Le jour du dauphin : la critique du film (1974)

Aventures, Science-fiction, Familial | 1h44min
Note de la rédaction :
5,5/10
5,5
Le jour du dauphin, l'affiche originale

  • Réalisateur : Mike Nichols
  • Acteurs : George C. Scott, Fritz Weaver, Paul Sorvino, Trish Van Devere, Buck Henry
  • Date de sortie: 15 Mar 1974
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : The Day of the Dolphin
  • Titres alternatifs : Der Tag des Delphins (Allemagne) / Operation Alpha (Suède) / El día del delfín (Espagne) / Operação Golfinho (Portugal) / Dzień delfina (Pologne) / Il giorno del delfino (Italie) / A delfin napja (Hongrie) / O Dia do Golfinho (Brésil)
  • Année de production : 1973
  • Autres acteurs : Jon Korkes, Edward Herrmann, Leslie Charleson, John David Carson, Victoria Racimo, John Dehner, Severn Darden, William Roerick, Elizabeth Wilson
  • Scénariste : Buck Henry, d'après le roman Un animal doué de raison de Robert Merle
  • Directeur de la photographie : William A. Fraker
  • Compositeur : Georges Delerue
  • Monteur : Sam O'Steen
  • Producteurs : Joseph E. Levine et Robert Relyea
  • Sociétés de production : AVCO Embassy Pictures
  • Distributeurs : S.N. Prodis / AVCO Embassy Pictures (USA)
  • Distributeur (reprise) : Lost Films
  • Date de reprise : 20 juillet 2022
  • Éditeurs vidéo : Embassy Home Entertainment (VHS, 1983) / StudioCanal (DVD et blu-ray, 2022)
  • Dates de sortie vidéo : 1983 (VHS) / 23 février 2022 (combo DVD, blu-ray)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 182 088 entrées / 66 845 entrées (+ 658 entrées lors de la reprise de 2022)
  • Box-office nord-américain : 2,3 M$ (soit 15,5 M$ au cours de 2023)
  • Budget : 8,5 M$ (soit 57,2 M$ au cours de 2023)
  • Classification : Tous publics (France) / PG (USA)
  • Formats : 2.35 : 1 / Couleurs (Technicolor) / Son : 4-Track Stereo
  • Festivals et récompenses : Nomination à l'Oscar de la meilleure musique de film (Georges Delerue) et à l'Oscar du meilleur son (Richard Portman et Larry Jost) en 1974 / Nomination au Golden Globe de la meilleure musique de film en 1974 / Nomination au Saturn Award 1975 du meilleur film de science-fiction
  • Illustrateur / Création graphique LPC / Jean-Claude Labret (affiche 1974) © Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : StudioCanal © Tous droits réservés / All rights reserved
Note des spectateurs :

Entre thriller paranoïaque et film familial, Le jour du dauphin ne sait pas vraiment choisir et opte plutôt pour la seconde proposition. Le résultat, bancal et parfois ennuyeux, n’est pas indispensable, loin de là.

Synopsis : Un savant et son équipe étudient le comportement des dauphins : le scientifique élève un jeune dauphin et réussit à lui enseigner des rudiments d’anglais. La communication entre cet animal doué de raison et l’homme s’engage.

De Polanski à Mike Nichols

Critique : Lorsque Roman Polanski connaît un franc succès avec son Rosemary’s Baby en 1969, il envisage aussitôt après d’adapter pour le grand écran le roman Un animal doué de raison (1967) de Robert Merle où l’auteur, par le biais d’une histoire de pure science-fiction dénonçait les agissements de la CIA dans le cadre de la guerre froide. Un thème que Polanski aurait sans doute traité avec son sens habituel du suspense politique, d’autant que Jack Nicholson a été approché pour en interpréter le rôle principal. Toutefois, le malheur frappe Roman Polanski avec le meurtre sauvage de son épouse Sharon Tate et le réalisateur abandonne tous ses projets en cours.

Le jour du dauphin, l'affiche de la reprise 2022

© 1973 StudioCanal / © 2022 Lost Films. Tous droits réservés.

Dès lors, ce qui deviendra Le jour du dauphin est attribué pendant un temps au cinéaste Franklin J. Schaffner qui venait de triompher avec La planète des singes (1968). Là encore, le projet traine et finalement les droits tombent dans l’escarcelle d’Embassy Pictures et du producteur Joseph E. Levine qui confie la rédaction d’un nouveau script à l’acteur et écrivain Buck Henry. Le producteur en profite également pour engager le réalisateur Mike Nichols qu’il a sous contrat, alors que celui-ci n’a aucune expérience en matière de film d’aventures puisqu’il est surtout célèbre pour des fines études psychologiques (Le lauréat, Ce plaisir qu’on dit charnel).

Le jour du dauphin, un tournage difficile

Dès le départ, le tournage qui se déroule à la fois à Miami et aux Bahamas se passe mal à cause d’une mésentente entre l’acteur principal au fort caractère George C. Scott et le cinéaste Mike Nichols. Bien entendu, le fait de devoir filmer en extérieurs, souvent sur les flots et en compagnie de dauphins dressés a encore ajouté au stress d’un tournage sous haute tension. Le jour du dauphin (1973) a donc été une rude expérience pour Mike Nichols, ainsi que pour toute l’équipe technique.

Mais le pire vient du traitement du sujet par Buck Henry qui en a dénaturé la teneur politique pour en faire une œuvre bicéphale, coincée entre ses aspirations paranoïaques initiales et son ton familial imposé par la production. Il reste bien quelques éléments qui indiquent que le film devait initialement être plus politisé et l’on ressent l’envie de Mike Nichols de faire de l’ensemble une parabole sur le doute qui s’abat sur les Etats-Unis durant la décennie 70.

Une œuvre politique dénaturée en film familial

Par son obsession constante du complot, Le jour du dauphin s’inscrit bien dans le filon des œuvres paranoïaques américaines de ces années-là – on pense aux films de Sydney Pollack ou d’Alan J. Pakula entre autres. Pourtant, ces velléités sont systématiquement noyées sous un flot de séquences plus édulcorées et qui font davantage songer aux productions Disney de l’époque, ce qui est loin d’être un compliment. Tout d’abord, les rapports d’amitié entre George C. Scott, sa femme Trish Van Devere (à la ville comme à l’écran) et les mammifères marins relèvent du pur mélodrame familial comme le seront plus tard des films comme Sauvez Willy (Wincer, 1993). Certes, les séquences finales s’avèrent plutôt réussies et même poignantes pour peu que l’on aime les animaux, mais cela peut étonner de la part d’un réalisateur aussi sérieux que Mike Nichols.

Le jour du dauphin, jaquette DVD-blu-ray

© 1973 StudioCanal. Tous droits réservés.

Surtout, il s’agit assurément d’une trahison du livre d’origine puisque le complot n’est plus ourdi par la CIA, mais bien par une organisation privée aux buts pour le moins nébuleux. Cela enlève ainsi toute saveur à la problématique politique initiale et entraine le long-métrage vers le seul divertissement destiné aux enfants. Il est d’ailleurs remarquable que les plus grands défenseurs du film soient justement ceux qui l’ont découvert étant gamins. A voir aujourd’hui, Le jour du dauphin manque toujours de pertinence et surtout de rythme à cause d’une réalisation monotone d’un Mike Nichols plus à l’aise pour filmer des appartements new-yorkais.

Le jour du dauphin a coulé au box-office

Plutôt ennuyeux malgré un postulat de départ intéressant, Le jour du dauphin est donc une déception, sans jamais être catastrophique non plus. On retiendra finalement davantage sa jolie photographie ensoleillée signée William A. Fraker, ainsi que la séduisante musique du toujours talentueux Georges Delerue. Sorti pour la Noël 1973 aux Etats-Unis, Le jour du dauphin a immédiatement coulé au fin fond du box-office américain, devenant un très gros échec financier avec seulement 2,3 M$ de recettes (soit 15,5 M$ au cours de 2023) pour un budget initial conséquent estimé à 8,5 M$ (soit 57,2 M$ au cours de 2023).

Diffusé à Paris à partir du vendredi 15 mars 1974, le métrage se vautre en entrant seulement à la quinzième place du classement hebdomadaire avec 18 730 nageurs pour sa semaine d’investiture. Le film se maintient toutefois en deuxième semaine avec 20 222 plongeurs supplémentaires. Puis, le métrage va se trainer jusqu’à 66 845 Parisiens en fin de parcours.

Un film longtemps invisible, enfin ressuscité par la grâce de la HD

Sur la France entière, l’œuvre débarque à la 29ème place lors de sa première semaine avec uniquement 21 257 clients, preuve de sa faible diffusion provinciale. Son exploitation progresse les semaines suivantes avec davantage de copies en circulation pour 31 131 dauphins en plus, puis 37 115 (semaine 3). Le film a continué à surnager dans des eaux tièdes pendant quelques temps au point de parvenir à 182 088 entrées sur toute la France. Un score anodin.

Par la suite, le film familial a été diffusé en VHS à partir de 1983, puis a disparu de la circulation durant plusieurs décennies, suscitant la frustration des cinéphiles qui l’ont découvert alors qu’ils étaient enfants. Cela a ainsi permis sa reprise au cinéma en juillet 2022 par le distributeur Lost Films dans une belle copie HD, puis sa sortie en combo DVD / Blu-ray dans la collection Make My Day de Jean-Baptiste Thoret. Ceux qui ne sont pas nostalgiques peuvent toutefois largement passer leur chemin.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 13 mars 1974

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Le jour du dauphin, l'affiche originale

© 1973 StudioCanal / Affiche : LPC / Jean-Claude Labret. Tous droits réservés.

Biographies +

Mike Nichols, George C. Scott, Fritz Weaver, Paul Sorvino, Trish Van Devere, Buck Henry

Mots clés

Films avec des animaux qui parlent, Les animaux au cinéma, Les expériences scientifiques au cinéma, Les Oscars 1974

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