La mutante : la critique du film (1995)

Science-Fiction, Horreur, Action | 1h48min
Note de la rédaction :
5/10
5
La mutante, affiche VOD

  • Réalisateur : Roger Donaldson
  • Acteurs : Michael Madsen, Alfred Molina, Marg Helgenberger, Ben Kingsley, Forest Whitaker, Michelle Williams, Natasha Henstridge
  • Date de sortie: 27 Sep 1995
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Species
  • Titres alternatifs : Espèces (Québec) / Mortal (Portugal) / Gatunek (Pologne) / Especies (Mexique) / Specie mortale (Italie) / A Experiência (Brésil)
  • Année de production : 1995
  • Scénariste(s) : Dennis Feldman
  • Directeur de la photographie : Andrzej Bartkowiak
  • Compositeur : Christopher Young
  • Société(s) de production : Metro-Goldwyn-Mayer (MGM)
  • Distributeur (1ère sortie) : UIP
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : MGM / UA Home Vidéo (VHS) / MGM / UA (DVD, 1999, 2004, 2007) / MGM / UA (blu-ray, 2008)
  • Date de sortie vidéo : 5 novembre 2008 (blu-ray)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 627 887 entrées / 162 961 entrées
  • Box-office nord-américain : 60 M$ (108 M$ au cours ajusté de 2021)
  • Budget : 35 M$ (63 M$ au cours ajusté de 2021)
  • Rentabilité : -
  • Classification : Interdit aux moins de 12 ans
  • Formats : 2.39 : 1 / Couleurs / Son : DTS, Dolby SR, Dolby Atmos
  • Festivals et récompenses : Festival de Sitges 1995 : Prix des meilleurs effets spéciaux.
  • Illustrateur / Création graphique : -
  • Crédits : Metro-Goldwyn-Mayer (MGM)
  • Franchise : 1er volet d'une franchise comprenant 4 titres, dont les deux derniers en vidéo uniquement.
Note des spectateurs :

Desservi par un scénario trop banal et quelques effets spéciaux numériques ratés, La mutante est un film de science-fiction horrifique de pure série B. Sympathique, mais sans grande âme.

Synopsis : En 1974, une équipe de scientifiques envoie dans l’espace des informations sur l’espèce humaine, incluant une séquence d’ADN. La réponse arrive vingt ans plus tard, sous la forme d’un échantillon d’ADN extraterrestre. Le docteur Fitch est chargé d’insérer cette séquence dans un ovule humain. La créature féminine, nommée Sil, qui naît de cette manipulation, a atteint l’âge adulte en quelques mois à peine. Elle se révèle parfaitement imprévisible et dotée d’une force surhumaine. Fitch se résout à la détruire, mais Sil prend la fuite, tuant ceux qui l’approchent pour s’approprier leur énergie vitale. Elle n’a désormais qu’un vœu, se reproduire…

Un mélange des genres qui surfe entre science-fiction classique, horreur, action et thriller sexy

Critique : Basé sur un script de Dennis Feldman (Golden Child, l’enfant sacré du Tibet avec Eddie Murphy et plus tard Virus avec Jamie Lee Curtis), La mutante arrive en 1995 au cœur d’une décennie très pauvre en matière de films d’horreur marquants. D’ailleurs, le long-métrage se veut plutôt un croisement entre plusieurs tendances, puisque le postulat de départ est bien celui d’un film de science-fiction, avec la thématique classique d’une espèce extraterrestre qui tente de s’implanter sur notre planète.

La mutante, jaquette du blu-ray

© 1995 Metro-Goldwyn-Mayer (MGM) / Conception graphique : © 2008 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. Tous droits réservés.

Par la suite, le traitement peut effectivement s’apparenter à celui d’un film d’horreur par la présence de meurtres assez graphiques, d’une créature plutôt inquiétante et d’une ambiance qui peut rappeler celle d’une œuvre comme Hidden (Sholder, 1987). Toutefois, la mode de l’époque étant davantage à l’action et au thriller sexy, La mutante cherche aussi à séduire un public plus large en introduisant des scènes de poursuite en voiture, des cascades et même des fusillades. Ce côté rentre-dedans se retrouve également avec les séquences plus sexy, puisque le beau mannequin Natasha Henstridge n’est jamais avare de ses charmes qu’elle expose généreusement durant la totalité de la projection.

Un casting globalement sous-exploité

Effectivement, l’idée principale est de suivre la traque d’un organisme génétiquement modifié qui possède à la fois des propriété humaines, tout en étant une entité extraterrestre cherchant à se reproduire. Le concept d’un organisme qui se développe à toute vitesse n’est pas nouveau, mais l’auteur a introduit ici l’idée que la femelle en question cherche des proies pour lui permettre d’enfanter. Cela justifie d’un point de vue narratif les quelques séquences de sexe assez chaudes qui viennent agrémenter la projection.

Si la mutante en question est interprétée avec beaucoup de charme et de conviction par le mannequin Natasha Henstridge, dont ce fut la première apparition au cinéma, on ne peut pas dire que les scientifiques qui la pourchassent bénéficient du même traitement. Souvent réduits à des clichés (le scientifique apprenti sorcier, le médium capable de voir l’avenir proche, le chasseur de prime badass etc…), les personnages n’ont guère d’épaisseur et donnent ainsi le sentiment permanent d’assister à une petite série B sans grande valeur ajoutée.

Pourtant, les rôles sont tenus par quelques pointures comme Ben Kingsley qui écarquille beaucoup les yeux, mais ne semble pas vraiment présent. Finalement, seul Forest Whitaker paraît vraiment se donner à fond dans un rôle pourtant pas très intéressant de médium – ce qui tient d’ailleurs de la pure facilité d’écriture afin de traquer plus aisément la créature. Michael Madsen et Alfred Molina ont l’air de passablement s’ennuyer et ne sont là que pour payer leurs factures.

Roger Donaldson en mode automatique

De son côté, le réalisateur australien Roger Donaldson emballe le produit de manière consciencieuse, mais sans passion véritable, lui qui n’a alors jamais abordé le genre horrifique. Plus à l’aise dans le film d’aventures (Le Bounty) ou le thriller (Sens unique avec Kevin Costner), il opte pour des solutions étranges (certains ralentis malheureux, ou encore des déformations d’images pour éviter de trop montrer la créature). Mené avec un certain sens de l’efficacité, La mutante manque en réalité d’un script vraiment bien écrit pour passionner et s’élever au-dessus de son statut de simple série B et de pure commande.

Alors que l’on aime toujours le travail de design effectué par H.R. Giger (le papa d’Alien) sur la créature Sil, les différentes apparitions du monstre ne sont pas toujours valorisées par les effets spéciaux. Comme très souvent, les effets pratiques sont efficaces (on adore par exemple le baiser de la mort, qui recycle des éléments d’Alien), mais les dix dernières minutes sont entachées par un abus d’effets numériques, notamment pour faire virevolter la créature. Ces moments ont déjà pris un coup de vieux. Certes, on a vu pire à l’époque, mais l’affrontement final est tout de même gâché par cet abus de technologie numérique encore assez mal maîtrisé.

Un succès honorable qui a engendré une franchise

Au final, sans être catastrophique, La mutante n’est qu’une série B anodine au sein d’une production horrifique des années 90 globalement catastrophique. Peu apprécié des critiques à sa sortie, le long-métrage a pourtant séduit le public américain en générant 24 M$ dès sa première semaine d’exploitation, ce qui remboursait quasiment le film dès le départ. Au total, il a engrangé 60 M$ aux USA, soit 108 M$ en 2021, en ajustant la valeur du dollar.

Les résultats plutôt bons à l’international ont permis de mettre en chantier une franchise comprenant trois suites intitulées logiquement La mutante 2 (Medak, 1998), seul métrage de la saga à sortir au cinéma, puis La mutante 3 (Turner, 2004) et La mutante 4 (Lyon, 2007), les deux derniers étant destinés à la vidéo. On notera d’ailleurs que Natasha Henstridge a rendu son tablier après le troisième volet.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 27 septembre 1995

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La mutante, affiche cinéma

© 1995 Metro-Goldwyn-Mayer (MGM). Tous droits réservés.

Box-office :

Succès surprise en France, en septembre 1995, à une époque où les films d’épouvante ou de science-fiction horrifique étaient peu nombreux en salle, puisque les éditeurs les envoyaient directement fournir les étagères des vidéo-clubs, La Mutante est sorti dans 178 cinémas sur la France et 29 écrans sur P.P.

Pour son premier jour sur la capitale et sa banlieue, le démarrage est dur, avec 2 850 spectateurs, soit la 4e entame des nouveautés du mercredi, derrière Desperado de Rodriguez (9 617 entrées dans 40 salles). La fleur de mon secret d’Almodovar (8 879 entrées sur 34 écrans), et Cyclo de Tran Anh Hung(3 654  entrées).

Rebondissement, à l’issue de la première semaine, le film américain distribué par UIP, décroche la 2e place de la semaine derrière le décevant Le hussard sur le toit. Avec moins d’écrans et d’échos que le film de Roberto Rodriguez, vendu comme une production détonante sous influence de Tarantinesque, La mutante décroche 223 019 entrées sur la France quand Antonio Banderas se contente de 170 237 spectateurs.

Sur Paris intra-muros, les 13 écrans alloués trouvent tous plus de 1 000 spectateurs. Une foule de 7 000 spectateurs est au rendez-vous au Paramount Opéra, quand 3 415 curieux se pressaient pour Desperado. 

En 2e semaine La mutante s’accroche bien (164 136 entrées) et n’a pas dit son dernier mot en 3e semaine (92 826 entrées).

Ce vrai beau succès de série B était une exception lors d’une décennie peu ouverte au genre, hors des blockbusters américains. Planète hurlante en 1996 (220 530), Event Horizon en 1998 (185 142), ou Pitch Black en 2000 (82 776) firent également parler d’eux.

Frédéric Mignard

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La mutante, affiche VOD

Bande-annonce de La mutante (VF)

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