L’arbalète : la critique du film (1984)

Polar urbain | 1h27min
Note de la rédaction :
5/10
5
L'arbalète de Sergio Gobbi, avec Daniel Autueil

Note des spectateurs :

Influencé par les polars urbains américains de la fin des années 70, Sergio Gobbi met en scène, dans L’arbalète, un Paris des gangs, déliquescent et violent, qui offre une peinture physique pittoresque de l’époque. Une curiosité.

Synopsis : Ancien loubard, Vincent, devenu flic, tente de mettre de l’ordre dans les bas fonds de Paris où la guerre règne entre les gangs des “Viets”, des “Blacks” et des “justiciers” néo-nazis. Aidé de “l’Arbalète”, une femme prostituée et droguée, Vincent s’oppose à Falco, flic raciste et partisan de la manière forte.

Critique : Première moitié des années 80. La mode est au polar urbain. A New York, qui est un champ de ruines (New York, deux heures du matin, New York 1997, Les guerriers de la nuit, Maniac, Class 84…). En Italie où l’on exploite les succès du cinéma américain (Les guerriers du Bronx et consort). Et en France, Paris faisant grise mine, l’on découvre juste en 1984 Rue barbare, A mort l’arbitre, Liste noire, La triche, Brigade des mœurs, Ronde de nuit… Le genre est florissant.

Les gangs de Belleville

Daniel Auteuil, valeur montante de la comédie française, depuis le triomphe des Sous-doués, T’empêches tout le monde de dormir, Pour cent briques t’as plus rien… se fait une nouvelle gueule dans le polar sec. On le voit coup sur coup dans L’indic de Serge Leroy, Les fauves de Jean-Louis Daniel et L’arbalète de Sergio Gobbi.

Paris. Ville crasseuse et des bidonvilles, obsédée par l’avènement des gangs ethniques, du racisme anti-beur, des stéréotypes autour des groupes néo-nazis, des camés et des prostitués bon marché… Tout un imaginaire cinématographique favorisé par des faits divers et le succès de La Balance (4 million d’entrées) et ses trois César, dont celui du meilleur film.

L'arbalète et son titre international The Asphalt Warriors

Distributeur : CCFD

Sergio Gobbi, à la carrière de plus de vingt ans, qui s’est essayé un peu à tous les genres, dont le polar érotique avec International Prostitution – Brigade Criminelle avec la Black Emanuelle, Laura Gemser, propose donc, dans les salles, L’arbalète, en novembre 1984. Il s’agit d’un pur produit d’exploitation, avec tout ce qui fait l’ADN des séries B de l’époque : dialogues racistes bêtas, et donc, involontairement drôles, situations incendiaires portées par de l’action au cran d’arrêt, au kung-fu, et au flingue, corruption à tous les étages, poudreuse sur la capitale, homophobie exacerbée, remarque nauséeuse sur le sida, groupuscule arborant la croix gammée dans un Paris en ruines qui semble être celui de Belleville/Ménilmontant… Le réalisateur qui aimait diriger Robert Hossein ou Charles Aznavour dans les 60-70 en est réduit à l’expression des clichés à la mode, mais non sans panache quand il s’agit d’américaniser les plans, de donner du rythme à une intrigue où traînent Marisa Berenson (Barry Lindon, Mort à Venise), alors dans la dérive cinématographique, et des seconds rôles savoureux comme Michel Beaune et Marcel Bozzuffi dont il s’agira malheureusement de l’un de ses derniers films.

Toute une sociologie et une architecture du Paris eighties

Le charme sociologique est évident. L’architecture même des décors est réjouissante. Et c’est toute une histoire de notre cinéma populaire qui se déploie, avec des apparitions surréalistes comme celle d’Isabelle Mergault en prostituée de rue vulgaire, à l’image de beaucoup de rôles qui la caractérisaient à cette époque (Club de rencontres, Vous habitez chez vos parents?). Bref, revoir L’arbalète, des décennies après sa sortie, c’est comme regarder un bon bis italien, c’est l’aveu du plaisir coupable pour le cinéma de quartier, qui était alors mainstream. Car tout interdit aux moins de 13 ans qu’il était en novembre 1984, le film fut copieusement saupoudré dans les salles françaises, ce qui lui permit de rassasier plus de 700 000 spectateurs sur la France. Score honorable pour le réalisateur et le budget alloué.

Mention spéciale pour l’excellente musique d’ambiance de Jacques Revaux qui participe aux plaisirs interdits de cette œuvre oubliée, disponible dans une copie très satisfaisante chez LCJ, en DVD.

Critique : Frédéric Mignard

Les sorties de la semaine du 14 novembre 1984

 

L'arbalète de Sergio Gobbi, avec Daniel Autueil

Copyrights : Landi – Copyrights Film : TF1 International

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L'arbalète de Sergio Gobbi, avec Daniel Autueil

Bande-annonce de L'arbalète

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