El pico 2 : la critique du film et le test blu-ray (1984)

Drame | 2h01min
Note de la rédaction :
6/10
6
El Pico 2 en dvd

  • Réalisateur : Eloy de la Iglesia
  • Acteurs : José Luis Manzano, José Luis Fernández Eguia dit ‘El Pirri’, Fernando Guillén, Andrea Albani (Lali Espinet)
  • Date de sortie: 09 Nov 1984
  • Nationalité : Espagnol
  • Titre original : El Pico 2
  • Titres alternatifs : L'enfer de la drogue 2 (titre l'Etrange Festival, 2003)
  • Année de production : 1984
  • Autres acteurs : Jaume Valls, Valentín Paredes, Gracita Morales, Fermín Cabal, Agustín González, Rafaela Aparicio
  • Scénaristes : Gonzalo Goicoechea, Fermín Cabal, Eloy de la Iglesia
  • Monteur : Julio Peña
  • Directeur de la photographie : Javier Aguirresarobe
  • Compositeur : Joaquín Carmona
  • Chef maquilleur : Toñy Nieto
  • Chef décorateur : Josep Rosell
  • Directeur artistique : -
  • Producteurs : J.A. Pérez Giner
  • Producteurs exécutifs : -
  • Sociétés de production : Ópalo Films
  • Distributeur : Film inédit en salles en France. La date ci-dessus est celle de la sortie espagnole.
  • Distributeur reprise : -
  • Date de sortie reprise : -
  • Editeur vidéo : Artus Films (coffret Quinqui, 2023)
  • Date de sortie vidéo : 5 septembre 2023
  • Budget : -
  • Box-office France / Paris-Périphérie : -
  • Box-office nord-américain / monde : -
  • Classification : -
  • Formats : 1.66 : 1 / Couleur / Son : Mono
  • Festivals : Festival international du film de Valladolid 1984 : en sélection officielle / L'Etrange Festival 2003 : projection spéciale
  • Nominations : Photogramas de Plata 1985 : 1 nomination pour le meilleur acteur pour Agustín González
  • Récompenses : -
  • Illustrateur/Création graphique : © Benjamin Mazure (jaquette Artus). Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © Ópalo Films. All Rights Reserved. Tous droits réservés.
  • Franchise : 2ème volet du diptyque El Pico
Note des spectateurs :

Moins incisif et corrosif que le premier volet, El Pico 2 est un film quinqui de fin de cycle qui atteste de l’usure d’un genre trop exploité. On apprécie encore son constat d’une société espagnole gangrenée par la corruption, mais le feu sacré semble épuisé.

Synopsis : Paco, fils d’un commandant de la Garde civile, est impliqué dans le meurtre d’un couple de trafiquants d’héroïne à Bilbao. Lorsque la presse commence à s’intéresser à l’affaire, les efforts de son père pour l’éloigner de la drogue et cacher les preuves du crime se révèlent inutiles.

La suite directe d’un énorme succès du cinéma espagnol

Critique : Plébiscité par le public espagnol, El Pico est en 1983 le plus gros succès d’Eloy de la Iglesia et également du cinéma quinqui qui s’intéresse depuis la fin des années 70 aux marginaux et autres délinquants des banlieues ibériques. Face à un tel raz-de-marée – non relayé par les critiques qui n’y voient qu’un film sensationnaliste – le producteur J.A. Pérez Giner demande immédiatement à Eloy de la Iglesia de mettre en chantier une suite qui surferait sur le phénomène. Ainsi, le réalisateur est prié de raconter la destinée de Paco – toujours interprété par son acteur-fétiche José Luis Manzano – qui va cette fois-ci se retrouver en prison. Pour cela, le cinéaste obtient de tourner au cœur de la prison de Carabanchel, célèbre maison de détention franquiste située à Madrid. Ainsi, El Pico 2 (1984) est le tout premier film à poser ses caméras au sein de cet établissement à la réputation sulfureuse.

Visiblement écrit très rapidement afin de ne pas laisser le temps au phénomène El Pico de retomber, El Pico 2 entend s’attaquer cette fois-ci à la corruption généralisée dans l’Espagne de la Transition démocratique. Ainsi, la première heure envoie Paco en prison pour le meurtre de son ancien fournisseur de drogue. Cette partie était l’occasion pour Eloy de la Iglesia de dénoncer les conditions de détention au sein des prisons espagnoles et de livrer un classique film de geôle, avec ses traditionnels viols homosexuels et ses trafics de drogue organisés.

El Pico 2 est moins délibérément provocant

Alors que l’univers carcéral avait tout pour inspirer Eloy de la Iglesia, le cinéphile habitué à ses excès le trouvera ici bien assagi. Sans doute limité par le succès public du précédent volet, de la Iglesia semble avoir mis de l’eau dans son vin avec El Pico 2 (1984) qui met la pédale douce sur les provocations.

Le cinéma quinqui, bannière

© Artus Films / Design : Benjamin Mazure. Tous droits réservés.

Certes, son univers carcéral est implacable comme il se doit, mais on ne trouve guère dans cette partie de scène choc qui resterait en mémoire. On peut en tout cas signaler la présence magnétique de José Luis Fernández ‘Pirri’ dans le rôle de l’ami de Paco. Sa prestation compense la faiblesse du jeu de José Luis Manzano qui semble davantage diminué par son usage intensif des drogues sur le plateau. Son regard est souvent absent, voire franchement éteint lors de moments pourtant importants. Lui qui fut une révélation lors des films précédents du cinéaste se révèle donc moins à l’aise ici.

El Pico 2 dézingue les institutions espagnoles corrompues

Face à lui, on est en droit d’apprécier le jeu complexe de Fernando Guillén dans le rôle du père issu de la Guardia Civil. Il remplace ici José Manuel Cervino qui ne semble pas avoir été disponible pour reprendre un rôle pourtant central. Comme dans El Pico, la relation entre le père et le fils est également au cœur de cette suite. Malheureusement, les développements psychologiques ne sont pas nécessairement crédibles et l’on ne comprend pas toujours les allers et venues du gamin face à un père qui fait tout pour protéger sa progéniture.

En fait, si El Pico 2 est moins provocant sur le plan sexuel, il ne prend pas de gants avec des institutions qui sont uniformément décrites comme corrompues. Non seulement la Guardia Civil en prend pour son grade, mais la justice espagnole apparaît également comme totalement corrompue, tandis que la presse est fustigée comme une machine à créer des scandales. Dans El Pico 2 (1984), Eloy de la Iglesia déverse donc sa bile sur l’ensemble de la société ibérique issue de la dictature.

Une suite qui n’a pas connu le même succès que son prédécesseur

Malheureusement, il livre ses impressions dans une œuvre moins bien construite, souvent trop longue et qui hésite entre plusieurs chemins à emprunter. El Pico 2 pâtit aussi du manque d’implication du jeune acteur José Luis Manzano. En fait, il semble que la drogue qui circulait massivement sur le plateau du film a finit par avoir raison de l’équipe. On notera d’ailleurs que la jeune actrice Andrea Albani (ici créditée Lali Espinet) est également tombée dans l’addiction au cours de ces tournages. Elle mourut à 33 ans en 1994 des suites du sida contracté par l’usage intensif de drogue.

Plombé par une réalisation moins inspirée, une musique toujours aussi faible et des interprètes moins impliqués, El Pico 2 parvient toutefois à tirer son épingle du jeu grâce à un final tragique particulièrement bien trouvé et une structure circulaire intéressante. Dans tous les cas, ce nouveau volet est nettement inférieur au précédent, ce qui s’est retrouvé en termes d’entrées puisque le public espagnol en a fait le cinquième plus gros succès de l’année 1984, loin derrière la première place de l’épisode précédent.

En France, El Pico 2 n’a pas eu droit à une sortie en VHS contrairement au premier. Il a fallu attendre sa projection lors de l’Etrange Festival en 2003 pour le découvrir sur grand écran. Depuis, l’éditeur Artus l’a inclus dans son superbe coffret consacré au cinéma quinqui d’Eloy de la Iglesia.

Critique de Virgile Dumez

Acheter le coffret Cinéma Quinqui sur le site de l’éditeur

El Pico 2, affiche

© 1984 Ópalo Films. Tous droits réservés.

Biographies +

Eloy de la Iglesia, José Luis Manzano, José Luis Fernández Eguia dit ‘El Pirri’, Fernando Guillén, Andrea Albani (Lali Espinet)

Mots clés

Cinéma quinqui, Les délinquants au cinéma, La drogue au cinéma, Films de prison

 

Le test blu-ray :

Artus Films édite un magnifique coffret consacré au cinéma quinqui d’Eloy de la Iglesia, comprenant trois films : Colegas, El Pico et El Pico 2. L’ensemble est absolument indispensable pour tous les cinéphiles qui se respectent. Test effectué à partir du coffret finalisé.

Compléments & packaging : 5 / 5

Le coffret est tout d’abord un superbe objet, comprenant un digipack qui s’ouvre en trois volets et contenant six disques (trois films en DVD et en blu-ray). Chaque volet est illustré par une affiche originale du film en question. Enfin, le coffret comprend également un livre de 96 pages signé David Didelot, à qui l’on doit déjà un superbe livre sur Bruno Mattei. Il y décrit par le menu les constantes du quinqui, traque les origines du genre, en analyse les causes sociales et décrypte ensuite ceux tournés par Eloy de la Iglesia. Le tout avec un luxe de détails enrichissants et de nombreuses photographies des films et d’affiches. De quoi défricher largement une cinématographie méconnue chez nous.

Ensuite, chaque galette comprend un bonus spécifique, assez long. Sur celle d’El Pico 2, on retrouve un entretien croisé avec Maxime Breysse et Laureano Montero (38min) consacré au cinéma quinqui dans son ensemble. Ce nouveau supplément a tendance à faire doublon avec le livre et surtout le documentaire présent sur El Pico. Toutefois, les cinéphiles termineront le coffret en étant incollables sur ce genre populaire du cinéma espagnol des années 70-80. Enfin, une bande-annonce est disponible.

L’image du blu-ray d’El Pico 2 : 4 / 5

La copie proposée est de bonne tenue et propose un visionnage correct en HD. Pourtant, il s’agit de la copie la moins satisfaisante du coffret à cause de couleurs moins pimpantes – cela vient peut-être de la photographie d’origine, plus frustre et moins cinématographique. De même, la définition est satisfaisante, mais on note quelques instabilités de l’image de temps à autre. Bien entendu, on chipote, car l’ensemble est tout à fait probant.

Le son du blu-ray d’El Pico 2 : 4 / 5

Rien à redire quant à la qualité de la retranscription du mono d’époque. Bien entendu, le film n’étant pas sorti en France, le long-métrage est proposé dans sa version espagnole sous-titrée en français. L’occasion de profiter de l’argot parlé par les jeunes de banlieue des années 80. La bande sonore a été dépouillée de tout bruit parasite.

Test du blu-ray : Virgile Dumez

Le cinéma quinqui, jaquette du coffret

© Artus Films / Design : Benjamin Mazure. Tous droits réservés.

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El Pico 2 en dvd

Bande annonce d'El Pico 2 (VO)

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