Réalisateur et scénariste espagnol, Eloy de la Iglesia est né dans une famille basque, mais a grandi à Madrid. Il débute par des études littéraires, avant de se lancer dans le théâtre pour enfants au sein d’une troupe spécialisée. Très jeune, il tourne son premier long-métrage intitulé Fantasia 3 (1966) qui n’a aucun rapport avec ses œuvres suivantes puisqu’il s’agit d’un film pour enfants.
Le temps des films de genre sous le franquisme
Après avoir effectué son service militaire, il écrit et réalise le drame Algo amargo en la boca (1969) et le film de boxe Cuadrilátero (1970) qu’il désavoue. En réalité, sa première œuvre d’importance est intitulée El techo de cristal (1971) qui est un thriller à machination particulièrement tortueux et réussi. Son style offensif et allant à l’encontre de la censure franquiste commence à apparaître. Cela éclate pleinement dans son classique La semaine d’un assassin (Cannibal Man), tourné en 1972. Le métrage connaît des difficultés avec la censure espagnole. Il faut dire que le réalisateur y affirme des thématiques dérangeantes autour du socialisme et de son homosexualité. A noter que le métrage a fait partie des célèbres Vidéos nasties britanniques.
De la Iglesia enchaîne avec le thriller plus classique Nadie oyó gritar (1973), mais se distingue à nouveau avec le très étrange Le bal du vaudou (1973) qui bénéficie d’une distribution internationale autour de Sue Lyon et de Jean Sorel. Il va encore plus loin dans la provocation avec Juego de amor prohibido (1975) et ses jeux sexuels prohibés.
The Cannibal Man (La semaine de l’assassin) en VHS chez Scherzo au début des années 80 – Illustrateur inconnu © Tous droits réservés?
Œuvres provocantes et cinéma kinki
Après la mort de Franco, son cinéma va profiter de la libération de la censure pour aller vers davantage d’excès. On pense notamment au controversé La criatura (1977) et ses scènes de zoophilie entre une femme et son chien, mais aussi à El sacerdote (1978) qui flingue la religion catholique ou encore El diputado (1978) où la zoophilie est à nouveau convoquée.
Avec le développement de la Movida, Eloy de la Iglesia se lance dans le cinéma quinqui (terme argotique espagnol qui désigne la délinquance). Il tourne alors des films qui suit des bandes de jeunes dans leurs méfaits, leurs déviances sexuelles et leurs périodes de défonce à la drogue. Cela donne Navajeros (1980), Colegas (1982), Dose mortelle, El Pico (1983) qui est un énorme succès et qui donne lieu à une suite : El Pico 2 (1984). Après le raté La estanquera de Vallecas (1987), le cinéaste s’éloigne des plateaux car il est devenu accro aux drogues.
La dérive dans la drogue dans les années 90
Il va passer près de quinze ans à errer entre défonce et cures de désintoxications. Finalement, Eloy de la Iglesia revient au cinéma pour un ultime film intitulé L’amant bulgare (2003).
Atteint d’un cancer du rein, Eloy de la Iglesia décède en 2006 à l’âge de 62 ans. Il restera comme une figure de la contestation à la fin du franquisme. Toutefois, ses films sont encore trop peu diffusés en France.
Ils nous ont quittés en 2006
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