Suite directe du plus gros succès de l’année 1952, Le retour de Don Camillo est une nouvelle réussite du trio Duvivier / Fernandel / Cervi. Drôle, attachant et enlevé, malgré quelques passages à vide.
Synopsis : Don Camillo exilé, Peppone doit sauver seul Brescello. Ce dernier se voit obligé de faire revenir son ami-ennemi pour sauver le village d’une inondation. Il organise cependant un match de boxe le soir du retour de Don Camillo pour qu’il n’arrive pas triomphant…
Le retour de Don Camillo : suite directe de l’original
Critique : Face au triomphe inattendu rencontré par Le petit monde de Don Camillo en 1952, voyant le long-métrage devenir le plus gros succès de l’année en France, toute l’équipe se réunit au plus vite pour donner une suite aux aventures du curé. Ainsi, Julien Duvivier retrouve son complice, l’écrivain René Barjavel, pour adapter de nouveaux récits de l’Italien Giovanni Guareschi. Pour mémoire, l’œuvre d’origine n’est pas facile à transposer au cinéma puisqu’aucun fil conducteur ne lie les différentes saynètes entre elles, si ce n’est les personnages qui en sont les héros.
Les deux auteurs décident de signer une suite directe au premier opus en débutant le film au moment exact où se finissait le précédent. On retrouve donc le prêtre incarné avec gouaille par Fernandel à bord du train qui le conduit en exil. Toute la première partie nous tient donc éloignés du petit village accueillant, cadre du premier épisode. Nous voilà contraints à l’exil dans un village de haute montagne particulièrement frustre. Ce passage plus sombre donne l’occasion à Julien Duvivier de retrouver un ton dramatique qui lui sied bien, mais qui tranche avec les attentes du public venu se divertir. Au passage, Duvivier signe quelques scènes superbes comme ce chemin de croix (au propre comme au figuré) emprunté par Don Camillo sous un déluge de neige. Même si la séquence est clairement tournée dans les studios de Cinecitta, elle est empreinte de poésie.
Un ton léger conservé
Comme le titre l’indique, Don Camillo finit par revenir de son exil, ce qui donne l’occasion de retrouver le ton léger du film précédent. Les querelles entre le curé et le maire communiste reprennent de plus belle, souvent avec drôlerie. Les chamailleries de ce petit village nous font d’ailleurs souvent songer à celles qui se déchaînent dans celui d’Astérix. Ici, Don Camillo est à nouveau décrit comme un colosse bagarreur – ce qui est le cas dans les récits de Guareschi – alors que Fernandel n’est pas taillé pour le rôle. C’est sans doute le privilège des grands que de parvenir à faire oublier cette incongruité de casting au point de tirer le rôle vers leur personnalité. Désormais indissociable de Fernandel, Don Camillo restera dans la mémoire collective comme un curé bagarreur, mais finalement plus malicieux que réellement imposant.
Un duo savoureux parfaitement huilé
Face à lui, Gino Cervi se régale à nouveau en maire communiste pétri de contradictions. Dans Le retour de Don Camillo, le duo fonctionne parfaitement et permet de faire passer quelques errances narratives. Effectivement, cette suite n’est pas irréprochable car certains passages paraissent moins inspirés, ou du moins répétitifs. Heureusement, Duvivier compense encore ces faiblesses par une jolie réalisation et quelques séquences impressionnantes lors de l’inondation du village.
On peut également regretter une tendance à tomber vers la fin dans un style sulpicien que le premier opus évitait avec talent. La balance penche cette fois-ci clairement en faveur de l’Eglise et de l’unité des êtres autour d’une valeur universelle qui nous serait supérieure. Pas de quoi rendre le long-métrage désagréable pour autant, mais cela en limite toutefois la portée.
Un succès qui ne se dément pas
Le succès de Le retour de Don Camillo fut au rendez-vous, aussi bien en Italie qu’en France, même si les entrées ont été quasiment divisées par deux par rapport au premier volet. Avec 7,5 millions de spectateurs en Italie et presque autant en France, cette suite opportuniste, mais réussie, a donc été une belle affaire commerciale. Le film a tout de même été le deuxième plus gros succès de l’année 1953 juste derrière Sous le plus grand chapiteau du monde de Cecil B. DeMille. Cela fut suffisant pour envisager la mise en chantier d’un troisième volet deux ans plus tard sous le titre La grande bagarre de Don Camillo, cette fois sans Julien Duvivier.
Critique de Virgile Dumez
La franchise Don Camillo
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