Le mystère Von Bülow : la critique du film (1991)

Drame, Policier | 1h51min
Note de la rédaction :
7/10
7
Le mystère von Bülow, l'affiche

  • Réalisateur : Barbet Schroeder
  • Acteurs : Glenn Close, Jeremy Irons, Julie Hagerty, Ron Silver, Tom Wright, Annabella Sciorra
  • Date de sortie: 09 Jan 1991
  • Nationalité : Américain, Britannique, Japonais
  • Titre original : Reversal of Fortune
  • Titres alternatifs : Mysteriet von Bülow (Suède) / El misterio Von Bulow (Espagne) / Reveses da Fortuna (Portugal) / Odmiana losu (Pologne) / El secreto von Bulow (Mexique) / Il mistero Von Bulow (Italie) / A szerencse forgandó (Hongrie) / Die Affäre der Sunny von B. (Allemagne) / Frikendt..? (Danemark) / O Reverso da Fortuna (Brésil) / Mi secreto me condena (Argentine)
  • Année de production : 1990
  • Autres acteurs : Uta Hagen, Fisher Stevens, Jack Gilpin, Stephen Mailer, Christine Dunford, Christine Baranski, Felicity Huffman, Gay Hamilton
  • Scénariste : Nicholas Kazan
  • D'après l'ouvrage Le Mystère von Bülow (Reversal of Fortune: Inside the von Bülow Case) d'Alan Dershowitz
  • Monteur : Lee Percy
  • Directeur de la photographie : Luciano Tovoli
  • Compositeur : Mark Isham
  • Chef maquilleur : Jean-Luc Russier, Toni Trimble, Allen Weisinger
  • Chef décorateur : Mel Bourne
  • Directeur artistique : Dan Davis
  • Producteurs : Edward R. Pressman, Oliver Stone
  • Producteurs exécutifs : Michael Rauch
  • Sociétés de production : Reversal Films, Sovereign Pictures
  • Distributeur : Ariane Distribution, Les Acacias (reprise 2020)
  • Editeurs vidéo : Gaumont-Columbia-RCA (VHS, 1991) / Gaumont-Columbia-Tri-Star (VHS) / MGM - United Artists (DVD, 2003) / L'Atelier d'Images (DVD et blu-ray, 2020)
  • Dates de sortie vidéo : 1991 (VHS) / 16 septembre 2003 (DVD) / 2 juin 2020 (DVD et blu-ray)
  • Budget : -
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 397 479 entrées / 209 047 entrées
  • Box-office France (reprise) : 1 447 entrées
  • Box-office nord-américain : 15 445 131 $ (soit 34 500 000 $ au cours de 2023)
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleur (Technicolor) / Son : Stéréo (RCA Sound Recording)
  • Nominations : Oscars 1991 : Meilleur réalisateur (Barbet Schroeder); Meilleur scénario adapté (Nicholas Kazan) / Casting Society of America 1991 : Meilleure distribution du film dramatique / Golden Globes 1991 : Meilleur réalisateur (Barbet Schroeder); Meilleur film dramatique; Meilleur scénario (Nicholas Kazan)
  • Récompenses : Los Angeles Film Critics Association 1990 : Meilleur acteur (Jeremy Irons); Meilleur scénario (Nicholas Kazan) / Oscars 1991 : Meilleur acteur (Jeremy Irons) / Boston Society of Film Critics 1991 : Meilleur acteur (Jeremy Irons); Meilleur scénario (Nicholas Kazan) / Chicago Film Critics Association 1991 : Meilleur acteur (Jeremy Irons) / Prix David di Donatello 1991 : Meilleur acteur étranger (Jeremy Irons) / Golden Globes 1991 : Meilleur acteur dans un film dramatique (Jeremy Irons) / Kansas City Film Critics Circle 1991 : Meilleur acteur (Jeremy Irons) / National Society of Film Critics 1991 : Meilleur acteur (Jeremy Irons)
  • Illustrateur/Création graphique : d'après Bill Gold - Kiper / Lascu Design - Donald Smolen © Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © 1991 Reversal Films, Inc. Tous droits réservés.
  • Attachés de presse : Stéphane Ribola, Cynaps (reprise 2020)
  • Distributeur de la reprise : Les Acacias
  • Date de la reprise : 4 mars 2020
  • Tagline de la reprise : Le diable peut-il obtenir justice ? (Reprise 2020, DVD-Blu-ray)
Note des spectateurs :

Thriller judiciaire qui sonde les zones d’ombre de l’âme humaine, Le mystère Von Bülow s’inscrit parfaitement dans l’œuvre de Barbet Schroeder, cinéaste fasciné par l’ambiguïté morale. A (re)découvrir.

Synopsis : Une des plus riches héritières des Etats-Unis, Sunny von Bülow, est retrouvée dans un coma profond provoqué par une surdose d’insuline. Son second mari, Claus, personnalité inquiétante et charismatique, est instantanément accusé d’avoir tenté de l’assassiner et est condamné à 30 ans de prison. Décidé à prouver son innocence, il obtient le concours du célèbre avocat Alan Dershowitz qui, aidé de ses étudiants, va mener une enquête riche en révélations pour le disculper. Le procès ultra médiatisé qui va suivre sera la dernière chance d’éclaircir le mystère von Bülow.

Un scénario qui semblait destiné à Barbet Schroeder

Critique : Au milieu des années 80, le fils de l’avocat Alan Dershowitz part pour Hollywood où il compte vendre les droits d’adaptation du livre de son père intitulé Reversal of Fortune : Inside the Von Bülow Case (1985) qui traite de la très médiatique affaire Von Bülow. Devenant un proche collaborateur du producteur Edward L. Pressman – associé d’Oliver Stone depuis Wall Street en 1987 et producteur régulier de Brian De Palma – le fiston parvient à convaincre le producteur de la pertinence d’une version cinématographique de ce procès en appel.

Dès lors, Pressman commande un scénario à Nicholas Kazan – fils du grand Elia Kazan et scénariste émérite d’œuvres comme Frances (Graeme Clifford, 1982) et Comme un chien enragé (James Foley, 1986). Ce dernier suit à la fois le libre témoignage de Dershowitz, tout en ajoutant des éléments plus fictionnels destinés à mieux comprendre les ambiguïtés de cette affaire judiciaire complexe. Absolument brillant, le script final atterrit dans les mains du cinéaste Barbet Schroeder qui y voit une occasion de traiter un thème qui le passionne, à savoir la relativité de la justice humaine et la puissance du Mal incarné.

Barbet Schroeder ou la fascination du Mal

Ainsi, Barbet Schroeder a déjà consacré un documentaire à Idi Amin Dada (1974) et il reviendra à ces thématiques dans deux autres documentaires marquants qui sont L’avocat de la terreur (2007) sur maître Vergès et Le vénérable W. (2016) sur l’extrémiste bouddhiste birman Ashin Wirathu. Le cinéaste est donc clairement fasciné par ces figures ambiguës qui sont toujours à la lisière de la légalité et qui bafouent souvent les règles de la morale communément admises. Il était donc le réalisateur le plus à même de comprendre les tenants et aboutissants d’une affaire où le coupable idéal était un homme froid, calculateur et doté d’un humour à rebrousse-poil qui ne le rendait pas particulièrement sympathique.

Le défi du long-métrage était donc de raconter à la fois la procédure complexe d’un jugement en appel aux Etats-Unis, tout en faisant comprendre la complexité de l’affaire au spectateur. Pour cela, Barbet Schroeder a opté pour une approche double. Dès qu’il se lance dans la description des actes juridiques, il use d’un style documentaire sans fioritures, avec des plans classiques et un montage fluide mais uniquement destiné à suivre les rebondissements de l’intrigue. Dès qu’il aborde les flashbacks et les évocations des différents témoins, le cinéaste opte cette fois pour un style romanesque plus affirmé, avec le recours à une musique discrète mais efficace de Mark Isham, une photographie bien plus expressionniste du grand Luciano Tovoli qui met en valeur les superbes décors et enfin une caméra plus aérienne et fluide qui se déploie en de gracieux plans séquences.

Des acteurs prodigieux récompensés pour leur prestation

Si la rupture stylistique est évidente, elle ne choque pas pour autant le spectateur tant elle répond à une logique narrative implacable. Le lien se fait également par le biais des acteurs qui sont tous formidables. On citera en premier lieu la remarquable composition de Jeremy Irons en aristocrate distant et pince-sans-rire dont on doute de l’innocence à chaque moment, sans qu’il apparaisse totalement antipathique pour autant. Le comédien a d’ailleurs été justement récompensé par un Oscar du meilleur acteur pour cette belle prestation en 1991. Face à lui, la grande Glenn Close livre une formidable performance en riche héritière dépressive accro aux médicaments. Enfin, on doit également citer le jeu parfaitement maîtrisé de Ron Silver qui était alors un comédien prisé des réalisateurs, mais assez peu connu du grand public. Il incarne avec beaucoup de conviction cet avocat juif totalement impliqué dans son métier au point d’en délaisser sa vie privée.

Le mystère von Bülow, l'affiche de la reprise 2020

1991 Reversal Films, Inc / 2000 Metro-Goldwyn Studios Inc. All Rights Reserved.

Largement aidé par la pertinence des dialogues qui proposent des répliques percutantes magnifiées par le jeu des acteurs, Le mystère Von Bülow compte donc parmi les très bons films de procès qui pullulaient au début des années 90 au cinéma. Il se distingue notamment par l’indécision dans laquelle il laisse le spectateur. Après tout, personne ne saura jamais ce qui s’est réellement passé en ce mois de décembre 1980 dans la chambre à coucher du couple fortuné. Si le cinéaste se fait l’écho de l’avis personnel de l’avocat de la défense à propos de l’innocence de son client, le film ne permet aucunement de trancher.

Une sortie limitée aux Etats-Unis par manque de confiance de la Warner

C’est sans doute cette absence de fin catégorique qui a dérangé les pontes de la Warner qui avait en charge de distribuer le long-métrage aux Etats-Unis. D’après Barbet Schroeder lui-même, la sortie limitée aux States est clairement liée à une absence totale de confiance du distributeur dans les chances du film à atteindre un large public. Effectivement, au plus fort de son exploitation, Le mystère Von Bülow n’a obtenu que 661 écrans sur l’ensemble de l’Amérique du Nord. Cependant, son exploitation américaine s’est déroulée durant plus de 28 semaines, lui permettant de glaner 15 445 131 $ (soit 34 500 000 $ au cours de 2023), ce qui n’est pas si mal. D’ailleurs, le métrage a ensuite été sélectionné aux Oscars 1991 en recevant trois nominations pour le meilleur acteur, meilleur réalisateur et meilleur scénariste. Comme dit précédemment, seul Jeremy Irons a obtenu le précieux sésame.

En France, Le mystère von Bülow a été programmé début janvier 1991 et distribué par la société Ariane Distribution d’Alexandre Mnouchkine. A Paris, le film s’impose en deuxième place du classement face au film de SF L’expérience interdite (Joel Schumacher) avec pourtant deux fois moins de salles que son concurrent. Le film de procès passionne 63 759 avocats. La semaine suivante, il gagne même deux salles supplémentaires et se maintient en deuxième place du classement avec 44 076 spectateurs supplémentaires. Les deux nouveautés de la semaine que sont Memphis Belle (Michael Caton-Jones) et Hot Shots! (Jim Abrahams) ne parviennent pas à lui passer devant dans la capitale.

Le mystère Von Bülow, une carrière essentiellement parisienne

En troisième septaine, le film attire encore 33 918 juristes et atteint quasiment les 150 000 spectateurs. Malheureusement, Le mystère von Bülow doit affronter en quatrième semaine plusieurs nouveautés qui convoitent le même public, à savoir Les arnaqueurs (Stephen Frears) et Fenêtre sur Pacifique (John Schlesinger). Le résultat est de 22 251 Franciliens en plus. Pourtant, à Paris, l’engouement pour le film ne se dément pas et le métrage franchit ainsi la barre des 200 000 spectateurs.

En province, le thriller procédural est nettement moins bien classé avec, dès son amorce de janvier, 105 164 clients pour une 8ème place hebdomadaire. Cela se confirme par la suite puisque le long-métrage assure l’essentiel de ses entrées dans la capitale. En trois semaines, il dépasse tout de même les 250 000 tickets vendus. A la mi-février 1991, le film de Barbet Schroeder dépasse les 300 000 spectateurs, mais il est définitivement hors course début mars en approchant toutefois les 400 000 entrées.

Une reprise en version restaurée en 2020

Depuis cette époque, le long-métrage a été quelque peu oublié, d’autant qu’il est resté longtemps indisponible en vidéo. En 2020, le film a toutefois bénéficié d’une reprise en salles par le distributeur Les Acacias, tandis que l’éditeur L’Atelier d’Image l’a remis à l’honneur dans une édition blu-ray à la copie parfaitement restaurée et aux suppléments très intéressants. L’occasion de redécouvrir une œuvre intéressante au cœur de la filmographie du plus international des réalisateurs français.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 9 janvier 1991

Acheter le film en blu-ray

Voir le film en VOD

Le mystère von Bülow, l'affiche

1991 Reversal Films, Inc / Affiche d’après Bill Gold – Kiper / Lascu Design – Donald Smolen. All Rights Reserved.

Biographies +

Barbet Schroeder, Glenn Close, Jeremy Irons, Julie Hagerty, Ron Silver, Tom Wright, Annabella Sciorra

Mots clés

Film de procès, Les faits divers au cinéma, Biopic, Films sur le couple, Oscars 1991

Trailers & Vidéos

trailers
x
Le mystère von Bülow, l'affiche

Bande-annonce de la reprise du Mystère Von Bülow (VOstf)

Drame, Policier

x