Western de série B bien mené, Mon nom est Pécos bénéficie d’une bonne ambiance à la lisière du fantastique et d’une réalisation carrée. Robert Woods est malheureusement un héros dépourvu de charisme.
Synopsis : Alors qu’il se dirigeait vers le village de Huston, un jeune mexicain, Pecos Martinez, assiste à distance à l’inutile assaut conduit par Joe Kline et sa bande contre le chariot d’un certain Break. Il remarque que Break confie un mystérieux baril, apparemment rempli de rhum, à un inconnu. Il suit ce dernier et ne tarde pas à apprendre qu’il se nomme Tedder, et qu’il est le patron du saloon de Huston-City…
Le premier western de Maurizio Lucidi
Critique : Célèbre monteur du début des années 60, Maurizio Lucidi est passé à la réalisation en 1965 avec le péplum Le défi des géants qu’il signe du pseudonyme Maurice A. Bright afin de pouvoir mieux exporter le produit fini. L’année suivante, il se conforme à la mode du moment et réalise son premier western dans la lignée des œuvres de Sergio Leone. Il illustre ici un script d’Adriano Bolzoni qui n’a absolument rien de bouleversant puisque l’intrigue reprend de nombreux éléments classiques du western à l’européenne.
Dans Mon nom est Pécos, on retrouve donc un magot convoité par des truands, des villageois mal intentionnés, tandis qu’au milieu, un pistolero mystérieux vient accomplir une implacable vengeance. Rien de bien nouveau donc sous le soleil du western spaghetti, si l’on fait exception du héros qui est d’origine mexicaine. Ainsi, le long-métrage en profite pour dénoncer le racisme très présent dans le sud des États-Unis, même si cela ne sert que de toile de fond à un récit somme toute classique.
Une bonne ambiance et une violence sans concession
Si les péripéties sont balisées et attendues, il faut toutefois signaler un vrai sens de l’ambiance et un montage resserré qui permet de ne jamais s’ennuyer, alors même que l’histoire est assez banale. Maurizio Lucidi a ainsi soigné ses cadrages, parfois assez tarabiscotés, ainsi que sa photographie – et ceci malgré une copie visionnée de qualité médiocre. Enfin, la partition de Coriolano Gori est d’une belle efficacité, même si certains thèmes semblent proches de quelques classiques rock de l’époque – on pense notamment à certains passages de la chanson The House of the Rising Sun des Animals, reprise par Johnny Hallyday en France sous le titre Le pénitencier.
Assez violent et proposant une vision de l’Ouest sans concession – ici les Blancs violent les femmes et tuent des enfants sans état d’âme – Mon nom est Pécos profite également de seconds couteaux prestigieux qui permettent de compenser le jeu très faible de Robert Woods. On aime notamment les prestations de Pier Paolo Capponi (Norman Clark au générique d’époque) en antagoniste plutôt sadique, mais aussi celle du toujours excellent Umberto Raho. Parmi les méchants, on peut également reconnaître le sourire pervers de George Eastman, encore méconnu à cette époque.
De faibles moyens, mais compensés par une réalisation efficace
Réalisé avec talent, Mon nom est Pécos est donc plutôt une bonne surprise, même si on peut regretter les errances d’un budget que l’on imagine rachitique. Ainsi, les décors se limitent à des intérieurs peu profus en accessoires, tandis que la ville où se déroule l’essentiel du film est circonscrite à deux rues filmées sous toutes les coutures. Toutefois, Maurizio Lucidi compense ces faiblesses par une tendance à tirer son œuvre vers le fantastique. Le personnage principal semble avoir le don d’ubiquité et certains protagonistes le comparent à un fantôme venu rendre la justice depuis l’au-delà. Si l’on ajoute à cela des souterrains qui parcourent la ville, ce western semble anticiper de quelques années les fulgurances du chef d’œuvre d’Antonio Margheriti Et le vent apporta la violence (1970), en moins maîtrisé tout de même.
Série B de bonne tenue, Mon nom est Pécos a connu un petit succès partout où il a été diffusé (il a réuni 254 562 spectateurs français à sa sortie en février 1968). Cette jolie performance a permis à Lucidi d’en tourner une suite intitulée Pécos tire ou meurs (1967). On notera que ce western plutôt rare de nos jours n’est sorti qu’en VHS au début des années 80, mais n’a jamais eu les honneurs du format DVD. Il constitue pourtant une agréable surprise dans un genre souvent décevant.
Critique de Virgile Dumez
Les sorties de la semaine du 28 février 1968
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Maurizio Lucidi, Peter Martell, Robert Woods, George Eastman, Giuliano Raffaelli, Peter Carsten, Sal Borgese, Pier Paolo Capponi, Lucia Modugno, Umberto Raho