Terminator Genisys est une série B à très gros budget, sans vision de cinéma propre, qui laisse au spectateur un petit sentiment de déjà-vu. Son échec critique et public est sans appel en 2015, devenant le moins bien-aimé des 5 films de la franchise alors vieille de 30 ans.
Synopsis : Le leader de la résistance John Connor envoie le sergent Kyle Reese dans le passé pour protéger sa mère, Sarah Connor et préserver l’avenir de l’humanité. Des événements inattendus provoquent une fracture temporelle et Sarah et Kyle se retrouvent dans une nouvelle version du passé. Ils y découvrent un allié inattendu : le Guardian. Ensemble, ils doivent faire face à un nouvel ennemi. La menace a changé de visage.
Critique : Énième tentative de relancer la franchise des Terminator, Genisys arrive donc en 2015, six ans après l’honnête opus de McG, où trônait fièrement Sam Worthington, alors en odeur de sainteté après le triomphe d’Avatar et du Choc des Titans. La critique américaine l’avait peu apprécié et le public avait été partagé.
Terminator Genisys : un accident industriel fâcheux pour Paramount
Pour Terminator Genisys, qui ne dépassera pas les 90 millions de dollars au box-office américain, et qui sera à peine sauvé par des chiffres très solides en Chine (115M$), la débâcle était prévisible. Des affiches assez gauches aux premières bandes-annonces, jusqu’au casting, rien de vraiment saisissant n’est jamais ressorti de la promotion de cet épisode de trop qui ne faisait que confirmer que les sentiments d’ennui à l’égard de la saga. Depuis le numéro 3, les films se sont succédé les uns après les autres avec toujours une décennie de retard… Le soulèvement des machines en 2003 se justifiait par le besoin pour Schwarzy, alors vedette has-been, de quitter le cinéma avec un ultime succès, avant de prendre sa gouvernance de la Californie où il ferait deux mandats ; Renaissance sortait de nulle part, sans vraie parenté historique avec les deux films de Cameron, et est donc allé droit dans le mur… Reste qu’avec Genisys, Paramount semblait vouloir relancer l’intérêt autour des cyborg meurtriers pour bâtir une authentique nouvelle trilogie. La scène cachée durant le générique, à la façon des Marvel movies, le prouvait, et les Terminators (ils sont tellement nombreux dans ce film) would be back, pour reprendre la punchline humoristique de Schwarzy. Il n’en fut jamais rien, cet épisode fut tout simplement effacé de la narration du Terminator 6, Dark Fate, sorti en 2019.
La trahison de James Cameron
Avec des premiers échos alarmistes, notamment aux USA, l’équipe promo a demandé à James Cameron d’enregistrer un petit message pour donner du cachet au projet et c’est logiquement que sur l’affiche on pouvait lire à la sortie du film que le réalisateur de Titanic validait le résultat (sic). Mais la vérité était là, laborieuse.
Malgré la bienveillance du créateur de la série, Genisys le désastreux se contente d’être un reboot de plus dans le paysage hollywoodien, pas inintéressant dans sa trame multi-pistes, mais terriblement mal fagoté visuellement, voire carrément laid.
Avec son budget qu’on imagine à plus de 150-200M$, on ressort las d’images de téléfilm sans envergure. Rien d’épique ne ressort des courses-poursuites en car ou en hélicoptère, tellement invraisemblables qu’on se croirait presque parfois dans un ersatz involontaire de San Andreas, le film catastrophe avec The Rock, sorti la même année, notoire pour son incapacité à jouer la carte de la vraisemblance…
L’ADN d’un téléfilm, du casting au réalisateur
Les producteurs voulaient afficher la grandeur d’un spectacle total, mais celui-ci est redondant par rapport aux numéros passés et sans étoffe. La faute incombe aussi à un casting : Schwarzy qui joue le rôle du cyborg vieillissant mais pas obsolète, est toujours aussi figé et joue de cette crispation dans des scènes d’autodérision convenues ; la jeune Emilia Clarke en 2015 n’a toujours pas la carrure d’une actrice de cinéma et fait trop gamine pour camper la dure à cuir Sarah Connor. Quant à Jai Courtney, il n’est ni plus ni moins le prototype même du gaillard musclé que l’on verrait davantage dans des B movies à la Van Damme que des mastodontes de studio. Rien dans Terminator Genisys ne vient effacer sa participation au calamiteux Die Hard : belle journée pour mourir, où le jeune acteur australien tenait aussi sa part de responsabilité. Dans ce naufrage, nous n’oublierons pas de mentionner le second rôle grotesque de J.K. Simmons, acteur si brillant en prof tyrannique dans Whiplash et qui ici devenait cabotin. Ça pique les yeux.
Avec un script qui aime travailler les passerelles spatio-temporelles, redéfinir intelligemment les étiquettes de “gentil” et de “méchant”, on évite largement le naufrage absolu, puisqu’au moins le scénario, faute d’être original, a le mérite de redonner de la vigueur à l’intrigue et sait garder notre attention. Nonobstant, le spectacle de morphing de son époque fait de la peine, ressemblant parfois à un épisode de série télévisée, dans la texture visuelle. Alan Taylor aura beau avoir mis en scène le deuxième épisode de Thor, sa nature de téléaste (Sopranos, Sex and the City…) refait surface. Le réalisateur du moyen Thor 2 a beaucoup trop œuvré pour le petit écran (Game of thrones, Boardwalk Empire, The playboy Club...), pour avoir une vision de cinéma autonome qui ne repose pas sur les caprices des studios. Il rejoint Jonathan Mostow du Soulèvement des machines, parmi ces tâcherons incapables d’un authentique point de vue, ce qui est problématique au sein d’une franchise lancée par un cinéaste visionnaire qui a marqué à plusieurs reprises l’histoire du cinéma de son empreinte.
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