Entre comédie poussive et drame intimiste trop cliché, Patrice Leconte n’arrive pas à choisir et signe avec Mon meilleur ami un film sans intérêt.
Synopsis : Un marchand d’art fait un pari : il a dix jours pour trouver un meilleur ami. Il se lance alors en vain à la recherche de ses plus vieilles connaissances, avant de jeter son dévolu sur un chauffeur de taxi volubile et chaleureux. Il va le séduire afin de gagner son pari, mais peut-on tricher avec l’amitié ?
Une comédie sociale pleine de clichés
Critique : Malgré un beau sursaut avec son Confidences trop intimes (2004), Patrice Leconte a pris l’habitude de régulièrement nous décevoir au cours des années 2000-2010. A la tête de projets qui semblent pourtant bien lui aller, il n’est jamais arrivé à retrouver la flamme qui animait ses plus belles créations : Tandem (1987), Monsieur Hire (1989), Le mari de la coiffeuse (1990) ou encore La fille sur le pont (1999).
Partant d’une idée qui en vaut une autre, Mon meilleur ami est parfois consternant de naïveté, comme si le script avait été rédigé par un ado de seize ans : il faut voir Daniel Auteuil aborder les gens dans la rue pour leur demander comment on peut avoir un ami, pour saisir toute la distance qui sépare ce film de ceux précédemment cités.
Mon meilleur ami, comédie sans relief
Enfilant les clichés comme d’autres des perles, l’auteur oppose banalement la France aisée de celle d’en bas afin de montrer que cette dernière détient les vraies valeurs. Les riches s’ennuient et sont seuls, tandis que les pauvres rêvent d’une vie meilleure. Et puis, l’amitié ne s’achète pas car il ne faut pas jouer avec les sentiments des autres.
Tant de banalités et de clichés étonnent de la part d’un cinéaste qui a souvent su mêler finesse psychologique, rires et profondeur des sentiments. Ne voulant pas tomber dans le travers de la grosse comédie, les scénaristes ont également oublié d’y injecter des gags ou même des répliques savoureuses. Finalement, Mon meilleur ami ne propose pas grand-chose au spectateur : pas d’éclats de rire, pas d’émotion pure et une mise en scène sans aucun relief, au point de faire passer la séquence finale sur le plateau du jeu télévisé Qui veut gagner des millions ? pour un sommet de suspense – c’est dire le niveau de réalisation de l’ensemble.
Un résultat au box-office en demi-teinte
Finalement, notre indulgence concerne surtout les acteurs principaux, tous les deux excellents. Mon meilleur ami est donc une sacrée déception qui s’est trouvée sanctionnée par des résultats contrastés au box-office. Un million d’entrées sur la France… On pouvait attendre mieux du tandem Dany Boon / Daniel Auteuil. Les Parisiens, eux, ont copieusement évité le film, avec moins de 200.000 curieux… Pour Patrice Leconte qui sortait tout juste du triomphe de Les bronzés 3 : Amis pour la vie (10,3 millions d’entrées en 2006), la chute est assez sévère, même si les deux longs-métrages n’avaient pas les mêmes ambitions, ni le même budget.
Aujourd’hui, Mon meilleur ami apparaît surtout comme un film inutile qui ne ternit ni ne grandit aucun de ses participants.