Demain ne meurt jamais est un épisode sympathique, mais très inégal, symptomatique du déclin artistique de la saga dans les années 90. On oublie…
Synopsis : James Bond est en mission en Afghanistan, où marchands et trafiquants d’armes ont un rendez-vous d’affaires. Aux commandes d’un avion de chasse, il se lance à la poursuite du redoutable terroriste Henry Gupta, qui vient de faire ses emplettes, en l’occurrence une horloge atomique et une torpille nucléaire SB 5. Mais l’avion de l’agent 007 est abattu par une frégate de la Royal Navy. L’affaire se complique lorsque le navire en question coule à pic dans les eaux territoriales chinoises.
James Bond à l’ère des blockbusters
Critique : Après le coup de jeune donné à la saga par le pourtant très inégal GoldenEye, véritable triomphe commercial ayant mis sur orbite Pierce Brosnan dans la peau de l’espion de Sa Majesté, le 18ème volet de la série James Bond voit son budget s’envoler littéralement pour se situer à des hauteurs inédites (on parle de 110 millions de dollars, un record pour la série à l’époque). Pourtant, de manière assez étonnante, cette inflation ne se voit pas vraiment à l’écran, sans doute à cause de la réalisation assez terne de Roger Spottiswoode, artisan diversement inspiré en fonction des époques (Under Fire est un bon souvenir, largement tempéré par celui d’Air America ou de Arrête, ou ma mère va tirer !). Et de fait, Demain ne meurt jamais entame le déclin progressif de la saga durant les années 90, tout en se laissant encore regarder sans trop de déplaisir.
Tomorrow Never Dies © 1997 Danjaq. LLC and United Artists Corporation. All Rights Reserved – 007 Gun Control Logo © 1962 United Artists Corporation and Danjaq LLC / © 2020 Metro-Goldwyn-Mayer Studios. Tous droits réservés.
Ayant moins recours à l’humour que le précédent, cet épisode déploie tous les éléments qui plaisent aux fans (les gadgets, l’action tous azimuts et une intrigue à base de complot mondial) sans pourtant jamais vraiment retrouver le charme des œuvres de Ian Fleming, décidément bien oublié ici.
Un script mal écrit, boosté par une action non stop
Si l’on apprécie la critique des médias et de la globalisation qui transparaît à travers la figure maléfique incarnée avec une certaine saveur par Jonathan Pryce (sorte de Steve Jobs), on reste davantage dubitatif devant un scénario qui ne semble pas toujours où il va. Le récit paraît même construit à l’envers puisque les auteurs expliquent l’ensemble du complot au bout de vingt minutes de film, véritable cas d’école de ce qu’il ne faut pas faire sur le plan narratif.
La suite n’est qu’un enchaînement de séquences d’action plus (l’excellente course-poursuite entre une moto et un hélicoptère en plein marché chinois) ou moins (la destruction du navire furtif à la toute fin) inspirées. Afin de séduire le public asiatique, les producteurs ont donné à James Bond une partenaire à sa mesure en la personne de Michelle Yeoh qui joue parfois des jambes pour mettre à terre des adversaires. On y croit à peine.
Spottiswoode livre une réalisation peu inspirée
Le plus gros défaut du film demeure son absence d’ambition esthétique. Cela démarre dès le générique d’ouverture, l’un des plus moches de la série, avec une chanson peu inspirée de Sheryl Crow. Avec ses éclairages peu contrastés, ses décors qui font pitié (où êtes-vous Ken Adam ?) et surtout cette réalisation qui multiplie les gros plans disgracieux au lieu d’embrasser le plateau entier et les paysages, Demain ne meurt jamais ressemble fort à une petite série B d’action lambda, alors même qu’il s’agit de l’épisode le plus coûteux réalisé en son temps.
Si le résultat final n’est pas aussi calamiteux que les deux volets suivants – parmi les pires de toute la saga – l’amateur aura quand même bien du mal à s’y retrouver. Le succès fut légèrement moindre que celui de GoldenEye, mais avec encore près de 330 millions de dollars de recettes mondiales, le film constitue encore une belle affaire. En France par contre, ce volet a attiré plus de spectateurs que le précédent avec 3 571 826 espions sur tout l’Hexagone, faisant du long-métrage le 8ème plus gros succès du box-office de l’année 1997.
Critique de Virgile Dumez
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