bout, d’autant qu’il est plutôt bien réalisé et que certaines scènes gore sont amusantes, mais son cinéaste semble encore bloqué au stade où il ne fait que pasticher le cinéma de sa jeunesse, sans lui apporter une marque spécifique, celle d’un auteur, un vrai.
Box-office nord-américain de Thanksgiving
Sorti aux Etats-Unis par TriStar Pictures, Thanksgiving a débarqué dans plus de 3 200 salles le 17 novembre 2023 et a glané 10 millions de dollars à l’issue de son premier week-end d’exploitation. Après deux mois d’exploitation, le slasher est parvenu à tripler ce chiffre pour terminer sa carrière nord-américaine à 31 908 884 $. Cela demeure passable grâce à son faible budget initial. Toutefois, l’étranger lui a apporté encore quelques dollars supplémentaires avec un total de 46,5 millions de dollars de recettes mondiales. De quoi initier le tournage d’une suite actuellement en préproduction.
Box-office français
Parmi les marchés internationaux, la France se place en troisième position derrière le Royaume-Uni et l’Allemagne, avec 1 063 241 $ générés. Pourtant, on ne peut pas dire que le film a marqué les esprits dans notre contrée puisque ses entrées demeurent largement décevantes pour Sony Pictures qui était à la distribution. Certes, le film était handicapé par une interdiction aux moins de 16 ans, mais ses 75 871 entrées dans 200 salles en première semaine sont plutôt décevantes.
Sur le même nombre de copies, la semaine suivante voit une chute classique de près de 41% avec 44 721 retardataires. En troisième septaine, la chute est encore plus brutale et le slasher ne réunit plus que 19 519 amateurs. Finalement, Thanksgiving : la semaine de l’horreur doit patienter un mois pour franchir la barre symbolique des 150 000 entrées sur toute la France. Décidément, les Français et le slasher ne font pas bon ménage, si l’on excepte la saga Scream.
Critique de Virgile Dumez
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© 2023 TriStar Pictures, Spyglass Media Group, Ethereal Visage Productions, Cream Productions, Dragonfly Entertainment, Electromagnetic Productions (EMP) / Affiche : BLT Communications, LLC. Tous droits réservés.
Biographies +
Eli Roth, Gina Gershon, Addison Rae, Patrick Dempsey, Nell Verlaque, Jalen Thomas Brooks, Gabriel Davenport
Mots clés
Cinéma américain, Slasher, Gore, Les tueurs fous au cinéma, La vengeance au cinéma