Avec les films de Sergio Leone, Django peut être considéré comme l’un des meilleurs westerns transalpins. Fascinant.
Synopsis : Un homme mystérieux arrive dans une petite ville, tirant un cercueil boueux derrière lui. Nommé Django, cet étranger sauve la vie d’une jeune femme et se retrouve ainsi projeté en plein cœur d’une guerre entre des révolutionnaires mexicains et une bande de racistes sadiques menés par un fanatique, le major Jackson. Malgré le chaos ambiant, Django met son plan en action : se venger, en opposant ennemi contre ennemi…
Un tournage chaotique pour une œuvre exceptionnelle
Critique : Depuis le succès des films de Sergio Leone, les producteurs italiens exploitent le filon très lucratif de ce que l’on a appelé avec condescendance le western-spaghetti. Dotés d’un budget ridicule, les frères Corbucci profitent de cette nouvelle mode pour tourner en 1966 un petit film dans la lignée de ceux de Leone. Sans aucun scénario, mais aidés par une coproduction avec l’Espagne et la France, ils se lancent dans un tournage rapide et chaotique. Malgré ces nombreux problèmes, les bonnes fées se sont visiblement penchées sur le berceau de cette œuvre.
Effectivement, sans le savoir, Sergio Corbucci ouvre alors une nouvelle voie à l’intérieur de ce sous-genre : loin des délires opératiques d’un Sergio Leone, Corbucci innove en donnant à son western une tonalité macabre, à la lisière du fantastique. Le personnage principal, clairement inspiré de l’homme sans nom créé par Clint Eastwood, est encore plus cynique et même désabusé, tenté qu’il est par la mort. Il traîne derrière lui un cercueil, donnant immédiatement au film une atmosphère étrange. La ville fantôme boueuse est également plus proche de l’univers fantastique que de celui du western traditionnel. Enfin, la présence d’un sadisme prononcé renforce encore le trouble du spectateur lors de séquences particulièrement sanglantes (les coups de fouet administrés à l’héroïne, la scène gore de l’oreille coupée et le final dans le cimetière). Le tout est sublimé par l’excellente musique de Luis Bacalov et la superbe photographie d’Enzo Barboni.
Un must du western italien crépusculaire
L’interprétation de Franco Nero est impeccable, ainsi que celle du casting espagnol. On peut également apprécier le sous-texte politique puisque le “héros” sans foi ni loi doit faire face à deux factions opposées, l’une d’extrême droite (avec des cagoules rouges) et l’autre révolutionnaire (des Mexicains aux méthodes peu orthodoxes). Le cinéaste se place finalement dans une optique individualiste typique du genre.
L’énorme succès de ce film, tout à fait mérité, a ouvert la voie à de nombreuses imitations, pas toujours aussi inspirées. Sergio Corbucci continua à tourner quelques westerns étranges comme Le grand silence (1969), avant de se fourvoyer dans de pitoyables comédies avec Terence Hill et Bud Spencer. Franco Nero, quant à lui, resta marqué à vie par ce rôle emblématique et tourna encore de nombreux films du même genre. Django (1966) reste à ce jour un film culte, considéré à juste titre comme un must du western spaghetti.
Dans les années 2010, à l’occasion de l’hommage de Quentin Tarantino, Django Unchained (2013), le distributeur Carlotta ressort le classique transalpin en salle dans une version restaurée. Wild Side, de son côté, exploite à nouveau le DVD avec un nouveau livret et une jaquette toute fraîche.
En 2021, l’éditeur Carlotta propose à nouveau le film en salle, ainsi qu’en Blu-ray, notamment dans une édition prestige limitée.
Critique de Virgile Dumez