Folle à tuer : la critique du film (1975)

Thriller, Drame | 1h37min
Note de la rédaction :
5/10
5
Folle à tuer, l'affiche

  • Réalisateur : Yves Boisset
  • Acteurs : Victor Lanoux, Tomás Milián, Jean Bouise, Marlène Jobert, Michael Lonsdale, Michel Peyrelon, Henri Poirier
  • Date de sortie: 20 Août 1975
  • Nationalité : Français, Italien
  • Scénario : Yves Boisset d'après le roman de Jean-Patrick Manchette
  • Directeur de la photographie : Jean Boffety
  • Distributeur : Fox-Lira
  • Éditeur vidéo VIP International (VHS, 1978) ; Studiocanal (DVD/Blu-ray)
  • Sortie vidéo (blu-ray) : Le 31 juillet 2019
  • Box-office France / Paris-périphérie : 582 222 entrées / 163 565 entrées
  • Classification : Interdit aux moins de 13 ans à sa sortie / Tous public de nos jours.
  • Crédits affiche : © 1975 Studiocanal - P.A.I. (Produzioni Artistiche Internazionali) / Illustrateur : René Ferracci © ADAGP Paris, 2019. Tous droits réservés.
Note des spectateurs :

Plombé par des personnages caricaturaux, Folle à tuer doit être vu comme un léger faux-pas pour le réalisateur Yves Boisset, et ceci malgré d’excellents acteurs.

Synopsis : Sortie d’une clinique psychiatrique, une jeune femme se nommant Julie Ballenger est placée comme gouvernante chez un riche industriel. Mais un tueur à gages les enlève, elle et le petit garçon dont elle a la charge…

Un film récréatif pour Yves Boisset

Critique : Alors qu’il vient de signer plusieurs longs-métrages engagés qui comptent parmi les meilleurs de leur époque, comme Un condé (1970), L’attentat (1972), R.A.S. (1973) et Dupont Lajoie (1974), le réalisateur Yves Boisset s’offre une parenthèse récréative avec cette adaptation d’un roman de Jean-Patrick Manchette. Grand passionné de polars, Boisset cherche ici à retrouver une certaine noirceur présente dans le cinéma américain des années 40, tout en ancrant son intrigue dans la France des années 70.

Folle à tuer, Canicule, jaquette blu-ray

© 1975 Studiocanal – P.A.I. (Produzioni Artistiche Internazionali) / © 2019 Studiocanal – illustration : Vladimir Thoret. Tous droits réservés.

Au cours de cette histoire aux circonvolutions pour le moins invraisemblables, le réalisateur nous trimballe des grands ensembles parisiens modernes (les premières grandes tours qui fascinent alors les réalisateurs férus de films américains) jusqu’à la campagne profonde de l’Oise. Il établit ainsi la géographie d’un pays encore largement hésitant, à la fois tenté par la modernité, mais aussi farouchement ancré dans une ruralité revendiquée. Cet arrière-plan sociologique n’est bien évidemment pas du tout développé dans ce petit film qui cherche surtout à divertir le spectateur à l’aide d’une intrigue assez tortueuse, mais cache une certaine pauvreté thématique.

Beaucoup de caricature et d’invraisemblances

Le seul but des auteurs semble de vouloir suggérer que nous sommes tous des fous en puissance et que les dirigeants des grandes sociétés sont ceux qui parviennent à mieux le dissimuler. Autant dire que cela ne va pas très loin, d’autant que le film pâtit d’une caractérisation grossière des personnages. La plupart sont réduits à l’état de caricature, ce qui nous empêche d’avoir une réelle empathie pour eux. Ainsi, Marlène Jobert ne provoque guère la pitié, malgré l’évident capital de sympathie de l’actrice. Pareil pour le gamin enlevé, véritable tête à claque qui finit par être vaguement touchant dans la dernière ligne droite.

VHS de Folle à Tuer, avec Marlène Jobert

© 1978 VIP International – Maquette Lafon

Face à ces deux victimes, tous les autres personnages sont des êtres veules, froids et calculateurs. Certes, cela est logique dans le cadre d’un polar noir, mais cela finit par être assez grotesque à la longue. Yves Boisset succombe même parfois au ridicule involontaire, notamment par le biais de dialogues trop explicites ou tout bonnement vulgaires. Certaines séquences ratées tombent carrément dans le bis le plus involontaire. On songe notamment aux tentatives de dragues lourdingues d’un Victor Lanoux qu’on croirait échappé d’un film porno de l’époque (le cliché du chauffeur de Madame, toujours prêt à rendre service). On n’oubliera pas non plus de citer les plans douteux sur des personnages qui chutent dans le vide sous la forme de mannequins bien visibles.

Un film commercial bâclé, tout juste sauvé par les acteurs

Réalisé sans grand soin, avec un certain nombre de plans instables, Folle à tuer ne peut même pas compenser ces manquements par une action soutenue ou une violence graphique qui contenteraient le fan de cinéma commercial des années 70. On a également du mal à comprendre l’utilisation maladroite de la musique de Verdi, très pompeuse, pour illustrer une pareille histoire. Finalement, on ne peut réellement sauver de cette entreprise que le jeu des acteurs. Ils font assurément ce qu’ils peuvent pour éviter de sombrer dans la caricature pure et simple. On apprécie notamment le jeu intériorisé de Michael Lonsdale et la sobriété de Tomás Milián qui, pour une fois, n’en fait pas des tonnes en tueur à gages inhumain.

Sorti au cours de l’été 1975, Folle à tuer n’a pas affolé les compteurs du box-office national en se contentant de la moitié des recettes des précédents opus du cinéaste. Un peu moins de 600 000 entrées pour un réalisateur habitué à dépasser systématiquement le million, c’est ce que l’on peut appeler une déception. Il faut dire que le long-métrage devait lutter cette semaine-là contre Le vieux fusil (Enrico, 1975) qui siphonne son public. Toutefois, au vu de la piètre qualité du produit, il peut s’estimer heureux de s’être maintenu assez vigoureusement durant son premier mois d’exploitation.

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Critique du film :  Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 20 août 1975

Folle à tuer, l'affiche

© 1975 Studiocanal – P.A.I. (Produzioni Artistiche Internazionali) / Illustrateur : René Ferracci © ADAGP Paris, 2019. Tous droits réservés.

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