Prémonitions : la critique du film de Neil Jordan (1999)

Thriller, Fantastique | 1h40min
Note de la rédaction :
4/10
4
Prémonitions, l'affiche

  • Réalisateur : Neil Jordan
  • Acteurs : Robert Downey Jr., Stephen Rea, Aidan Quinn, Annette Bening, Margo Martindale
  • Date de sortie: 21 Avr 1999
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : In Dreams
  • Titres alternatifs : In dreams (Dentro de mis sueños) (Espagne) / Premonição (Portugal) / W moich snach (Pologne) / Sueños de un asesino (Mexique) / Jenseits der Träume (Allemagne) / A Premonição (Brésil)
  • Année de production : 1999
  • Scénariste(s) : Bruce Robinson et Neil Jordan basé sur le roman de Bari Wood
  • Directeur de la photographie : Darius Khondji
  • Compositeur : Elliot Goldenthal
  • Société(s) de production : Amblin Entertainment, Dreamworks Pictures
  • Distributeur : UIP
  • Éditeur(s) vidéo : Dreamworks France (DVD, 2001 et 2006)
  • Date de sortie vidéo : 20 mars 2001 (DVD) / 5 octobre 2006 (DVD)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 204 565 entrées / 41 199 entrées
  • Box-office nord-américain : 12 M$ (soit 21,3 M$ au cours du dollar de 2022)
  • Budget : 30 M$ (soit 53,3 M$ au cours du dollar de 2022)
  • Rentabilité : -
  • Classification : Interdiction aux mineurs -12 ans
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleurs / Son : Dolby Digital, SDDS, DTS
  • Festivals et récompenses : Brussels International Festival of Fantasy Film (BIFFF) 1999 : Coupe d'argent pour Neil Jordan
  • Illustrateur / Création graphique : -
  • Crédits : Amblin Entertainment, Dreamworks Pictures
Note des spectateurs :

Prémonitions est un thriller fantastique marqué par un style emphatique et outrancier qui annule tout sentiment à trop vouloir surligner ses effets. Le script assez médiocre n’est guère relevé par les interprètes, globalement peu inspirés.

Synopsis : La vie de Claire Cooper est perturbée par des rêves prémonitoires. Ses cauchemars lui indiquent avec une précision effroyable les prochains faits et gestes d’un serial killer. Les visions s’accentuent lorsque sa petite fille Rebecca disparaît mystérieusement. Claire comprend alors que sa seule chance de sauver Rebecca est d’entrer dans l’esprit du tueur afin de déjouer ses funestes projets…

Un thriller fantastique fondé sur l’onirisme

Critique : A la fin des années 90, le cinéaste irlandais Neil Jordan est au sommet de sa carrière, avec plusieurs films majeurs à son actif, dont The Crying Game (1992) et Entretien avec un vampire (1994). Toutefois, il vient de connaître quelques échecs commerciaux dont le plus lourd de conséquences fut celui de Michael Collins (1996), biopic sur un leader de l’indépendance irlandaise qui a coûté une petite fortune. Obligé de revenir à des budgets plus contraints – on songe notamment à son étrange Butcher Boy (1997) – Neil Jordan décide de traiter un sujet plus commercial avec Prémonitions (1999), tiré d’un roman de l’écrivaine Bari Wood écrit en 1993. Celle-ci a déjà été adaptée au cinéma par David Cronenberg et son Faux-semblants (1988).

Avec Prémonitions, Neil Jordan revient en partie au cinéma fantastique qui a fait sa gloire (La compagnie des loups est encore dans toutes les mémoires) puisqu’il développe une intrigue fondée sur le primat des rêves. Il suit ainsi le parcours chaotique d’une femme qui découvre qu’elle possède un lien avec un serial killer par l’intermédiaire de ses cauchemars. L’occasion pour le cinéaste de multiplier les scènes oniriques et horrifiques pour lesquelles il a fallu notamment utiliser un bassin géant des studios Twentieth Century Fox ayant servi pour Titanic (Cameron, 1997). Les décorateurs ont ainsi pu construire des portions de villes englouties par les eaux, ce qui donne lieu à des séquences sous-marines de toute beauté.

Prémonitions ne fait pas dans la finesse

Cela a toutefois fait grimper la facture pour les producteurs (Amblin et Dreamworks, les compagnies de Spielberg) qui ont déboursé finalement plus de 30 M$ (soit 53,3 M$ au cours du dollar de 2022) pour concevoir ce thriller à l’esthétique très travaillée, magnifié notamment par la superbe photographie de Darius Khondji (révélé par le Se7en de Fincher).

La première demi-heure du film étonne tout d’abord par la tendance de Neil Jordan à l’hyperbole. Tous les sentiments des personnages semblent exacerbés de manière outrancière, le tout encore surligné par une réalisation emphatique et une musique d’Elliot Goldenthal en mode pompier. Même les acteurs sont poussés dans leurs retranchements au point d’être parfois agaçants. On songe notamment à Annette Bening qui surjoue la folie de manière assez peu convaincante. Cependant, durant cette première partie, le spectateur reste intrigué par le mystère qui entoure les passages plus oniriques et tout peut finalement arriver.

Robert Downey Jr. rate son incarnation d’un serial killer effrayant

Las ! Prémonitions ne s’améliore guère au fil de la projection, plombé par un scénario qui s’effiloche au fur et à mesure. Pire, une fois que le serial killer apparaît, le thriller perd tout intérêt, d’autant que la prestation de Robert Downey Jr. – nous ne révélons rien ici puisque le métrage n’est pas un whodunit – est bien loin d’être convaincante. Alors sous l’emprise de l’alcool et de drogues variées, le comédien ne semble guère préoccupé par la tenue de son interprétation. Il est tout simplement déplorable à force de surjouer la folie en roulant des yeux.

Alors que Prémonitions pouvait jusque-là faire vaguement illusion, la dernière demi-heure sombre lamentablement dans des excès de grand-guignol qui n’ont aucune portée sur le spectateur. Désormais, rien ne peut plus sauver le soldat Jordan du naufrage dans lequel se vautre son thriller sur le plan narratif. On ne conservera de l’ensemble que son esthétique et ses tentatives, même maladroites, de s’affranchir des règles classiques du genre.

Prémonitions, un échec artistique et commercial

Les spectateurs américains de l’époque ne s’y sont pas trompés en boudant ce long-métrage au point d’en faire un échec commercial cinglant. Le premier d’une longue série pour le réalisateur qui ne semble plus en phase avec les attentes du public. En France également, Prémonitions est un échec, se faisant notamment doubler par deux autres nouveautés qui sont Jugé coupable (Eastwood) et Arlington Road (Pellington). Le thriller n’attire que 28 113 Parisiens dans les 31 salles qui le programment lors de sa semaine d’investiture. Une contre-performance qui lui fait perdre une grande partie de son parc de salles et ainsi dégringoler à 7 239 Franciliens en deuxième semaine. Le thriller est évacué des écrans avec seulement 41 199 entrées à Paris.

Sur le reste de la France, Prémonitions démarre avec 94 485 voyantes lors de sa sortie, se hissant ainsi à la 10ème place du box-office de la semaine. Mais le film perd plus de 50% de fréquentation en semaine 2 avec seulement 35 993 retardataires. En semaine 3, ils sont encore 23 036 fans de thriller à tenter l’aventure, et le film va continuer à attirer pendant quelques semaines un public provincial. Début juin, il franchit la barre symbolique des 200 000 spectateurs et conclut sa carrière à 204 565 entrées, largement obtenues grâce à la province.

Edité ensuite en DVD, Prémonitions n’a pas eu le droit à une sortie en blu-ray sur notre territoire et semble désormais bien oublié, ce qui n’est guère étonnant lorsque l’on sait qu’il s’agit d’un des films les plus faibles de son auteur.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 21 avril 1999

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Prémonitions, l'affiche

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