Independence Day Resurgence : la critique du film (2016)

Science-fiction | 2h01min
Note de la rédaction :
4.5/10
4.5
Independence Day Resurgence affiche

  • Réalisateur : Roland Emmerich
  • Acteurs : William Fichtner, Maika Monroe, Jeff Goldblum, Bill Pullman, Charlotte Gainsbourg, Liam Hemsworth, Sela Ward, Vivica A. Fox, Judd Hirsch, Jessie T. Usher, Joey King
  • Date de sortie: 20 Juil 2016
  • Année de production : 2016
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Independence Day Resurgence
  • Titres alternatifs : ID Forever (international), Día de la independencia: Contraataque (Mexique), O Dia da Independência: Nova Ameaça (Portugal), Independence Day: Renasterea (Roumanie), Independence Day: Contraataque (Espagne), Independence Day - Rigenerazione (Italie)
  • Scénaristes : Nicolas Wright, James A. Woods, Dean Devlin, Roland Emmerich, James Vanderbilt
  • D'après l'histoire de : Roland Emmerich, Nicolas Wright, James A. Woods, Dean Devlin
  • Directeur de la photographie : Markus Förderer
  • Monteur : Adam Wolfe
  • Compositeur : Harald Kloser, Thomas Wanker (sous le nom de Thomas Wander)
  • Producteurs : Dean Devlin, Roland Emmerich, K.C. Hodenfield, Harald Kloser, Marco Shepherd Ute Emmerich, Volker Engel, Larry Franco...
  • Sociétés de production : Twentieth Century Fox, TSG Entertainment, Centropolis Entertainment, Electric Entertainment, Moving Picture Company, Street Entertainment, Twisted Media
  • Distributeur : Twentieth Century Fox Distribution
  • Editeur vidéo : Twentieth Century Fox Home Entertainment, Fox Pathé Europa
  • Date de sortie vidéo : 23 novembre 2016
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 1 291 530 entrées / 244 976 entrées
  • Box-office USA / Monde 103 144 286 $ / 389 681 935 $
  • Budget : 165 000 000$
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 2.39:1 / Couleurs (3D) / Dolby Surround 7.1 / Dolby Atmos / DTS (DTS:X), 12-Track Digital Sound (Imax)
  • Festivals et récompenses : 4 nominations aux Razzie Awards dont pire film, pire réalisateur, pire actrice (Sela Ward)
  • Illustrateur / Création graphique : © Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © 2016 Twentieth Century Fox Tous droits réservés / All rights reserved
  • Franchise : Deuxième épisode du dyptique Independence Day
Note des spectateurs :

Le revival du disaster movie roublard des années 90 à son apogée : Independence Day Resurgence est une comédie à effets spéciaux inepte qui trouve dans l’inanité de son script quelques signes miraculeux de divertissement.

Synopsis : Nous avons toujours su qu’ils reviendraient. La terre est menacée par une catastrophe d’une ampleur inimaginable. Pour la protéger, toutes les nations ont collaboré autour d’un programme de défense colossal exploitant la technologie extraterrestre récupérée. Mais rien ne peut nous préparer à la force de frappe sans précédent des aliens. Seule l’ingéniosité et le courage de quelques hommes et femmes peuvent sauver l’humanité de l’extinction.

Independence Day Resurgence affiche du 14 juillet

© 2016 Twentieth Century Fox

Le revival des années 90

Critique :  1996. Le cinéma connaît l’un des plus gros succès de son histoire. Un triomphe sorti de nulle part, dont le cinéaste allemand, issu de la S.F. bon marché, venait à peine d’être révélé outre-Atlantique par un Stargate de bon acabit qui redorait le blason du genre avec grand succès. Toutefois rien de comparable avec le phénomène que deviendra ID4, sorti aux USA un deux juillet, à l’occasion des 120 ans de la célébration du jour de l’indépendance nationale.

La Fox obtient là un succès considérable, avec une œuvre en béton armé qui mélangeait savoureusement les classiques extra-terrestres des années 50 (La Guerre des Mondes) et le goût de la casse des films catastrophes des années 70, deux passions avérées pour Roland Emmerich, qui va laisser parler son rêve de gosse, à la sauce aseptisée des années 90 dont il se fera le chantre lamentable. Ainsi, dans ID4, on détruit l’espèce humaine de façon propre, en préservant le royal canin lors d’une scène d’anthologie qui en dira long sur l’hypocrisie des studios hollywoodiens face à la violence. Par la suite le tout Hollywood s’adonnera à la surenchère de destructions massives avec d’autres catastrophes en série, dont on ne tirera qu’un titre du lot, l’indestructible Titanic de Cameron.

Independence Day Resurgence, photo de Independence Day 2 (2016)

© 2016 Twentieth Century Fox

Un sequel très tardif d’un monument du cinéma

Ce qui fit surtout la force d’Independence Day fut l’échelle de l’utilisation des images de synthèse, novatrices, destructrices. Fini le morphing sur corps d’humanoïdes (Terminator 2) ou la résurrection d’espèces de dinosaures dans Jurassic Park. Emmerich verra grand dans l’emphase désintégrant l’immaculée Maison Blanche, et la verticalité emblématique de Manhattan. Une révolution technologique était en marche ; l’auteur de Moon 44 deviendra illico le grand manitou de la boursouflure, avec GodzillaLe Jour d’Après et surtout 2012, quand son deuxième domaine de prédilection s’avère être le patriotisme bêta (The Patriot) et la vulgarisation historique (The Patriot bis, Anonymous et Stonewall). A tous ces niveaux, Independence Day était une œuvre cohérente dans la filmographie lourdingue du bonhomme.

Independence Day Resurgence, photo de la reine dans Independence Day 2 (2016)

© 2016 Twentieth Century Fox

Curieusement, il faudra attendre 20 ans pour découvrir le sequel de l’un plus gros succès du blockbuster américain, alors que la suite d’ID4 était ardemment désirée par la Fox, plus que toute autre production. Un pari simple qui en 98 ou 2000 aurait rapporté des centaines de millions de dollars. Malheureusement pour tous, Emmerich s’engage sur des projets autres et la tragédie du 11 Septembre remet en question l’aventure, qu’Emmerich a pourtant imaginée, sans conviction.
Le sequel tardif, sorti en 2016 est symbolique (anniversaire du film, 20 ans, sortie coïncidant à une semaine près à l’Indepence Day annuel), mais surtout dans la résurgence des œuvres des années 90 (Terminator Genisiys, Jurassic World, Jumanji, Bad Boys…). Logiquement, il avait tout pour être un triomphe, mais sa sortie américaine a été un échec foudroyant (103 millions de dollars aux States quand le premier en aavit rapporté 306 M$ et des scores très moyens dans le monde).

Independence Day Resurgence, photo impressionnante de Independence Day 2 (2016)

© 2016 Twentieth Century Fox

Independence Day Resurgence : le pire contre attaque

Une critique s’impose pourtant dès les premiers instants, justifiant l’échec de l’entreprise dès la séquence d’ouverture… Emmerich est de retour aux commandes et le constat peut faire mal aux yeux. Il nous livre, ni plus ni moins, qu’une suite fidèle à l’œuvre originelle, gardant pour le pire l’esprit mou d’une décennie fade aux travers décriés aujourd’hui par tous. Honnêtement, qui peut encore considérer Twister ou Armageddon comme des œuvres de référence ? Le meilleur du premier ouvrage, qui garde grâce à nos yeux, consistait en une exposition du fait extra-terrestre dans un quotidien urbain banal, une soucoupe à l’ancienne, mais à la dimension épique, survolant nos mégalopoles à des fins de guerre intersidérale. Ce postulat repris à la sauce ado en 2016 dans La 5e Vague, était l’argument promotionnel de l’époque, d’une grande portée pour une œuvre qui virait au roublard dans sa deuxième partie belliqueuse, habitée par l’insipide Will Smith ou encore l’insupportable président américain (Bill Pullman au jeu exécrable) qui allait devenir aussitôt l’une des figures récurrentes de ce genre de divertissement solennel et primaire.

Un extra-terrestre de Independence Day Resurgence

© 2016 Twentieth Century Fox

L’introduction sélénite de Resurgence fait pâle figure comparée à son prédécesseur, introduisant dès le départ les points faibles orgueilleux qu’on avait haïs dans le film original. Voilà donc la Terre sur la défensive, ayant adopté, en deux décennies, grâce à un effort entre les nations unies du globe, une armada spatiale sans précédent, avec des progrès technologiques et militaires qui confinent souvent au ridicule, voire à l’ethnocentrisme dans le traitement méprisant du continent africain et l’insistance de l’hégémonie américaine. Sur Terre, les personnages de militaires et de président(s), voir de fils et de fille d… président !, mélangés aux scientifiques clairvoyants, pataugent dans la porn science invraisemblable, où l’héroïsme des uns et l’intelligence des autres deviennent des vertus fades, jetées en pâture au public, comme trait psychologique essentiel aux pastiches de personnages qui s’agitent à l’écran. Le cru de beaux gosses voltigeant au-dessus de notre lune, tous âgés d’à peine 23 ans, nous avertit que le film est bien le produit de son époque juvénile où l’on ne filme plus que du gamin. Si jeunes et déjà si haut gradés. Que diable ! On précisera que l’un des héros est issu de Hunger Games, en l’occurrence le transparent Liam Hemsworth, au jeu très faible. Ceci explique cela.

L'évolution des personnages de Independence Day

© 2016 Twentieth Century Fox

Une comédie fun plus qu’un film de S.F. à prendre au sérieux

Le scénario démarre mal, reprenant avec peine le script de La Stratégie Ender, sans la beauté plastique de sa réalisation, ni la noirceur nihiliste de son script ambigu. L’histoire est identique à Ender, mais le traitement bien autre, puisqu’ici, Emmerich, égal à lui-même, détourne tout enjeu dramatique ou même de suspense pour recourir à l’humour. Ce dernier est tribal (l’introduction de personnages africains qui jouent de la machette, un cliché ethnocentrique au cœur d’un continent africain qui n’a pas évolué dans la modernité), autoparodique (le chien à sauver, les enfants qui parcourent seuls, à voiture, un monde ravagé, mais sans cadavre où l’humanité a été éradiquée de façon clinique, sic), fanfaron (les jeunes héros qui s’amusent dans leur guerre des étoiles en plein vol, en se lançant des vannes), geek (la réintroduction du scientifique loufoque et farfelu, qui sort de 20 ans de coma plus hirsute que jamais)… Vraiment, on en n’aime ni les personnages ni les platitudes ethnocentriques qu’ils représentent.

Promo facebook d'Independence Day Resurgence

© 2016 Twentieth Century Fox

Independence Day Resurgence un flop aux proportions épiques

Pourtant, un miracle vient à se produire quand, insidieusement, le plaisir coupable s’insinue peu à peu, pour donner au n’importe quoi, un aspect ludique total. Evoquant certains programmes récents, que d’aucuns qualifieraient de pathétiques, tels que San Andreas (dont on retrouve ahuri certains raccourcis de script ineptes) ou le Godzilla de Gareth Edwards, Resurgence est un tel foutoir, et pâtit d’une écriture tellement ubuesque, qu’on en vient à lui trouver quelques charmes. Le déploiement généreux d’effets spéciaux spectaculaires y est sûrement pour quelque chose. On apprécie en particulier l’exploitation du corps des extra-terrestres, plus présent, ou de leur colonie marécageuse. Certaines séquences plutôt calibrées renvoient à Jurassic Park ou à Starship Troopers, dans la surenchère d’éléments grouillants, de tailles variées, sur un champ de bataille réellement impressionnant. Dans ces moments-là, Emmerich et ses artisans informaticiens ne manquent pas d’idées et se réapproprient la paternité des excès commis par le cinéma américain de la seconde moitié des années 90, par d’autres ou par Emmerich lui-même. Dans le délire absolu, Emmerich a encore le sens du spectacle entier, s’amusant comme un fou sans tomber dans le cynisme radical. Pour cette raison, cette roublardise trouve donc grâce à nos yeux, sans qu’on puisse la conseiller à quiconque pour autant.

Avec 1 291 530 spectateurs français contre 5 656 991 pour le film originel, Independence Day Resurgence a été un accident industriel, un flop aux proportions épiques qui n’a même pas pu dépasser les 400 millions de recettes dans le monde. Le Japon, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont presque fait illusion, mais c’est grâce aux 75M$ de la Chine que la honte totale fut évitée. Des pans entiers de la géographie mondiale (Italie, Espagne, Brésil…), l’ont sérieusement évité. Le flop nord-américain demeurera une belle leçon pour son cynisme.

A part éventuellement sur Disney+ sous forme de série, la perspective d’un numéro 3 est désormais à tout jamais évitée.

Frédéric Mignard

Les sorties de la semaine du 20 juillet 2016

Voir en VOD

Independence Day Resurgence, affiche Paris

© 2016 Twentieth Century Fox

Trailers & Vidéos

trailers
x
Independence Day Resurgence affiche

Bande-annonce de Independence Day Resurgence

Science-fiction

x