Boîte noire est un polar industriel original et captivant, dans lequel la fluidité de la réalisation et l’originalité du scénario rendent l’expérience immersive.
Synopsis : Que s’est-il passé à bord du vol Dubaï-Paris avant son crash dans le massif alpin ? Technicien au BEA, autorité responsable des enquêtes de sécurité dans l’aviation civile, Mathieu Vasseur est propulsé enquêteur en chef sur une catastrophe aérienne sans précédent. Erreur de pilotage ? Défaillance technique ? Acte terroriste ? L’analyse minutieuse des boîtes noires va pousser Mathieu à mener en secret sa propre investigation. Il ignore encore jusqu’où va le mener sa quête de vérité.
Critique : Yann Gozlan retrouve Pierre Niney à l’occasion de Boîte noire. Le cinéaste avait dirigé le jeune comédien dans le thriller lumineux Un homme idéal, en 2015. Le succès du film avait été bénéfique aux deux carrières, Gozlan ayant démarré dans le thriller violent, Captifs, totalement passé inaperçu auparavant, cinéma de genre français oblige. Quant à Niney, il avait développé le charisme de l’ambiguïté dans une œuvre qui s’inspirait autant de Stephen King (pour la réflexion sur l’écriture), que de Plein Soleil de René Clément ou La piscine de Jacques Deray pour sa sensualité solaire.
Pour leur nouveau vol en réunion, les deux hommes voyagent en première classe dans le cadre rare de l’aéronautique. Boîte noire, sur un scénario dans lequel a notamment trempé Jérémie Guez (écrivain, réalisateur de Sons of Philadelphia), est un projet onéreux qui démontre l’ambition d’un cinéma français qui refuse de se laisser dicter les codes du thriller industriel. Virtuose et paranoïaque, dès l’impressionnant plan-séquence d’ouverture, à bord d’un avion, la narration prend son envol après le crash du long-courrier dans les Alpes françaises.
Le drame est fictif, mais évoque bien des tragédies récentes, sauf que nous sommes conviés à dépasser les clichés mélodramatiques des journaux télévisés pour nous immiscer dans l’investigation pointue. L’alternative de point de vue pare l’intrigue d’une dimension fascinante et originale, dans un domaine que l’on ne maîtrise pas et que l’on découvre sans réticence, avec la curiosité du néophyte. En effet, avions-nous déjà assisté à l’ouverture d’une fameuse boîte noire auparavant ? A vrai dire jamais.
Boîte Noire : le Prix du Public de Reims Polar en 3 extraits – CinéDweller (cinedweller.com)
Investissant le Bureau d’enquête et d’analyses pour la sécurité de l’aviation civile (le BEA), Boîte noire avance dans l’inconnu pour déterminer les causes de l’accident. Le suspense s’installe au gré des pistes, techniques, humaines, terroristes… Mais le cinéaste ne noie jamais le spectateur dans la complexité des enjeux émotionnels, industriels et professionnels, qui dépassent des personnages manipulés manipulateurs que l’on prend plaisir à voir évoluer dans des décors aussi cinégéniques.
Face à Pierre Niney, dans l’hypersensibilité et l’acuité acoustiques, on retrouve dans le rôle de son épouse jouée par Lou de Lâage un alter ego féminin déterminé et hitchcockien dans sa force blonde de femme moderne qui offre bien des mystères. Avec ses nombreux protagonistes crédibles, l’enquête échappe peu à peu à son personnage principal qui semble filer vers des révélations bien trop lourdes pour ses frêles épaules.
Avec dextérité narrative et filmique, Yann Gozlan grave de son talent un écran large et précipite le spectateur dans l’immersion d’un univers qu’il veut froid, pourtant glamour, subtilement porteur d’un style. Il ne perd pas pour autant de vue sa piste d’atterrissage sur fond de ciel sombre et orageux. Gare aux turbulences, Boîte noire est brillant.