Furie : la critique du film (1979)

Fantastique, horreur | 1h58min
Note de la rédaction :
5.5/10
5.5
Furie, affiche du film de Brian De Palma par Ferracci

  • Réalisateur : Brian De Palma
  • Acteurs : Rutanya Alda, Kirk Douglas, Charles Durning, John Cassavetes, Carrie Snodgress, Amy Irving, Andrew Stevens, Mickey Gilbert, Daryl Hannah
  • Date de sortie: 24 Jan 1979
  • Année de production : 1978
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : The Fury
  • Titres alternatifs : Fyuurii/フューリー (Japon), Orgismenos gigantas (Grèce), A Fúria (Brésil, Portugal), Den hemmelige kraft (Danemark), La furia (Espagne, Amérique latine=,
  • Scénaristes : John Farris
  • D'après l'œuvre de : John Farris
  • Directeur de la photographie : Richard H. Kline
  • Monteur : Paul Hirsch
  • Compositeur : John Williams
  • Producteurs : Frank Yablans
  • Sociétés de production : Twentieth Century Fox
  • Distributeur : Twentieth Century Fox
  • Distributeur reprise :
  • Date de sortie reprise :
  • Editeur vidéo : CBS/Fox Vidéo (1984, VHS), Fox Vidéo (VHS), 20th Century Fox (DVD), Carlotta (2 DVD, Blu-ray)
  • Date de sortie vidéo : 1984 (VHS), 24 avril 2002 (DVD), 23 octobre 2013 (blu-ray, Double DVD)
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 511 504 entrées / 182 663 entrées
  • Box-office nord-américain : 10 800 000$ (25e annuel)
  • Budget : 5 500 000$
  • Classification : Interdit aux moins de 13 ans (1978), désormais Interdit aux moins de 12 ans, R (USA)
  • Formats : 1.85:1 / Couleur (35mm)/ Mono
  • Festivals et récompenses : Meilleurs maquillages aux Saturn Awards 1979
  • Illustrateur / Création graphique : © Ferracci. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © 1978 Twentieth Century Fox Film Corporation. Tous droits réservés / All rights reserved
Note des spectateurs :

Entièrement fondé sur le brio de sa mise en scène, Furie bénéficie d’une ambiance anxiogène qui compense en partie les dérapages formels et narratifs qui font de ce long-métrage une œuvre mineure de De Palma.

Synopsis : Une organisation secrète commandite le meurtre de Peter Sandza pour s’emparer de son fils, Robin, doté de pouvoirs psychiques exceptionnels. Mais Peter échappe à cette mise en scène et se met à la recherche de son fils disparu. Un an plus tard, la jeune Gillian Bellaver se découvre des capacités de médium. Elle rejoint alors un programme de recherche à l’Institut Paragon, où elle développe une connexion mentale avec Robin. Gillian devient dès lors l’objet de toutes les convoitises.

La télékinésie au cinéma

Critique : Alors que les années 60 furent plutôt celles du matérialisme lié à l’essor de la société de consommation, la fin des années 70 voit le retour en force de mouvements spiritualistes, tandis que le grand public se passionne à nouveau pour les mystères de l’esprit. Pour preuve la mode de la télépathie (et autres télékinésies) touche à peu près toutes les strates de la société. Certains charlatans en profitent pour épater leur petit monde (Uri Geller et ses cuillères tordues) et les artistes s’emparent du thème pour donner libre cours à leur fantaisie. Les bouquins de Stephen King se vendent comme des petits pains, les comics mettant en scène les mutants X-Men sont au sommet de leur notoriété et le cinéma se fait forcément l’écho de cette mode. On ne compte plus le nombre de longs-métrages qui se servent de cet argument fantastique, de Patrick (Richard Franklin, 1978) à La grande menace (Jack Gold, 1978) en passant par Shining (Stanley Kubrick, 1980) et Scanners (David Cronenberg, 1981) la liste est longue. Parmi cette production pléthorique, le cinéaste Brian De Palma se distingue puisqu’il a consacré deux films au sujet : tout d’abord son classique Carrie au bal du diable (1976) et ensuite ce Furie (1978) bien moins réputé.

Amy Irving dans The Fury (Furie) de Brian De Palma

Amy Irving dans The Fury (Furie) de Brian De Palma © 1978 Twentieth Century Fox Film Corporation. Tous droits réservés / All rights reserved

Un mélange des genres peu convaincant

Alors que certains éléments peuvent rappeler Carrie (toutes les séquences dans l’école pour filles et la découverte par la jeune Amy Irving de ses pouvoirs mentaux), Furie se distingue très nettement de son prédécesseur par la volonté du cinéaste de traiter son sujet fantastique sur le ton du thriller politique, genre qui le passionne davantage que l’horreur pure. Le postulat fantastique n’est effectivement qu’un prétexte pour mettre en scène une manipulation d’Etat comme les affectionne particulièrement le cinéaste. Entièrement fondé sur le brouillage des perceptions sensorielles, le style du réalisateur prend totalement le contrôle d’un long-métrage qui n’existe que par l’efficacité de sa mise en scène. De Palma semble se soucier comme d’une guigne de la crédibilité de son intrigue (passablement tortueuse et souvent incohérente) et se concentre uniquement sur le pouvoir de la réalisation.

Sur ce plan, Furie apparaît comme une semi-réussite puisque De Palma n’échappe pas toujours au ridicule à force de vouloir démontrer à tout prix son excellence technique. Les transformations physiques de Kirk Douglas en début de film ne sont pas très heureuses et le brio technique de la séquence entièrement tournée au ralenti (l’évasion d’Amy Irving de l’institut Paragon) n’arrive pas à faire oublier le grotesque inhérent à ce type de procédé. Traversé de quelques moments de pure violence visuelle – l’hémoglobine coule à flot et le dernier plan d’anthologie reste dans toutes les mémoires – Furie bénéficie d’une ambiance anxiogène typique d’un certain cinéma paranoïaque des années 70. De quoi oublier les dérapages involontaires d’une œuvre qui restera à jamais comme un film mineur dans la filmographie d’un grand artiste.

Critique de Virgile Dumez

Sorties de la semaine du 24 janvier 1979

Furie, affiche du film de Brian De Palma par Ferracci

Illustrateur : Ferracci © 1978 Twentieth Century Fox Film Corporation. Tous droits réservés / All rights reserved

Box-office de Furie :

Sorti à Paris quelques jours après le couronnement de Patrick de Richard Franklin à Avoriaz, qui venait de décrocher le Grand Prix, Furie n’a pas été sélectionné au célèbre Festival du Film Fantastique où De Palma avait triomphé à deux reprises, d’abord avec Phantom of the Paradise en 1975, puis, en 1977, avec Carrie au bal du diable, tous deux lauréats du Grand Prix.

Après une déception aux USA (10 800 000$ de recettes et une 25e place annuelle derrière Capricorn One, Coma de Michael Crichton, La malédiction 2), le distributeur 20th Century Fox ne souhaite pas une exposition en festival, puisque De Palma n’y gagnerait rien et sûrement pas un troisième Grand Prix qui reviendra donc à un autre film sur la télékinésie. De surcroit, la thématique est partout, en début d’année 1979, Les yeux de Laura Mars du futur réalisateur de L’empire contre-attaque,  Irvin Kershner, savourait un beau succès.

La semaine du 24 janvier, face à une poignée de nouveautés comme L’adolescente de Jeanne Moreau, L’amour en fuite de Truffaut qui fut un échec sans appel, le film d’horreur Le faiseur d’épouvante avec Tony Curtis, et Le temps des vacances de Claude Vital qui allait devenir le succès surprise que l’on sait grâce au succès en province.

En première semaine, Furie, fort du nom de De Palma et d’une affiche de Ferracci, est le plus gros démarrage du moment avec 101 000 entrées et une 7e place qui va vite s’effriter en raison d’un bouche-à-oreille médiocre qui rejoint celui des Américains. En deuxième semaine, l’étrangeté un peu mollassonne du nouveau maître du suspense américain se retrouve 13e avec 67 000 entrées, derrière Le temps des vacances (4e) et L’amour en fuite (7e).

Avec un total national de 511 000 entrées, De Palma n’est plus le millionnaire de Phantom of the Paradise et Carrie, mais il n’est pas non plus le dos au mur comme lors de la sortie douloureuse de Obsession en 1977 (179 000).

Avec Pulsions (1 155 000), et à un moindre niveau Blow Out (613 000) et Scarface (794 000), De Palma saura rebondir. Body Double le mettra en revanche en difficulté (427 000). Mais cela, c’est une autre histoire.

En 1984, CBS-Fox proposera une première édition VHS en France, avant un premier DVD en 2002 chez la Fox, puis, une réédition HD chez Carlotta, en 2013, parallèlement à la sortie britannique chez Arrow Video. Dix ans plus tard, aucune édition 4K n’a été proposée sur le marché mondial.

Box-office par Frédéric Mignard

Le test blu-ray de Fury:

De Patrick (Richard Franklin, 1978) à La grande menace (Jack Gold, 1978) en passant par Shining (Stanley Kubrick, 1980) et Scanners (David Cronenberg, 1981), la mode est à la télépathie et à la télékinésie dans les années 70 et au début des années 80. Brian de Palma y doit son succès Carrie au Bal du diable (1976), d’après le best-seller de Stephen King, et il replonge volontiers dans ce thème avec Furie en 1978, qui se soldera par un semi échec.

L’éditeur Carlotta propose aujourd’hui l’édition HD collector, riche en suppléments passionnants, afin de redécouvrir dans des conditions optimales une œuvre qui partage, mais qui se doit d’être vue pour tout cinéphile et amateur de cinéma de genre qui se respecte… La réalisation de de Palma est spectaculaire, les trouvailles visuelles nombreuses, et la musique de John Williams inquiétante, sans oublier une violence finale assez éprouvante… Il est peut-être, pour Furie, l’heure de trouver la rédemption. A suivre !

Compléments & packaging : 4 / 5

Carlotta a vraiment soigné cette édition en la parant d’une somme importante de bonus de qualité issues de l’édition zone A. Cela commence avec une présentation de 7mn du film par Samuel Blumemfeld, qui évoque Carrie, Hitchcock, l’évolution de Kirk Douglas dans les années 70 et l’histoire familiale de Brian de Palma et son rapport à son frère, qui explique beaucoup les évènements de The Fury.
On apprécie beaucoup l’entretien de 25mn, Du sang sur l’objectif où le directeur de la photo revient sur les paris techniques de ce Brian de Palma. Il évoque la vision d’un cinéaste en utilisant une rhétorique cinématographique très technique, qui est un vrai apport pour les cinéphiles. Evidemment la séquence “catastrophe” de la fête foraine est évoquée, tout comme les effets spéciaux des scènes fantastiques… Tout simplement passionnant !

Photo de Fury (The Fury) de Brian De Palma

© 1978 Twentieth Century Fox Film Corporation. Tous droits réservés / All rights reserved

L’image du blu-ray : 4 / 5

Restauration plutôt réussie ! L’image a été lavée de la plupart des scories qui viennent polluer les films de cette époque. Propre, lumineuse de jour, quelques scènes nocturnes d’un piqué précis… Le confort est global, même si certains plans ici et là peuvent ne pas être à la hauteur des ambitions de l’éditeur, une scène plus granuleuse par-ci, quelques plans moins définis… La copie a le mérite d’offrir un aperçu nettement supérieur à toute copie jamais montrée de cet étrangeté signée Brian de Palma.

Le son du blu-ray : 3.5 / 5

Un curieux son DTS HD Master Audio 4.0 vient faire son apparition sur la galette. Certes, il présente une ampleur autre que la piste mono en DTS HD, mais ce 4.0 souffre aussi d’un certain souffle en fond et par moments rend la spatialisation artificielle, voire improbable. Les coups de feu qui animent la séquence d’ouverture en deviennent criards et désagréables. La piste est bien trop irrégulière pour pouvoir satisfaire sur toute une projection. La piste mono est plus naturelle et finalement bien plus satisfaisante. La VF ne dispose que d’une piste en 1.0, DTS HD. Elle s’avère différente de la VO dans son rendu, légèrement plus puissante, mais diffuse aussi. Le doublage est un cran au-dessous des voix originales, mais de qualité, et ne souffre pas d’un étouffement quelconque.

Test blu-ray de Frédéric Mignard

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Furie, affiche du film de Brian De Palma par Ferracci

Bande-annonce de Furie

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