L’affaire Crazy Capo : la critique du film (1973)

Policier, Thriller | 1h30min
Note de la rédaction :
4/10
4
L'affaire Crazy Capo, affiche du film

Note des spectateurs :

Trop classique film sur la mafia, L’affaire Crazy Capo souffre d’un script trop balisé qui enfile les clichés comme les perles. Seule la musique sauve un peu les meubles.

Synopsis : Jean Diserens a une double vie : il est à la fois promoteur immobilier et… dealer de drogue. Il recherche un nouveau moyen de la vendre. Mais son supérieur, Crazy Capo, ne voit pas les choses de la même manière.

Un ersatz du Parrain produit par Sergio Gobbi

Critique : Collaborateur régulier de Sergio Gobbi depuis le début des années 70, Patrick Jamain a notamment été assistant du réalisateur-producteur sur Le temps des loups (1970), Un beau monstre (1971) et Les voraces (1973). Passionné de polar, genre auquel il a dévoué l’intégralité de sa vie et de sa future carrière de cinéaste, Patrick Jamain adapte alors le roman Crazy Capo de Gilbert Tanugi publié en 1972. Sergio Gobbi choisit de produire ce premier effort de Patrick Jamain en solitaire et parvient à embaucher quelques pointures au casting, dont Maurice Ronet, Jean-Pierre Marielle et Jean Servais.

Comme pour la plupart des productions Sergio Gobbi, les moyens sont globalement ceux d’une série B cherchant à surfer sur les grands succès hollywoodiens du moment. Le long-métrage s’inscrit ici dans la mouvance des films de mafia qui déferlent sur les écrans depuis le triomphe du Parrain (Coppola, 1972). Les producteurs transalpins cherchent notamment à récupérer ce sous-genre du film policier dont ils s’estiment être en quelque sorte les dépositaires.

Des personnages archétypaux et des clichés en pagaille

Si Patrick Jamain s’avère être un technicien solide sur ce tout premier film, il ne parvient malheureusement pas à s’affranchir des figures imposées d’un genre très balisé. Son histoire de guerre de succession au sein d’un empire mafieux ne possède guère d’originalité et le cinéaste n’arrive jamais à nous passionner pour une intrigue très linéaire. En recyclant ad nauseam tous les poncifs du genre, Jamain n’apporte strictement rien de neuf au spectateur. Non seulement l’histoire ne présente guère de surprises – sauf une jolie idée développée dans les cinq dernières minutes – mais en plus les personnages ne s’échappent que trop rarement des archétypes en usage.

On a parfois l’impression que le réalisateur a souhaité reproduire de manière scolaire tous les passages attendus par le spectateur. Cela commence par la guerre de succession entre différentes branches de la mafia. On continue avec le cliché de la vieille garde qui ne veut pas tremper dans la drogue, alors que les plus jeunes y voient l’avenir du banditisme. On n’échappe pas non plus au flic qui cherche à faire sortir une prostituée de sa condition. Enfin, on conclut le tout par une évasion spectaculaire d’une prison à l’aide d’un hélicoptère.

Un film désincarné, tout juste sauvé par sa musique

Le problème de L’affaire Crazy Capo n’est pas tant de revisiter à chaque fois ces clichés que de se révéler incapable d’y insuffler la vie. Les acteurs ne sont pourtant pas mauvais – mais pas exceptionnels non plus – et les scènes d’action sont bien réglées, mais un peu molles. Tout ceci sonne passablement faux et empêche le spectateur d’être emporté par ce tourbillon de violence et de cruauté.

Seul véritable élément satisfaisant, Vladimir Cosma livre une partition musicale de premier ordre qui semble largement inspirée par les scores italiens de l’époque. C’est bien simple, on se croirait en plein poliziottesco, ce qui est un indéniable atout, créant une ambiance sonore chatoyante et entraînante. Le reste n’est malheureusement pas du même niveau et l’on reste donc largement frustré.

Un premier film passé inaperçu

Sorti au mois de septembre 1973, L’affaire Crazy Capo a été une cruelle déception au box-office en ne dépassant pas les 136 888 entrées sur tout le territoire national. Un camouflet au vu du casting convoqué pour l’occasion. Patrick Jamain est ensuite devenu un sérieux artisan du polar télévisuel, ne revenant au cinéma que pour un Lune de miel (1985) qui fut une autre déception, à un moindre niveau toutefois.

Critique du film : Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 9 septembre 1973

La fiche du film sur le site Unifrance

L'affaire Crazy Capo, affiche du film

© 1973 Paris-Cannes Productions – Films Télé-Cass – Naxos Film / Affiche : Roger Boumendil – Promo 505. Tous droits réservés.

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