Jamais plus jamais : la critique du film (1983)

Action, Aventure, Blockbuster | 2h16min
Note de la rédaction :
5/10
5
Jamais plus Jamais, James Bond, affiche 1983

  • Réalisateur : Irvin Kershner
  • Acteurs : Sean Connery, Rowan Atkinson, Max von Sydow, Barbara Carrera, Edward Fox, Kim Basinger, Klaus Maria Brandauer, Bernie Casey, Pamela Salem
  • Date de sortie: 30 Nov 1983
  • Année de production : 1983
  • Nationalité : Américain, Etats-Unis, Allemagne
  • Titre original : Never Say Never
  • Titres alternatifs : Nunca Mais Digas Nunca (Portugal), James Bond, Secret Agent Never Say Never Again (Royaume-Uni), Zeg Nooit, Nooit Meer (Pays-Bas), 007 - Nunca Mais Outra Vez (Brésil), Nunca digas nunca jamás (Espagne), Mai dire mai (Italie), James Bond 007 - Sag niemals nie (Allemagne), Nigdy nie mów nigdy (Pologne)
  • Scénaristes / D'après une histoire originale de : Lorenzo Semple Jr. / Ian Fleming, Kevin McClory, Jack Whittingham
  • Directeur de la photographie : Douglas Slocombe
  • Monteur : Ian Crafford
  • Compositeur : Michel Legrand
  • Chanson du générique : Never Say Never interprétée par Lani Hall
  • Producteurs : Jack Schwartzman
  • Sociétés de production : European Banking Company Limited, TaliaFilm II Productions, Woodcote, B.A. Turner, First National Bank of Chicago, MFI Furniture Group, Manufacturers Hanover Limited, Midland Montagu Leasing
  • Distributeur : UGC Distribution (France) / Warner Bros. (USA)
  • Distributeur reprise :
  • Date de sortie reprise :
  • Editeur vidéo : UGC Vidéo (VHS), MGM / United Artists / 20th Century Fox (blu-ray - DVD)
  • Date de sortie vidéo : 10 décembre 1984 (VHS), 1er avril 2013 (blu-ray, DVD)
  • Box-office France / Paris-Périphérie :
  • Box-office nord américain / monde : 55 342 841$ / 160 000 000$
  • Budget : 36 000 000$
  • Rentabilité :
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 2.39 : 1 (35mm) / Couleur / Mono
  • Festivals et récompenses : Golden Globe 1984 (nomination pour Barbara Carrera comme second rôle féminin), Academy of Science Fiction, Fantasy & Horror Films, USA (Meilleur film, Meilleurs effets spéciaux)
  • Illustrateur / Création graphique : © Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © TaliaFilms. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Franchise : Segment non officiel de la franchise James Bond
Note des spectateurs :

Jamais plus jamais marque le retour improbable de Sean Connery dans le rôle de James Bond douze ans après avoir pris une retraite méritée.

Synopsis : Lorsque deux missiles atomiques sont détournés par l’Organisation Criminelle SPECTRE, James Bond se retrouve alors au cœur d’une course-poursuite explosive pour sauver le monde du terrorisme nucléaire !

Critique : Octobre-novembre 1983. Les Français ont la chance de découvrir deux James Bond en moins de deux mois ! Octopussy, production officielle de Eon et MGM sort nerveusement le 5 octobre avec un Roger Moore vieillissant à une époque où le jeune public réclame de la science-fiction (Le retour du Jedi) et de nouvelles stars (Stallone dans Rocky 3). Succès au box-office, avec 2.9M d’entrées, le Bond parvient à une 14e place annuelle. Le projet s’est monté dans la hâte puisque parallèlement un 007 dissident avec Sean Connery se développait. L’ancien Bond réintégrait les habits de l’agent secret plus de douze ans après les avoir abandonnés dans Les diamants sont éternels. Un argument marketing implacable.

Jamais plus jamais en VHS chez UGC Vidéo, en décembre 1984

Promo pour la première sortie en VHS de Jamais plus Jamais. Design : Landi. Copyrights 1983 TaliaFilms, UGC Vidéo. Tous droits réservés.

Orion, Jack Schwartzman (père du comédien Jason, alors âgé de trois ans) et son épouse Talia Shire (oui, la femme de Rocky et la sœur de Coppola) profitent d’un problème de droit dans l’exploitation du roman de Ian Fleming, déjà adapté en 1965 avec Opération tonnerre, pour monter un projet fratricide qui met tout le monde mal à l’aise. Le producteur Kevin McClory, qui avait travaillé en avant-projet sur Opération tonnerre et avait gagné un procès historique contre Fleming, peut enfin sortir sa propre version, puisqu’il devait attendre dix ans après la sortie d’Opération tonnerre pour lancer le chantier d’un remake.

L’enjeu se résume à tirer le premier : Octopussy précédera Jamais plus jamais de quatre mois aux USA. Ce dernier ne pouvait finalement sortir durant la saison estivale et devait se contenter d’une sortie automnale, en octobre 1983, qui lui sera pourtant favorable.

Sean Connery, après avoir refusé longtemps de revenir en 007, accepte le défi de la compétition frontale, malgré un âge (53 ans) qui ne fait plus de lui un jeune premier. Il devra d’ailleurs cacher sa calvitie pour le film. Il faut dire que les succès personnels quinquagénaire se sont raréfiés. Si la classe et la carrure sont toujours là, le script, lui, n’est pas forcément à la hauteur du come-back, malgré la bonne volonté évidente du réalisateur Irvin Kershner qui sortait de l’aventure L’empire contre-attaque et sait filmer avec efficacité l’improbabilité (le saut du cheval à l’eau, chevauché par Connery et Basinger, du haut d’une tour d’une trentaine de mètres de hauteur !). Kershner n’était d’ailleurs pas le premier choix des producteurs qui envisageaient dans les années 70 Hitchcock ou Richard Donner… Kershner, malgré une bonne entente avec Connery qu’il connaissait pour l’avoir dirigé dans les années 60, premier cinéaste américain à se saisir de la caméra pour filmer un 007, posera néanmoins de gros soucis à la production, exigeant des réécritures nombreuses, ne se satisfaisant jamais du script.

Promo de Jamais plus jamais en VHS chez UGC Vidéo, en décembre 1984

Promo pour la première sortie en VHS de Jamais plus Jamais. Design : Landi. Copyrights 1983 TaliaFilms, UGC Vidéo. Tous droits réservés.

Après un générique massacré par une horripilante chanson sur une scène d’action inappropriée (Bonnie Tyler refusera d’interpréter ce morceau !), Jamais plus jamais se fourvoie. La musique de Michel Legrand, avec son saxo jazzy, est hors sujet. Le choix du compositeur, imposé par Connery quand la production envisageait James Horner, agace. Évidemment, John Barry, compositeur historique des Bond, avait refusé d’associer son nom au projet par fidélité à Eon.

Les errances sont nombreuses également dans les diversions narratives et de ton, en raison de réécritures constantes lors du tournage même du film. La valse des scénaristes battait son plein. Introduisant aux côtés des scènes classiques (courses-poursuites sous-marines avec squales ou en voiture high-tech, la Renault 5 Turbo est la star techno du film), un humour iconoclaste plus proche de l’univers de Roger Moore (les gaffes de Rowan Atkinson, futur Mister Bean qui sortait de la série télévisée La vipère noire), Jamais plus jamais n’est pourtant pas désagréable à découvrir et s’avère même plus valeureux qu’Octopussy qui le dépasse largement au box-office, mais il est tellement perfectible.

Affiche pantalon de Jamais plus jamais

Design : Landi

Si les nombreux décors classieux et l’exotisme sont au rendez-vous, on soulignera particulièrement la présence de deux James Bond girls qui marquèrent la saga : Kim Basinger, pour sa beauté juvénile, moins que pour son jeu (on ne la sent pas à l’aise dans l’entreprise et met en avant des conflits avec le cinéaste), et surtout Barbara Carrera, tigresse gracieuse qui envenime le récit de ses charmes diaboliques. Nommée aux Golden Globes en 1984, elle est jubilatoire aux côtés d’un autre méchant de grand standing, Klaus Maria Brandauer, à la folie démesurée.

Quid du gadget, élément essentiel des derniers James Bond. Il est quelque peu oublié dans Jamais plus jamais par rapport aux précédentes péripéties de l’espion qui frôlait le catalogue. Désormais considéré comme trop exploité dans l’univers de Roger Moore, cet argument de vente n’a pas été sollicité par Sean Connery qui, pour son retour, voulait davantage faire parler l’humain. Dans cette longue aventure de 2h16 durant lesquelles un certain Steven Seagal a  chorégraphié les scènes d’arts martiaux, jusqu’à en casser le poignet de Sean Connery, il est vrai que l’action peut lasser alors que le personnage mythique n’envoie au paradis des vilains que deux victimes. Pas de quoi faire frémir les foules.

Souvent oublié dans la filmographie des 007, Jamais plus jamais réapparaît en 2012 en Blu-ray dans une édition pour le coup officielle qui mérite le coup d’œil. Le blockbuster de 1983 qui signait la guerre des Bond fratricide avec Octopussy, n’est désormais plus dans la compétition, mais œuvre comme curiosité au sein d’une saga qui n’avait peut-être pas besoin d’un remake d’Opération tonnerre. A la mort de Kevin McClory en 2006, ses ayants droit se sont débarrassés de la source de conflit. Près de trente ans après la première VHS de Jamais plus jamais, la production concurrente rejoint les rangs, mais Eon et MGM refuseront de l’intégrer dans les intégrales DVD ou Blu-ray. Et, lors d’un ultime procès, ils feront savoir, au sujet d’un accord donnant aux acheteurs du coffret la possibilité d’obtenir une copie numérique du film et de Casino Royale, que leur décision de ne pas intégrer ces deux productions non-officielles aux futurs coffret James Bond sera inattaquable auprès de la justice.

Frédéric Mignard

Les sorties de la semaine du 30 novembre 1983

La saga James Bond sur CinéDweller

Voir le film en VOD

Jamais plus Jamais, James Bond, affiche 1983

Design : Landi

Le blu-ray :

Edition moins riche que les opus officiels de la collection James Bond, mais pertinente.

Compléments : 2.5 / 5

Commentaire audio d’Irvin Kershner et Jay Rubin (spécialiste de James Bond), 3 featurettes.

La genèse : toute l’histoire incroyable de ce projet non officiel est évoquée par ses producteurs et le réalisateur décédé en 2010, Irvin Kershner, qui n’est jamais avare en anecdotes. En fait, ce supplément s’avère plus passionnant que le film lui-même, permettant un éclairage historique d’une époque passionnante.
Le retour de Sean (8mn) : retour sur la participation inespérée de Sean Connery dans ce projet. On tombe dans l’éloge un peu facile.
Les filles de Jamais plus jamais (10mn) : avec la participation de toutes les James Bond girls de l’époque, en particulier Barbara Carrera, toujours aussi éblouissante de beauté. On retient toutefois l’absence de Kim Basinger qui garde un bien mauvais souvenir de cette production où ce n’était pas vraiment le réalisateur qui la dirigeait mais son coiffeur de mari ! No comment.
La bande-annonce

L’image : 3.5 / 5

Par rapport aux autres films de la collection, le traitement de faveur a été moindre. Certes, l’image a été lavée et débarrassée des avaries du temps, mais paraît un peu sombre et bien moins exaltante, notamment dans le déploiement d’une profondeur de champ un peu indigente. On reste toutefois loin devant toutes les copies existantes de ce numéro, notamment grâce à une colorimétrie souvent soignée.

Le son : 3 / 5

Un Bond moins puissant. Le 5.1 DTS HD Master Audio en VO fait le job, mais la piste française n’est livrée qu’en Mono DTS HD. Certes, il s’agit du doublage d’époque et le son n’est pas abîmé, ni étouffé, mais en salle les spectateurs avaient pu le découvrir en salle en Dolby stereo ! Alors pourquoi pas de 2.0 HD ?

Copyrights 2012 : MGM / United Artists – Twentieth Century Fox

Box-office :

1983. Le retour de Sean Connery aux affaires suscite le buzz. Les chiffres de Jamais plus jamais sont scrutés et l’idée d’un affrontement au box-office avec Octopussy suscite une curiosité quant aux chiffres qui fait la Une des magazines spécialisés.

Un beau succès américain hors de la saison des blockbusters

Après un démarrage record sur trois jours aux USA pour un James Bond (9 725 154$), Jamais plus jamais, le plus coûteux des films de la saga jusqu’en 1983 (plus de 50M$), a été un beau succès de box-office aux USA, restant 6 semaines dans le top 5, mais ne rattrapera pas Roger Moore, bien installé dans le costume et surtout bénéficiant de conditions de distribution (la saison des grandes vacances) plus favorables.

Si Octopussy (MGM), à la sortie estivale fracassante, terminait l’année à 67M$, en 6e place, Jamais plus jamais (Warner) s’installait lui en 13e place du classement américain de fin d’année, avec 55 432 841$. Pour le revenant Sean Connery, douze ans après Les diamants sont éternels, le succès était donc au rendez-vous.

Une affiche signée Landi pour l’Europe

En Europe, le marketing est important et le film est lancé un mois et demi après les USA, avec un visuel du Français Landi. Sur notre territoire, UGC – Europe 1 distribuait le blockbuster le 27 novembre 1983, peu après une avant-première prestigieuse à Monaco le 17 novembre.

Si Octopussy avait dû affronter la concurrence du Retour du Jedi, Papy fait de la résistance ou Le marginal, le retour du grand Sean affrontait la suite de La chèvre, Les compères, avec le tandem Depardieu et Pierre Richard, qui agrégeait la bonne humeur de 4 847 229 spectateurs, et une 4e place annuelle. C’est que cette fin d’année 1983 était historique et la sortie de deux 007 en deux mois en était l’illustration certaine.

Aussi, Octopussy avait échoué à incorporer le top 10 de cette année 83 phénoménale (plus de 7 films à plus de 4 millions d’entrées, 6 films entre 3 et 4 millions…), comptant ses fans autour des 2 900 000 aficionados (14e annuel). Le remake d’Irvin Kershner réalisera de son côté un total louable, en 16e position annuelle, soit 2 582 054 entrées.

Jamais plus jamais Vs Les compères Vs Blanche-Neige en France

Pour son premier jour parisien, Jamais plus jamais s’octroie 39 081 spectateurs dans 61 salles. Une sacrée combinaison pour un retour aux sources. Seule la reprise de Blanche-Neige et les sept nains le concurrence parmi les nouveautés directes (et encore c’était évidemment une reprise). Les autres sorties (Surexposée avec Nastassia Kinski ou Androïde avec Klaus Kinski) seront anecdotiques dans un classement hebdomadaire dominé par James Bond.

La première semaine de Jamais plus jamais est radieuse sur Paris (278 389 entrées) contre la 2e semaine des Compères à 176 004. Ce dernier aura évidemment plus d’endurance. On notera que sur Paris, Octopussy, en 9e semaine, attirait encore 5 411 spectateurs dans 5 cinémas, alors que le retour de Sean Connery s’affirmait sur les écrans les plus prestigieux de la capitale (le Rex, le Kinopanorama, l’UGC Normandie). Le Paramount Opéra, lui, le boude, et continue d’exposer Octopussy, une histoire de tractations entre distributeurs (CIC/Paramount pour Octopussy, UGC pour Jamais plus Jamais)  et exploitants (chaque distributeur étant eux-mêmes impliqués dans des circuits d’exploitation).

Copyrights – Tous droits réservés. Extrait de l’hebdomadaire professionnel Le Film Français.

En France, le succès de Jamais plus Jamais sera deux fois moins important que celui des Compères. En deuxième semaine, la comédie française se hisse donc au-dessus de Sean Connery qui lui entrait en seconde place (781 064 entrées pour Les Compères, 757 161 entrées pour Jamais plus jamais). Sean Connery n’arrivera pas à s’approprier la première place française et s’arrêtera à 2 570 800 spectateurs, loin des 4 millions d’entrée de Blanche-Neige et les sept nains qui battait son propre record français, avec 4 600 000 spectateurs pour sa 5e sortie en salle depuis sa première sortie en 1944.

Frédéric Mignard

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Jamais plus Jamais, James Bond, affiche 1983

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