Pixote, la loi du plus faible : critique du film et test blu-ray (1982)

Drame social | 2h07min
Note de la rédaction :
9/10
9
Pixote, la loi du plus faible, l'affiche

  • Réalisateur : Hector Babenco
  • Acteurs : Fernando Ramos da Silva, Marília Pêra, Jorge Julião, Gilberto Moura
  • Date de sortie: 05 Mai 1982
  • Année de production : 1980
  • Nationalité : Brésilien
  • Titre original : Pixote: A Lei do Mais Fraco
  • Titres alternatifs : Asphalt-Haie (Allemagne) / Pixote - Gatans barn (Suède) / Pixote, la ley del más débil (Espagne) / Pixote, la legge del più debole (Italie) / Pixote - heikomman laki (Finlande) / Pixote (USA, Royaume-Uni)
  • Autres acteurs : Edilson Lino, Zenildo Oliveira Santos, Claudio Bernardo, Israel Feres David, Jose Nilson Martin Dos Santos, Jardel Filho
  • Scénaristes : Hector Babenco, Jorge Durán
  • D'après : l'ouvrage Infancia dos mortos de José Louzeiro
  • Monteur : Luiz Elias
  • Directeur de la photographie : Rodolfo Sánchez
  • Compositeur : John Neschling
  • Cheffe maquilleuse : Josefina de Oliveira
  • Chef décorateur : -
  • Directeur artistique : Clovis Bueno
  • Producteurs : Hector Babenco, Paulo Francini, Jose Pinto
  • Productrice exécutive : Sylvia B. Naves
  • Sociétés de production : Embrafilme, HB Filmes
  • Distributeurs : Forum Distribution, Arts et Mélodie
  • Distributeur reprise :
  • Date de sortie reprise :
  • Editeurs vidéo : AM Vidéo (VHS, 1982) / Vidéofilms (VHS) / Carlotta Films (DVD, 2007) / Carlotta Films (blu-ray, 2024)
  • Dates de sortie vidéo : 1982 (VHS) / 23 janvier 2007 (DVD) / 17 septembre 2024 (blu-ray)
  • Budget :
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 364 900 entrées / 127 052 entrées
  • Box-office nord-américain / monde :
  • Rentabilité :
  • Classification : Interdiction aux -13 ans à l’époque (12 ans de nos jours)
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleurs / Son : Mono
  • Festivals : San Sebastián International Film Festival 1981 / Locarno International Film Festival 1981 / Festival de Biarritz, cinémas et cultures d'Amérique latine; 1981
  • Nominations : Golden Globes 1982 : Meilleur film étranger
  • Récompenses : San Sebastián International Film Festival: OCIC Award - Mention Honorable pour Hector Babenco / Locarno International Film Festival 1981 : Léopard d'argent pour Hector Babenco / Festival de Biarritz, cinémas et cultures d'Amérique latine; 1981 : Grand Prix
  • Illustrateur/Création graphique : © Michel Landi (affiche 1982) ; L'Etoile Graphique (jaquette 2024). Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © HB Filmes. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Attachés de presse :
  • Tagline : Grand Prix du Festival de Biarritz.
Note des spectateurs :

Pixote, la loi du plus faible est un film choc qui a marqué une génération entière par sa dureté et son réalisme glaçant. Bouleversant.

Synopsis : Une bande de gamins livrés à eux-mêmes erre dans les rues de Sao Paulo. Lorsque la police organise une rafle, Pixote et ses amis sont incarcérés dans un centre de redressement. Mais la première nuit s’avère être encore plus cauchemardesque que la rue elle-même…

Quand un projet documentaire évolue en film de fiction

Critique : Venu tout droit de l’école documentaire, le cinéaste Hector Babenco tenait absolument à filmer des jeunes des favelas afin de dénoncer leurs conditions de vie misérable. Pourtant, face aux nombreux obstacles rencontrés sur sa route, le metteur en scène opte finalement pour un film de fiction. Après un casting gigantesque dans les quartiers défavorisés, Babenco est obligé de prendre des enfants et des adolescents sans problème, seul l’interprète du personnage principal venant réellement des favelas. Avec un grand souci de réalisme, le réalisateur répète pendant de nombreux mois avec ses jeunes recrues et parvient à créer une atmosphère créative qui sert les intérêts du film.

Pixote, la loi du plus faible, photo d'exploitation 1

© 1980 HB Filmes LTDA. Tous droits réservés.

Alors que toutes les scènes sont scrupuleusement écrites, le cinéaste pousse ses acteurs à improviser selon leur inspiration, ce qui rapproche un peu plus le métrage du documentaire. Avec une force peu commune, Pixote, la loi du plus faible (1981) dénonce la situation catastrophique dans les quartiers pauvres, mais aussi les trop nombreuses exactions d’une police toute puissante s’octroyant le droit de vie ou de mort sur des gamins dont tout le monde se contrefiche. Parfois avec insistance, mais toujours dans le but d’éveiller les consciences, Babenco décrit un environnement sordide, dont il n’élude aucune atrocité.

Focus sur les enfants des favelas

Parmi les influences manifestes de Babenco, on citera notamment le chef d’œuvre de Luis Buñuel Los Olvidados (1950) auquel une scène fait clairement écho. Mais Pixote, la loi du plus faible s’inscrit pleinement dans une tendance forte du cinéma d’auteur mondial du début des années 80 décrivant la dérive de mineurs délinquants, ainsi que leur incarcération. Parmi les références du genre, on peut aller voir du côté de l’Espagne avec l’intégralité du cinéma quinqui développé notamment par Eloy de la Iglesia, mais aussi en Turquie avec le chef d’œuvre Le mur (Yilmaz Güney, 1983) ou encore en Inde avec Salaam Bombay ! (Mira Nair, 1988). Cette liste est loin d’être exhaustive tant la thématique de l’enfance confrontée à la misère des bidonvilles a été largement abordée durant cette période.

En ce qui concerne Pixote, la loi du plus faible, le spectateur contemporain pourra parfois être dérangé par certaines scènes complaisantes ou un excès de nudité masculine et enfantine qui pose parfois question quant au regard du cinéaste et aux conditions dans lesquelles s’est déroulé un tel tournage. Le résultat s’avère particulièrement violent, malsain et fortement sexualisé, avec une insistance notoire sur l’homosexualité. Il s’agit assurément d’un coup de poing dans l’estomac qui a fait beaucoup de bruit à l’époque.

Pixote, un succès international

Son succès repose sur une atmosphère lourde, un sens de la provocation parfaitement dosé et une implication totale de ses jeunes acteurs dont le magnifique Fernando Ramos da Silva, qui finira sa vie à 19 ans, abattu par la police. Avec sa bouille mi-ange, mi-démon, il fera fondre le cœur de tous les spectateurs, notamment lors d’une séquence finale absolument bouleversante. Pixote, la loi du plus faible est un film très dur, sans concession et qui ose plonger dans les poubelles de notre monde afin d’y trouver malgré tout une part de lumière. C’est aussi ce qui en fait toute la beauté.

Pixote, la loi du plus faible, photo d'exploitation 2

© 1980 HB Filmes LTDA. Tous droits réservés.

Sorti au Brésil durant l’année 1980 qui constitue une période record dans la production brésilienne (avec plus d’une centaine de films produits), Pixote, la loi du plus faible a bénéficié d’un certain relâchement de la censure pour attirer un vaste public. Ils furent environ 2 millions de spectateurs à faire le déplacement en salles pour découvrir les aventures sordides du gamin des favelas. Ce beau succès public a permis au long métrage d’être diffusé dans de très nombreux pays du monde, dont la France. Outre le Léopard d’argent décroché au Festival suisse de Locarno en 1981, Pixote a également gagné le Grand Prix du Festival de Biarritz 1981 consacré au cinéma d’Amérique latine.

Une belle carrière française sur la durée

Diffusé à partir du mercredi 5 mai 1982, le long métrage brésilien s’est rapidement imposé comme un succès d’art et essai avec 32 506 Parisiens dès sa première semaine d’investiture, se plaçant à la 9ème place du box-office hebdomadaire parisien. Le métrage sortait la même semaine que l’événementiel Massacre à la tronçonneuse (Tobe Hooper), enfin libéré de toute censure. La semaine suivante, Pixote accueille encore 19 457 retardataires dans son centre de redressement et dépasse les 50 000 clients. Pourtant, le gosse des rues n’a pas dit son dernier mot et remonte en troisième septaine avec 22 939 amateurs de plus. Au bout d’un mois, le film chute à 11 000 cinéphiles supplémentaires, avant de terminer sa très belle carrière aux alentours de 127 052 entrées sur la capitale.

En France, le film ne sort quasiment pas en province lors de sa première semaine, attendant sans doute les premiers échos parisiens. Il faut donc attendre la semaine du 12 mai pour que le drame carcéral connaisse une vraie exploitation en province, se hissant ainsi à la 20ème place du classement hebdomadaire. Le film passe la barre des 112 000 spectateurs en troisième septaine, avant de séduire l’ensemble des provinces françaises et de s’imposer durant tout le mois de juin 1982.

Le plus gros succès d’Hector Babenco en France

Le long métrage franchit la barre des 200 000 spectateurs à la fin du mois de juin et continue à arpenter les régions de France et de Navarre. Il demeure à l’affiche durant l’été et termine sa très belle carrière à 364 900 entrées, ce qui demeurera le plus gros succès de la carrière du cinéaste Hector Babenco sur notre territoire. Par la suite, le film a été édité à deux reprises en VHS, avant d’être proposé en DVD par Carlotta Films dès 2007. Mais, cette édition est désormais rendue obsolète par l’existence d’un blu-ray proposant la version restaurée du chef d’œuvre brésilien, toujours chez Carlotta.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 5 mai 1982

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Pixote, la loi du plus faible, l'affiche

© 1980 HB Filmes LTDA / Affiche : Michel Landi. Tous droits réservés.

Biographies +

Hector Babenco, Fernando Ramos da Silva, Marília Pêra, Jorge Julião, Gilberto Moura

Mots clés

Cinéma brésilien, Les délinquants au cinéma, Les films de prison, Les enfants maltraités au cinéma, Les bidonvilles au cinéma

Le test du blu-ray

Quinze ans après son édition DVD, Carlotta revient à Pixote pour lui offrir un écrin de meilleure qualité avec une image et un son entièrement restaurés. Test réalisé à partir du produit finalisé.

Packaging & Compléments : 3 / 5  

Le packaging demeure fidèle à l’esthétique de l’éditeur avec un blu-ray classique inséré dans un joli fourreau toujours aussi classieux. C’est simple, mais joli. En ce qui concerne les suppléments, il faudra se contenter d’une introduction de 3min par le grand Martin Scorsese qui est à l’origine de la restauration du film à travers son World Cinema Project qui entend préserver des films du monde entier. Il explique très rapidement en quoi ce film demeure mémorable et rappelle le destin tragique de son acteur principal.

Le film peut également être visionné avec le prologue tourné par Hector Babenco en 1980 où il donne des chiffres pour étayer le sujet de la délinquance juvénile au Brésil. Cela dure moins de deux minutes, tout en étant très informatif. Enfin, l’éditeur propose la bande-annonce du film.

L’image : 4 / 5

Même si l’aspect documentaire du film pousse les images vers une colorimétrie assez terne, le long métrage a clairement été restauré, offrant des plans très bien définis et particulièrement précis. Le grain cinéma a été respecté, même si on peut regretter parfois un certain manque de profondeur des noirs. En fait, tout semble avoir été pensé comme une restitution au plus près des volontés originelles des auteurs et non pour le confort des acquéreurs. Ainsi, certains plans sombres n’ont pas été artificiellement éclaircis, comme sur certains supports précédents. En tout cas, il s’agit d’une copie très convaincante, permettant de redécouvrir le film au mieux.

Le son : 4 / 5

La bande-son de la version originale sous-titrée a été parfaitement restaurée à partir des bandes originales, le tout par le directeur son de l’époque. Le résultat s’avère très probant, avec une clarté des dialogues, une musique insérée de manière judicieuse et l’absence du moindre souffle. C’est clair, précis et pointu. On est forcément moins convaincu par la version française, un peu plus étouffée, légèrement bourdonnante et qui est entrecoupée de passages en VOstf car des scènes étaient coupées lors de la sortie française et n’ont donc jamais été doublées. Autant dire que l’on vous conseille vivement la VO, absolument parfaite pour découvrir au mieux ce petit bijou.

Test blu-ray : Virgile Dumez

Pixote, la loi du plus faible, jaquette du blu-ray

© 1980 HB Filmes LTDA / Jaquette : L’Etoile Graphique. Tous droits réservés.

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