Hitchcock : la critique du film (2013)

Biopic | 1h38min
Note de la rédaction :
7/10
7
Affiche du biopic Hitchcock, avec Anthony Hopkins

  • Réalisateur : Sacha Gervasi
  • Acteurs : Scarlett Johansson, Anthony Hopkins, Helen Mirren, Danny Huston, Toni Collette, Ralph Macchio, Michael Stuhlbarg, Michael Wincott, Jessica Biel
  • Date de sortie: 06 Fév 2013
  • Année de production : 2012
  • Nationalité : Américain, Britannique
  • Titre original : Hitchcock
  • Titres alternatifs :
  • Autres acteurs : James D'Arcy, Richard Portnow
  • Scénariste : John J. McLaughlin
  • D'après l'oeuvre de : Stephen Rebello ("Alfred Hitchcock and the Making of Psycho°
  • Monteuse : Pamela Martin
  • Directeur de la photographie : Jeff Cronenweth
  • Compositeur : Danny Elfman
  • Maquilleurs : Howard Berger, Martin Samuel, Peter Montagna
  • Cheffe décoratrice : Judy Becker
  • Costumière : Julie Weiss
  • Producteurs : Alan Barnette, Joe Medjuck, Tom Pollock, Ivan Reitman, Tom Thayer, en coproduction avec John Schneider
  • Producteurs exécutifs : Ali Bell, Richard Middleton
  • Sociétés de production : Searchlight Pictures, The Montecito Picture Company
  • Distributeur : 20th Century Fox
  • Distributeur reprise :
  • Date de sortie reprise :
  • Editeur vidéo : Fox Pathé Europa (Twentieth Century Fox Home Vidéo)
  • Date de sortie vidéo : 26 juin 2013 (DVD, blu-ray)
  • Budget : 15 700 000$
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 241 970 entrées / 109 822 entrées
  • Box-office nord-américain / monde : 6 0808 677 $ / 27 039 669$
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 2.35 : 1 / Couleur (35mm) / Dolby, SDDS, Dolby Atmos, Dolby Surround 7.1
  • Festivals : AFI Fest (Etats-Unis, 2012), Dubai International Film Festival (2012), Göteborg International Film Festival (2013), Belgrade Film Festival (2013), Beijing International Film Festival (2013)
  • Nominations : 1 nomination aux Oscars pour le maquillage 2013, 2 nominations aux BAFTA pour le maquillage et la meilleure actrice - Helen Mirren (2013), 1 nomination aux Golden Globes pour la meilleure actrice - Helen Mirren (2013)
  • Récompenses :
  • Illustrateur/Création graphique : © Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © Twentieth Century Fox. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Attachés de presse : Isabelle Duvoisin, Mounia Wissinger, Jérôme Jouneaux
  • Tagline : Quand Hollywood tourne à la psychose...
Note des spectateurs :

Tournage mythique pour biopic drôle, glamour et pertinent… Hitchcock nous amuse avec tout l’esprit du grand maître du suspense parfaitement incarné par Anthony Hopkins.

Synopsis : Alfred Hitchcock, réalisateur reconnu et admiré, surnommé « le maître du suspense », est arrivé au sommet de sa carrière. A la recherche d’un nouveau projet risqué et différent, il s’intéresse à l’histoire d’un tueur en série. Mais tous, producteurs, censure, amis, tentent de le décourager. Habituée aux obsessions de son mari et à son goût immodéré pour les actrices blondes, Alma, sa fidèle collaboratrice et épouse, accepte de le soutenir au risque de tout perdre. Ensemble, ils mettent tout en œuvre pour achever le film le plus célèbre et le plus controversé du réalisateur : Psychose !

Du documentaire rock (Anvil), au biopic cinéma (Hitchcock), Sacha Gervasi aux commandes

Critique : Dans la grande tradition du biopic américain, Hitchcock par le réalisateur d’Anvil, Sacha Gervasi, n’est pas forcément un incontournable du genre de par sa réalisation sans surprise, mais, pour les cinéphiles gourmands d’anecdotes de studio et de restitutions soignées, le film sur le maître du suspense est indéniablement un morceau savoureux. Il offre une introspection épicée dans le couple que formait le grand Alfred avec son épouse, Alma, alors en crise, et parallèlement se fait le récit du tournage chaotique de son succès le plus célèbre, Psychose, depuis parodié et répété par nombre de réalisateurs jusqu’à l’overdose.

Le résultat est plus attrayant pour le public contemporain que la relecture fidèle plan par plan de Gus Van Sant en 1998, offrant de l’humour noir et des cocasseries conjugales lorsque le réalisateur de Will Hunting œuvrait dans la répétition en couleur ! On s’amuse beaucoup à découvrir cette tranche de vie pleine d’esprit, celui d’un humour noir bien britannique, dans la carrière vieillissante du réalisateur de Sueurs froides. Il faut dire que le scénario de John McLaughlin (Black Swan), qui s’intéresse de près au livre de Stephen Rebello, Alfred Hitchcock and the making of psycho, est truculent de par les répliques référentielles et l’humour tranchant d’Hitchcock en proie ici au doute, et en crise dans sa relation avec les femmes en général, et plus particulièrement avec son épouse, jouée par Helen Mirren, lassée de son obsession vaine pour ses héroïnes blondes.

Toni Collette, Anthony Hopkins et Helen Mirren dans Hitchcock

Toni Collette, Anthony Hopkins et Helen Mirren dans Hitchcock © Twentieth Century Fox France

Genèse extravagante de Psychose…

Le film se situe ainsi à la sortie triomphale de La mort aux trousses, l’un des spectacles les plus commerciaux d’Hitchcock. Le réalisateur est en quête d’un sujet original qui lui permettrait d’asseoir un peu plus son statut de maître qui n’a jamais été récompensé d’un Oscar, alors que tout le monde le verrait bien suivre le chemin de la redondance, notamment le studio Paramount avec lequel la star du thriller est encore rattachée pour un opus. Il tombe alors sur le roman de Robert Bloch fraîchement édité, Psycho, basé sur les agissements morbides du célèbre psychopathe national, Ed Gein.

Du suspense pur, le metteur en scène vire au macabre pour la première fois, délivrant ce que beaucoup considèrent comme le premier slasher de l’histoire. Qu’Hitchcock puisse recourir à l’horreur et à la nudité, notamment durant la scène de douche mythique, ne fut pas du goût ni de ses producteurs d’époque ni de la commission de censure, forçant ainsi l’artiste à hypothéquer sa maison et à s’auto-produire. Projet de tous les risques, Psycho marque aussi un tournant dans son couple, où les relations se tendent quelques temps entre les époux complices depuis des décennies. Alma, muse de l’ombre, qui participe activement au montage des films de son époux, se lasse de la fascination de ce dernier pour ses héroïnes/actrices blondes, représentée dans Psycho par Janet Leigh (Scarlett Johansson) et Vera Miles (Jessica Biel).

Le récit cocasse d’un vieux couple joué par Anthony Hopkins et Helen Mirren

Hitchock, biopic plus proche de la comédie que du drame, s’en amuse, avec des recours fictifs aux hallucinations du réalisateur qui communique régulièrement avec le meurtrier Ed Gein, et une structure cadre digne d’un épisode d’Alfred Hitchcock présente. Les protagonistes principaux sont épatants, Anthony Hopkins et Helen Mirren (qui sera celle qui recevra toutes les nominations d’interprétation, des Globes aux BAFTA) se donnant la réplique comme un vieux couple dont on ressent l’amertume et l’attachement. Ils sont piquants et perspicaces dans leur jeu, faisant presque oublier la longue litanie de seconds rôles célèbres : Johansson, Jessica Biel, mais aussi Toni Collette, James d’Arcy en Norman Bates et Danny Huston. Ils ne sont, eux, que des faire-valoir.

Au final, Hitchcock amuse beaucoup et crée un sentiment de proximité avec le réalisateur des Oiseaux. Un succès en soit (certes pas en salle, puisque le film a été boudé aux USA et en France), qui nous donne immédiatement envie de nous replonger dans l’œuvre magistrale du cinéaste.

Box-office d’Hitchcock :

Avec 128 371 entrées dans 280 cinémas, la semaine du 6 février 2013, Hitchcock se devait d’avoir un bon bouche-à-oreille. La Twentieth Century Fox avait positionné le biopic à cette date en raison de l’approche des Oscars, mais la réalité américaine (quasiment aucune nomination aux Oscars, réception critique frileuse, échec commercial) a douché les attentes.

Hitchcock ouvre péniblement en 8e place, loin derrière Happiness Therapy de David O. Russell avec Jennifer Lawrence et Bradley Cooper, en 2e semaine (200 000 entrées, total sur 15 jours de 487 000, total au-dessus du million) et évidemment de Django Unchained de Tarantino qui caracole en tête pour sa 4e semaine, avec un total de 3 159 000 spectateurs. Le dernier film à Oscars du Top 10, Lincoln de Steven Spielberg est 3e et perd 35% de sa fréquentation (285 000, total sur 15 jours de 723 000, total carrière 1 320 000).

Hitchcock ne pèse rien avec une perte de 50% en 2e semaine (64 318 entrées, combinaison identique) et surtout de 57 et 68% pour ses semaines 3 (27 372 entrées dans 124 salles) et 4 (8 437 spectateurs dans 105 cinémas).

Au total, avec 241 979 spectateurs dans l’Hexagone, Hitchcock a été le second pire score d’Anthony Hopkins au box-office français dans les années 2010 sur 12 films. Il s’est par ailleurs perché seulement en 171e position annuelle.

L’échec a été mondial, puisque ses marchés principaux affichent des recettes basses.

  1. Les USA : 6 000 000$
  2. La Colombie : 4 935 000 $
  3. L’Australie : 3 776 000 $
  4. Le Royaume-Uni : 2 392 000$
  5. La France : 1 612 000$
  6. L’Allemagne : 1 390 000$
  7. L’Espagne : 1 274 000$

Bref, autant le dire, à part en Colombie, Hitchcock a été ignoré dans le monde entier.

Frédéric Mignard

Les sorties de la semaine du 6 février 2013

Affiche du biopic Hitchcock, avec Anthony Hopkins

© Twentieth Century Fox France

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