Entre drame conjugal dépressif et comédie désinvolte, Dans Paris de Christophe Honoré surfe sur le ton nonchalant de la Nouvelle Vague. Réjouissant, le troisième long métrage d’Honoré est devenu son premier succès commercial.
Synopsis : Dans Paris suit les aventures sentimentales de deux frères et dessine ainsi le portrait d’une famille dont la devise serait “Prend la peine d’ignorer la tristesse des tiens”.
Critique : Le personnage de Romain Duris est un trentenaire plongé dans les affres de la dépression. L’échec de son couple, les tortures absurdes que l’autre lui inflige, la contradiction de ses désirs et donc le spectre de la séparation sont autant de réminiscences morbides qui nous renvoient directement au deuil de Béatrice Dalle dans le premier long d’Honoré, 17 fois Cécile Cassard. La justesse de ton du cinéaste colle aux crises abyssales du couple, malmené avec réalisme par une caméra rugueuse mais jamais âpre et radical. Hors de question de se livrer aux excès de son précédent film, Ma mère. Puis le film vire dans sa deuxième partie vers un ton plus fantasque entre Capra et Truffaut et en devient délicieux. La découverte de la famille de Duris, entre le jeune frère interprété par Louis Garrel, étudiant butineur, narrateur à la première personne qui s’adresse insolemment à la caméra, le père aigri et obtus (Guy Marchand, très juste) et la mère bourgeoise trop souvent absente (Marie-France Pisier, impeccable), offre les meilleurs moments de cette comédie douce-amère qui se déroule dans Paris. Le cadre est magique, jamais traité sous l’angle de la carte postale et revigore les esprits. Chacun se trouve et se retrouve par la force des choses, malgré un excès d’individualisme qui avait tant nui au noyau familial.
Fin, drôle et pertinent, Dans Paris possède la fraîcheur, la fausse naïveté et la vraie impudence du cinéma de la Nouvelle Vague et constitue un virage zen remarquable dans la carrière de Christophe Honoré. Un précis cinématographique de premier choix pour mieux aborder la grande dépression de l’hiver.
Box-office de Dans Paris
Joli succès pour Christophe Honoré et même le premier de sa carrière de cinéaste. Dans Paris corrige la bévue commerciale que fut l’adaptation trash de Georges Bataille. Quand Ma mère aboutissait à 128 000 spectateurs en 2004, Dans Paris frôle les 300 000 entrées grâce à un solide bouche-à-oreille.
Dès la première semaine, 84 000 spectateurs sont au rendez-vous dans 110 salles. Forcément, la chronique familiale gagne en copies la semaine suivante et passe à 141 salles pour 60 295 spectateurs (-40%). En 3e semaine, elle se stabilise (-28%). Il lui faudra attendre sa 4e semaine pour dépasser les 200 000 tickets.
Acclamé par la critique, le film s’offre le luxe d’offrir à Guy Marchand l’un de ses meilleurs rôles. Il sera d’ailleurs nommé aux César dans la catégorie du Meilleur second rôle.
Les sorties de la semaine du 4 octobre 2006
© Labelcom / Sexee – Photo : L. Pons