Mon curé chez les nudistes est un fleuron de la comédie paillarde du cinéma français des campagnes, qui bénéficie d’une excellente notoriété. Ce rare premier rôle de Paul Préboist est un modèle de la gaudriole, délicieusement régressif.
Synopsis : Un curé de campagne très populaire est envoyé en mission par son évêque pour convertir une colonie de nudistes.
Mon curé chez les nudistes ou la comédie franchouillarde à son sommet
Critique : Il est difficile de juger Mon curé chez les nudistes (1982) à l’aune de nos critères actuels. Cette série Z franchouillarde tournée par un habitué du genre se traîne depuis toujours une réputation peu glorieuse qu’il est quasiment impossible de lui enlever. Comment défendre effectivement ce scénario peu crédible qui voit un curé de campagne hors temps tenter de convertir une nuée de naturistes délurés ? L’esprit volage de l’époque pousse le cinéaste à filmer généreusement le fessier et bon nombre de paires de seins dans le bon esprit paillard des grivoiseries du cinéma populaire européen des années 70 – 80. Ce cinéma-là existait à l’identique en Allemagne, en Italie, en Grèce, ou en Espagne…
Pur film d’exploitation comptant attirer les curieux sur la simple notion de nudité de son casting, Mon curé chez les nudistes n’en demeure pas moins un fleuron du cinéma bis français, de par son succès phénoménal au box-office et sa notoriété sur 4 décennies, alimentée par les rediffusions à la télévision. Paul Préboist est souvent très drôle – ou juste pitoyable, selon les goûts – et n’hésite pas à se ridiculiser dans des tenues incongrues. Ses mimiques en affligeront plus d’un et feront rire les amateurs d’humour décalé. Au choix, dans tous les cas, il tient le vrai premier rôle d’une carrière qu’il s’est amusé à faire vivre de sa générosité, de sa simplicité, et surtout de son authenticité. C’est ce qui rend ce curé de paroisse si attachant par moments.
Du cinéma Z à apprécier au quinzième degré
Paul Préboist méga star est essentiellement secondé par toute une brochette d’actrices toutes plus mauvaises les unes que les autres, choisies avant tout pour leurs qualités plastiques et non pour la profondeur de leur jeu. Certaines d’entre elles provoquent obligatoirement l’hilarité du spectateur par leur jeu décomplexé, surtout quand elle cherche à dévoyer l’homme d’Eglise. Après tout, n’est-on pas venu là pour assister à une œuvre régressive? L’attrait physique que suscite Paul Préboist est évidemment l’une des incongruités comiques du scénario. L’on n’imagine pas Préboist, en paroissien, exercer un tel pouvoir d’attraction. Michel Galabru, ami proche du comédien, a depuis révélé sur les plateaux de télévision et dans sa biographie les relations compliquées entre Préboist et les femmes, puisque l’acteur, serait, selon les dires de Galabru, décédé vierge. Cela donne une seconde lecture à cette polissonnerie politiquement incorrecte.
Relevé constamment par une pléiade de gags dont certains sont vraiment réussis, Mon curé chez les nudistes n’est sûrement pas un bon film à conseiller, mais dans son bon esprit pépère qui s’amusait encore à fantasmer des nudistes si chers aux comédies de Gendarme de De Funès, on retrouve bien là un bon bougre de la gaudriole. Gaulois réfractaire à l’intelligence, cette gentille comédie iconoclaste qui se jouait des codes religieux avec l’esprit de liberté de son temps, est une vraie bouffée d’oxygène à notre époque complexée post 2000.
Le film a été un succès surprise se plaçant à la 36ème place du box-office 1982 avec un peu plus d’un million de petits voyeurs à son actif. De quoi engendrer une suite encore plus fauchée et pathétique intitulée Mon curé chez les Thaïlandaises (1983), cette fois-ci avec Maurice Risch en vedette. Evidemment, Paul Préboist fut sollicité pour un rôle similaire dans Le facteur à Saint-Tropez, peut-être son ultime rôle dans la franchouille, en tout cas, son ultime premier rôle au cinéma.
Le saviez-vous ?
Le personnage de la saga Mon curé est en réalité une création du romancier Clément Vautel qui a rédigé deux romans, avant que son protagoniste ne fasse l’objet d’une première adaptation théâtrale au début du 20ème siècle.
Le cinéma s’est ensuite emparé du personnage dès l’époque du cinéma muet avec deux adaptations fidèles des livres : Mon curé chez les pauvres (1925) et Mon curé chez les riches (1925), tournés par Donatien.
On retrouve le personnage en version sonore par Jean Boyer (Mon curé chez les riches, 1938), puis encore dans les années 50 avec Mon curé chez les riches (Diamant-Berger, 1952), puis Mon curé champion du régiment (Couzinet, 1956) et Mon curé chez les pauvres (Diamant-Berger, 1956).
Lorsque Robert Thomas reprend le personnage dans les années 80, il le transforme fortement et le transporte dans des environnements bien plus extravagants.
Critique de Virgile Dumez