Pour tous ceux qui veulent de la lycéenne déchaînée, une solution, la comédie transalpine des années 70. Toutefois, Elles sont dingues ces nénettes trahira sa filiation, puisqu’ici point de Lycéenne qui fait de l’oeil au proviseur, mais un divertissement sociologique sur un professeur de province lâché dans la jungle de la jeunesse gauchiste du Rome du début des années 70. Gauche dans le ton, gauche dans la forme, un titre plat signé Steno.
Synopsis : Andrea, enfin nommé professeur à Rome attend tout de son nouveau poste. Hélas, ses élèves préfèrent contester et parler politique plutôt que de l’écouter. Amoureux de la jolie Délia, professeur de sciences, Andrea n’en a pas moins quelques faiblesses pour l’une de ses élèves…
Critique : Elles sont dingues ces nénettes est un film de 1972, signé par l’inépuisable Steno. Le faiseur italien était surtout célèbre dans l’Hexagone pour sa collaboration avec Bud Spencer et avait même dirigé Louis de Funès avec la gloire locale italienne, Totò dans Fripouillard et Cie (1959).
Elles sont dingues ces nénettes, une sortie tardive pour profiter du succès des films de lycéennes avec Gloria Guida
Elles sont dingues ces nénettes a dû attendre 1977 pour trouver sa place sur notre territoire dans quelques cinémas de quartier. Cette sortie tardive est évidemment due au triomphe de la sexy-comédie avec Gloria Guida, A nous… les lycéennes de Michele-Massimo Tarantini. Interdite aux moins de 13 ans, la gourmandise paraît en avril, et restera plus de huit mois à l’affiche, avec plus de 700 000 entrées. Cette dernière était elle-même précipitée dans nos cinémas grâce au triomphe d’A nous les petites anglaises de Michel Lang en 1976.
Elles sont dingues ces nénettes n’aura pas la chance d’une large exposition en raison de sa qualité pour le moins sommaire. Un bide pas très sexy à moins de 8.000 entrées sur Paris, après trois semaines d’exploitation. De quoi alimenter l’anonymat française du film à travers les décennies. Mais que l’on se rassure, L’uccello migratore a bien été exploité en province. C’était le l’objectif pour le distributeur qui ne comptait pas beaucoup sur la droiture légendaire des Parisiens.
Une production Alain Delon
En première semaine parisienne, le distributeur Elysée Film (Frissons d’horreur, Une chinoise aux nerfs d’acier, Le couteau sous la gorge) lui assure de paraître dans quatre cinémas, la Maxéville, La Scala et le Paramount Galaxie. On n’oubliera pas de mentionner l’Aviatic au Bourget. Au total, ce sont 3 560 spectateurs qui découvrent ce programme coproduit par Alain Delon via sa société Adel Productions, structure essentiellement spécialisée dans la production de films avec la star du cinéma européen.
En deuxième semaine, Elles sont dingues ces nénettes conserve son assise à la Maxéville où il a plutôt bien fonctionné en première semaine, et se contente d’une seconde salle en intra-muros, le Cambronne où il passe inaperçu. Si l’on compte un cinéma à Epinay, les nénettes sont de 2 685 pour cette deuxième semaine.
La comédie italienne achève sa course parisienne à la Maxéville en 3e semaine, avec 1 097 spectateurs dans le cinéma mythique des Grands Boulevards. Son total de 7 342 messieurs à imperméables est dérisoire.
Un produit post-hippie d’une Italie qui virait dans le rouge
A une époque où a loi X célébrait sa première année avec des conséquences pour le marché jadis exalté, la comédie vendue comme légère, avec ces jeunes femmes-lycéennes, modernes, nymphomanes et déchaînées, sera surtout un énième film corporatiste sans grand intérêt comique ou érotique. D’ailleurs, typique de son époque borderline, la lycéenne est représentée sur son affiche à travers le panneau d’une jeune fille à jupe courte évoquant davantage le primaire que le lycée (sic). Un plus franco-français qui ne figurait en rien sur l’affiche érotomane italienne où le titre était sobre (L’uccello migratore signifie L’oiseau migrateur, par rapport au pitch du prof de sud de l’Italie, muté à Rome).
La comédie romaine est marquée par la présence peu charismatique du comique italien Lando Buzzanca, décédé en 2022, habitué des comédies farfelues des années 70 aux titres improbables (La femme est un violon, Quand les femmes avaient une queue, Curé de père en fils). Elle précipite un prof mal-intégré dans son nouvel établissement, dans une machination orchestrée par ses étudiants. Ces derniers vont le compromettre en l’accusant de viol avant d’en faire l’un des fers de lance de la lutte gauchiste contre l’ordre établi.
C’est convenu, alourdi par la réalisation penaude de Steno. Les situations sont rarement drôles (à l’exception de la découverte par le protagoniste de la chambre d’une nymphomane). Jeunes et moins jeunes sont aussi horripilants dans cette tartufferie d’un autre âge qui n’a pas le charme grotesque des nanars de son temps que l’on réservera aux seulement aficionados.