Bravo Django ou Quelques dollars pour Django est un western européen très classique dans sa facture et son intrigue. Jamais désagréable, l’ensemble ne se démarque guère du tout-venant par sa réalisation peu inspirée.
Synopsis : Django Regan est censé retrouver le coupable d’un vol, après avoir réussi à remettre la main sur l’argent volé. Il part à sa recherche dans le Montana, où la guerre fait rage entre éleveurs et colons.
Un faux Django de plus…
Critique : L’année 1966 est particulièrement riche en productions italo-espagnoles consacrées au western. Le succès monumental des films de Sergio Leone, ainsi que celui du Django (1966) de Sergio Corbucci enclenche une palanquée d’imitations ou contrefaçons. Parmi elles, ce Bravo Django (également sorti sous le titre Quelques dollars pour Django) n’a absolument rien à voir avec le film de Corbucci, mais l’entourloupe ne vient pas du distributeur français puisque le personnage s’appelle bien Django en version originale. En fait, il ne s’agit que de son prénom puisqu’il se nomme en fait Django Regan. Sans doute un revirement de dernière minute pour profiter opportunément du succès du chef-d’œuvre de Corbucci.
Pour une fois, l’intrigue ne tourne pas autour d’une vengeance, mais de la poursuite d’un criminel par un chasseur de primes engagé par une compagnie minière. Arrivé dans l’État du Montana, le héros incarné de manière plus convaincante que d’habitude par Anthony Steffen, se retrouve plongé au milieu de la guerre qui oppose les éleveurs aux agriculteurs. Cette « guerre des barbelés » a déjà fait l’objet de nombreux films classiques américains, mais a rarement été abordée dans le western européen. Bien entendu, la dimension historique est ici rapidement balayée pour donner lieu à un simple affrontement entre deux camps, tandis que le personnage principal se débat pour mettre la main sur sa proie.
Une réalisation classique qui peine à transcender le script
C’est d’ailleurs ce jeu du chat et de la souris entre Anthony Steffen et l’excellent Frank Wolff qui fait tout le sel de ce long-métrage assez généreux en action et fusillades meurtrières. Toutefois, le peu d’ambiguïté quant à l’identité réelle de Frank Wolff vient mettre à mal le semblant de suspense qui s’établit et le spectateur peut trouver le temps long par certains moments.
Il faut dire que la réalisation de León Klimovsky est désespérante de classicisme, même s’il semble avoir été fortement secondé par son jeune assistant Enzo G. Castellari (qui a réutilisé quelques plans du film dans son premier long Sept Winchester pour un massacre en 1967). Klimovsky a tourné près de soixante-dix films dans tous les genres possibles avec une constance dans le manque d’imagination sur le plan visuel. Il était d’ailleurs réputé pour ne faire qu’une seule prise, se contentant donc du minimum. Cela se ressent parfois, avec des erreurs de continuité et une tendance à forcer le trait pour donner l’impression que les morts sont spectaculaires.
Du classicisme pur, sans délire baroque
Le tout n’est pas nécessairement relevé par la musique de Carlo Savina dont on a du mal à saisir le thème principal, et ce malgré une chanson sympathique lors du générique du début. Enfin, les différents paysages espagnols paraissent quelque peu dépareillés d’un plan à l’autre. Le cinéaste ne se soucie toujours pas de continuité et l’on passe sans cesse d’endroits verdoyants à des espaces plus désertiques, parfois d’une minute à l’autre.
Bravo Django ou Quelques dollars pour Django est donc un western tout à fait dispensable qui risque même de décevoir les amateurs d’excès, puisque l’ensemble apparaît très sage. Point de délire baroque ici, mais bien un certain respect du classicisme à l’américaine pour un résultat final assez banal.
Une œuvre mineure souvent rééditée en vidéo
Sorti dans les salles françaises en novembre 1967, Bravo Django a réalisé 25 020 entrées à Paris lors de sa première semaine d’exclusivité. Par la suite, le long-métrage a fait le tour des salles de quartier. Quelques dollars pour Django a également beaucoup voyagé à travers la province française pour glaner au total 364 816 tickets vendus. Depuis cette époque, le film a été édité à plusieurs reprises en DVD, à chaque fois sous le titre Quelques dollars pour Django. La copie en circulation est étonnamment de bonne qualité.
Critique de Virgile Dumez
Les sorties de la semaine du 15 novembre 1967
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