Quand les vautours attaquent est un agréable western spaghetti qui repose sur un duo de protagonistes bien écrits et interprétés avec brio.
Synopsis : Kitosh est un cow-boy qui travaille dans le ranch du riche Don Jaime Mendoza. Pris sur le fait en train de batifoler avec la compagne de son patron, il se voit contraint de fuir pour ne pas finir pendu. Ses errances le feront s’associer à Joshua Tracy, un pistolero qui se révèlera être un terrible psychopathe.
Critique : Quand les vautours attaquent est le premier des trois westerns de Nando Cicero, et son deuxième film. Le talentueux Fulvio Gicca Palli (Un tueur nommé Luke, Confessions d’un commissaire de police au procureur de la République) signe ici un script plutôt réussi. De façon assez inattendue, le film commence comme une sorte de vaudeville. En effet, on nous présente Kitosh comme un sympathique séducteur dont les frasques vont lui attirer de nombreux soucis. Néanmoins, dès que ce dernier fait la rencontre de Tracy, le métrage se pare d’une coloration beaucoup plus sombre, qui ira en s’accentuant au fil du temps.
Association de malfaiteurs
Dès lors, Quand les vautours attaquent va se construire autour de ce duo atypique, qui constitue l’une de ses plus grandes forces. Effectivement, les personnages sont particulièrement bien écrits, et complémentaires. Les bonnes idées sont nombreuses. Par exemple, Tracy souffre de crises d’épilepsie, caractéristique que reprendra le sympathique Une minute pour prier, une seconde pour mourir. On se rend très vite compte qu’il est un véritable psychopathe, qui éprouve un grand plaisir à torturer ses ennemis et à ne « jamais laisser de témoins ». Kitosh, quant à lui, est un personnage beaucoup moins négatif, qui va chercher à canaliser les excès de son comparse, auquel le spectateur va naturellement s’identifier.
Un bon scénario, qui peut parfois manquer de cohérence
Malheureusement, le script est loin d’être parfait. Ainsi, on dénombre un certain nombre d’incohérences, que ce soit dans les situations ou les réactions des personnages. A titre d’exemple, les évasions multiples de Kitosh au début du film ont de quoi laisser perplexe. De même, nos deux bougres se réconcilient un peu trop rapidement alors qu’ils étaient sur le point de s’entretuer à plusieurs reprises, sans autre raison apparente que le besoin de poursuivre le film. Enfin, on déplore certaines longueurs dues à des moments de flottement au cours de leurs pérégrinations. Peut-être aurait-il été bon de complexifier l’histoire à l’aide d’une intrigue secondaire impliquant d’autres personnages.
Quand les vautours attaquent bénéficie de formidables prestations d’acteurs
Néanmoins, on oublie bien vite ces maladresses au vu de l’excellence des acteurs principaux. George Hilton fait preuve d’un charisme à toute épreuve et oscille avec une grande maîtrise entre décontraction et gravité. A noter que l’acteur avait, quelques mois auparavant, incarné un certain Kitosh dans Sang et or, lui aussi écrit par Gicca Palli. Toutefois, les deux films sont bien trop différents pour que l’on puisse établir un vrai lien entre eux. Frank Wolff est magistral dans ce rôle de psychopathe épileptique et délivre l’une de ses meilleures prestations dans le genre. Il parvient à rendre son personnage à la fois fascinant, de par le charisme qu’il dégage, et terrifiant du fait de la violence de ses excès. Enfin, on retrouve Eduardo Fajardo dans son typique rôle de propriétaire puissant, qu’il endosse une nouvelle fois avec brio.
Un aspect technique plutôt soigné
Puisqu’il s’agit d’une coproduction avec l’Espagne, Quand les vautours attaquent profite des beaux paysages d’Almeria. Demofilo Fidani a supervisé la construction des décors, pour un résultat très abouti. Mila Vitelli a quant à elle confectionné de très beaux costumes, en particulier celui de Tracy, qui lui confère cette aura maléfique si fascinante. Mention spéciale également à ses munitions explosives qui relancent à elle seules une scène d’action un peu molle. De fait, on pourra déplorer la réalisation un peu trop classique, bien que très correcte, de Cicero. En effet, certaines scènes dramatiques auraient pu être traitées avec plus d’emphase. Ajoutez à cela une musique parfois inappropriée car trop guillerette et vous obtenez un film dont la dimension épique est parfois un peu gâchée.
Mais ne boudons pas notre plaisir, car en définitive Nando Cicero signe avec Quand les vautours attaquent un western de fort bonne tenue. Il transformera l’essai dans la foulée avec le tout aussi sympathique Professionnels pour un massacre, toujours avec George Hilton.
Critique : Kevin Martinez