Comédie noire davantage qu’un film horrifique, Companion développe un argumentaire féministe pataud sur fond de misandrie prononcée. A réserver aux jeunes générations.
Synopsis : Josh et Iris semblent incarner le couple parfait. Mais lors d’un week-end entre amis qui vire au drame, un secret bien gardé fait tout basculer…
Companion, une bonne dose de comédie
Critique : Spécialiste de l’humour télévisuel depuis près de vingt ans, Drew Hancock est avant tout un scénariste américain qui a opté pour la création d’un premier script destiné au cinéma au début de la décennie 2020. Initialement prévu pour être réalisé par Zach Cregger (l’excellent Barbare, en 2022) qui préfère demeurer à la production, Companion est finalement tourné par son principal créateur dont c’est le tout premier film à ce poste. Sans doute ce choix est-il malheureux puisque le scénariste n’a pas pu s’empêcher de faire évoluer son œuvre vers la comédie.
© 2025 BoulderLight Pictures – New Line Cinema – Vertigo Entertainment / Photo : 2025 Warner Bros. Entertainment Inc. All Rights Reserved.
Effectivement, alors que Companion a été développé en tant que film d’horreur, le résultat final émarge plutôt du côté de la comédie noire, avec des meurtres dedans. Jamais effrayant – mais on sent bien que cela n’intéressait pas le réalisateur – Companion doit surtout être vu comme un mélange assez étrange entre Ex Machina (Alex Garland, 2014), Don’t Worry Darling (Olivia Wilde, 2022), M3GAN (Gerard Johnstone, 2022) et même un certain Terminator (James Cameron, 1984) lors des dernières séquences.
I, Robot
Ces diverses références vous feront comprendre ce qui est fortement suggéré par l’affiche du film, à savoir que le personnage principal interprété par Sophie Thatcher est un robot de compagnie (d’où le titre). Toutefois, il était impossible de ne pas révéler cet état de fait et la promotion elle-même insiste sur ce point qui est dévoilé au bout d’une vingtaine de minutes. Cela n’entame en rien la découverte de cette histoire qui contient suffisamment de rebondissements pour susciter l’étonnement du spectateur durant la totalité de la projection.
Car Companion s’avère être un divertissement plutôt bien rythmé et qui tient en haleine durant toute la projection, et ceci malgré une réalisation plutôt passe-partout et des acteurs sans grande personnalité. En réalité, le principal reproche que l’on peut faire à ce tout premier film vient de son écriture pataude, notamment en ce qui concerne les personnages.
Companion ou quand l’excès de caricature tue
Certes, l’idée de susciter avant tout l’empathie des spectateurs pour un robot est un point de vue intéressant puisque celui-ci n’est entouré que d’êtres humains détestables et aux comportements hautement condamnables. Mais était-il nécessaire de déshumaniser les personnages humains pour faire de l’héroïne robotique un modèle à suivre ? Et pourquoi faire des différents protagonistes des caricatures ? Ainsi, dans Companion, on a le droit à l’inévitable petit couple gay dégoulinant de bonheur et dépourvu de la moindre psychologie.
© 2025 BoulderLight Pictures – New Line Cinema – Vertigo Entertainment / Photo : 2025 Warner Bros. Entertainment Inc. All Rights Reserved.
Pire, gagné par l’idéologie féministe revancharde à l’œuvre depuis le phénomène #MeToo, Drew Hancock ne laisse absolument aucune chance à ses personnages masculins, tous plus détestables les uns que les autres. Dès lors, le long métrage tombe dans le travers de la pure misandrie. Malheureusement, cet aspect propagandiste qui contamine actuellement Hollywood et qui a justement permis d’accroitre un peu plus les antagonismes de la société américaine est présent à chaque instant de cette œuvre faussement innocente et divertissante.
Et Hollywood persiste dans ses erreurs…
Avec son scénario malhonnête qui manipule le spectateur, Companion est donc un nouvel exemple de ce qui pollue la politique américaine depuis maintenant plusieurs années, aboutissant à la réélection de réactionnaires aussi odieux que Trump.
En jouant la carte de la comédie noire décomplexée, Drew Hancock n’est pas allé au bout de son concept et demeure dans les clous de la bien-pensance. Au lieu d’être trash, le résultat final n’est qu’une œuvre efficacement menée, calibrée pour les plateformes de streaming et définitivement conventionnelle dans son analyse sociétale. Ou comment gâcher un concept intéressant par un excès d’idéologie.
Critique de Virgile Dumez
Les sorties de la semaine du 29 janvier 2025
© 2025 BoulderLight Pictures – New Line Cinema – Vertigo Entertainment / Affiche : Concept Arts. Tous droits réservés.
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Drew Hancock, Jack Quaid, Sophie Thatcher, Lukas Gage
Mots clés
Cinéma américain, New Line Cinema, Les robots tueurs au cinéma, Films féministes, Les films de SF des années 2020