French Connection 2 est une suite respectueuse de l’original, mais dont l’histoire trop classique n’est pas le point fort.
Synopsis : L’Américain Popeye Doyle enquête à Marseille sur le réseau de drogue contrôlé par le Français Alain Charnier. Les investigations s’avèrent difficiles à mener…
Une suite entièrement tournée en France
Critique : Face au triomphe spectaculaire du premier French Connection réalisé par William Friedkin en 1971 – plus de 40 millions de dollars de recettes – et à la vogue grandissante des films de gangsters, le studio Fox décide quelques années plus tard de mettre en chantier ce French connection 2 (1975) avec comme impératif de tourner l’intégralité du métrage en France avec une équipe locale.
Après avoir un temps envisagé Jacques Deray à la mise en scène, la Fox demande à John Frankenheimer, grand spécialiste du thriller et francophile averti, de reprendre le projet. Le plus grand défi était de trouver une histoire suffisamment captivante pour égaler celle du premier opus et ensuite de respecter l’aspect documentaire qui avait fait le succès du film de Friedkin.
Un réalisateur francophile qui nous épargne les clichés habituels sur les Français
Malgré de louables efforts, le scénario n’est pas forcément un modèle du genre : d’une facture extrêmement classique, ce dernier déroule ses rebondissements de manière assez paresseuse et manque singulièrement de mordant. Sans véritable intérêt, il est heureusement sauvé par la réalisation plutôt nerveuse et professionnelle de Frankenheimer. Prenant son temps pour exposer les motivations des personnages et leur psychologie, le cinéaste s’intéresse visiblement davantage au choc des cultures entre Américains et Français qu’à son intrigue policière.
Fort judicieusement, il parvient à éviter bon nombre des clichés traditionnels sur la France – point de béret et de baguette à l’horizon. Dans son souci documentaire, il peint plutôt le portrait d’une France moderne, secouée par les premières tensions sociales (une manifestation contre le chômage en arrière-plan). S’il échoue à nous passionner pour sa traque dans la cité phocéenne, il signe tout de même quelques scènes mémorables dont la cure de désintoxication de Popeye Doyle qui révèle une fois de plus le talent de Gene Hackman, tout simplement saisissant dans ce rôle majeur pour lui (il lui a permis d’obtenir l’Oscar du meilleur acteur en 1972 pour le premier opus).
Une déception au box-office mondial
Seul autre survivant du premier, Fernando Rey n’est qu’une figure fugitive indigne de son interprète. Par contre, Bernard Fresson impose sans difficulté son personnage de commissaire français bourru, mais finalement loyal. D’une réelle efficacité visuelle, cette suite fut un succès honorable, mais n’engrangea que 12 millions de dollars de recettes là où les studios en attendaient quatre fois plus.
En France, la chute est également très sévère avec un premier épisode qui a su attirer plus de 2 millions de spectateurs dans les salles contre 759 147 pour le second. Toujours considéré à juste titre comme inférieur au précédent, French connection 2 reste un polar musclé réalisé avec talent, mais peut-être un brin trop classique pour emporter totalement l’adhésion. Malgré la contre-performance mondiale au box-office, 20th Century-Fox a longtemps conservé dans ses plannings prévisionnels un French Connection 3 annoncé pour 1979. Finalement, le film n’a jamais vu le jour.
Box-office :
French Connection N°2 ne restera que 8 semaines à l’affiche sur Paris, avec 208 883 entrées. Il achève sa carrière dans 4 salles, l’UGC Marbeuf, le Paramount Opéra, le Brooklyn et Les Tourelles
Critique de Virgile Dumez
Les sorties de la semaine du 6 août 1975
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© 1975 Twentieth Century Fox Corporation / Affiche : René Ferracci © ADAGP Paris, 2020. Tous droits réservés.