Belle : la critique du film d’André Delvaux (1973)

Drame, Fantastique | 1h36min
Note de la rédaction :
6/10
6
Belle, l'affiche du film d'André Delvaux

  • Réalisateur : André Delvaux
  • Acteurs : Jean-Luc Bideau, Danièle Delorme, Adriana Bogdan, Roger Coggio
  • Date de sortie: 13 Sep 1973
  • Nationalité : Belge, Français
  • Titre original : Belle
  • Titres alternatifs : Amor Louco (Portugal)
  • Année de production : 1973
  • Autres acteurs : René Hainaux, Stéphane Excoffier, John Dobrynine, Valerio Popesco, François Beukelaers, André Blavier
  • Scénaristes : André Delvaux et Monique Rysselinck
  • Directeurs de la photographie : Ghislain Cloquet et Charles Van Damme
  • Compositeur : Frédéric Devreese
  • Monteurs : Emmanuelle Dupuis et Pierre Joassin
  • Producteurs : Jean-Claude Batz et Albina du Boisrouvray
  • Sociétés de production : Albina Productions S.a.r.l, La Nouvelle Imagerie, Ministère de la Culture de la République Française
  • Distributeur : Albina Distribution
  • Éditeur vidéo : -
  • Date de sortie vidéo : -
  • Box-office France / Paris-périphérie : 47 074 entrées / 23 981 entrées
  • Box-office nord-américain / monde : -
  • Budget : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.66 : 1 / Couleurs (Eastmancolor) / Son : Mono
  • Festivals et récompenses : Festival de Cannes 1973 : sélection officielle, en compétition
  • Illustrateur / Création graphique JF © Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : Albina Productions S.a.r.l, La Nouvelle Imagerie, Ministère de la Culture de la République Française © Tous droits réservés / All rights reserved
Note des spectateurs :

En abolissant les frontières entre réalité et fantastique, Belle séduit autant qu’il désarçonne par sa volonté de perdre le spectateur dans un dédale de scènes alternativement poétiques et vaines. Un OFNI à découvrir pour se faire son propre avis.

Synopsis : Mathieu Grégoire, écrivain quadragénaire résidant à Spa, vit mal le futur mariage de sa fille. Il se détournera du solide équilibre familial en fréquentant une belle étrangère rencontrée dans les landes tourbeuses des plateaux ardennais belges…

Delvaux se perd entre rêve et réalité

Critique : Lorsqu’il écrit Belle (1973), le cinéaste belge André Delvaux entend pousser encore plus loin ses recherches sur la narration cinématographique. Effectivement, il a connu un certain succès avec ses deux œuvres précédentes Un soir, un train (1968) et Rendez-vous à Bray (1971) qui tentaient avec une belle maestria d’entremêler réel et fantastique dans un même mouvement. En créant un cinéma où l’imaginaire a même valeur que le réel, André Delvaux est parvenu à une sorte de quintessence poétique dans les deux œuvres citées plus haut.

Avec Belle (1973), il opte pour une plus grande radicalité puisque le réalisateur annule toute barrière entre scènes rêvées et scènes de la réalité quotidienne. Séduisante sur le papier, cette tentative est pourtant globalement vouée à l’échec tant l’écriture des personnages manque de fermeté. A force de déréaliser chaque séquence, André Delvaux voue le spectateur à une douce incertitude qui est d’abord terriblement séduisante, mais qui tourne court à force de laisser dans l’expectative.

Belle ou le fantasme d’un quinquagénaire frustré

Du personnage central interprété par Jean-Luc Bideau, on ne comprendra jamais vraiment les motivations, et ceci même si l’on plonge dans son imaginaire débridé. Certes, on saisit vaguement qu’il regrette le départ de sa fille qui va se marier avec un homme qu’il n’apprécie pas. On comprend aussi qu’il est maladivement jaloux de sa femme (digne Danièle Delorme) dont il suspecte une liaison avec son meilleur ami (Roger Coggio vaguement irritant). Pourtant, ces errances du cœur bourgeoises ne débouchent pas sur grand-chose si ce n’est une atmosphère poétique charmante, mais un peu vaine. Ainsi, Belle échoue à transmettre autre chose qu’un léger ennui poli, d’autant que la fameuse Belle est interprétée par la roumaine Adriana Bogdan qui manque de charisme pour rendre palpable ses apparitions, entre réel et fantasme de quinquagénaire libidineux.

Heureusement, comme André Delvaux est assurément un très grand réalisateur, il parvient à signer de nombreux plans magnifiques, notamment lorsqu’il filme sa Belgique natale. Toutes les scènes se déroulant en pleine nature profitent d’une magnifique photographie signée Ghislain Cloquet et Charles Van Damme. Le charme opère donc malgré un script qui tourne en rond et ne fait qu’enfoncer le même clou durant une heure et demie.

Un univers singulier qui est assurément la marque d’un grand auteur

Pour apprécier Belle, il faut donc se laisser totalement aller à cet univers poétique et fantomatique, au risque de s’y perdre. Certains estiment qu’il s’agit du long-métrage le plus audacieux de son auteur – et l’argument est tout à fait recevable – tandis que d’autres signalent avec tout autant de justesse que la tentative du cinéaste était vouée à l’échec, car trop radicale. En tout cas, Belle ne peut aucunement laisser indifférent.

Représentant la Belgique au Festival de Cannes 1973 où il était en compétition officielle, Belle n’a reçu aucune récompense, mais a globalement séduit les critiques de l’époque. Pourtant, lors de sa sortie en salles au mois de septembre 1973, le succès n’a pas été au rendez-vous, contrairement aux autres films du cinéaste qui avaient au moins attiré des curieux. Sans doute conscient de l’impasse artistique dans laquelle il s’est engagé, André Delvaux s’est ensuite tenu éloigné des écrans pendant quelques années, avant de revenir avec une œuvre plus accessible intitulée Femme entre chien et loup (1979) avec Marie-Christine Barrault et Rutger Hauer.

Film inégal, aussi étrange et insaisissable qu’alternativement séduisant et ennuyeux, Belle est donc une proposition de cinéma alternative à saluer, malgré les nombreuses limites du résultat final.

Critique de Virgile Dumez

Box-office :

Sorti en septembre 1973, Belle d’André Delvaux a connu une carrière timide, avec 23 000 entrées à Paris-Périphérie et 47 000 entrées sur toute la France.

En première semaine, Belle trouve quatre écrans parisiens pour 7 936 spectateurs. On peut découvrir cette étrangeté oubliée au Cinémonde-Opéra, Biarritz, Bonaparte et Médicis. Il affronte alors  de nombreuses nouveautés comme L’affaire Crazy Capo (19 990 entrées cette semaine-là), Chen la fureur du Kung-Fu (7 937), Chung Kuo la Chine (15 356), Les confidences érotiques d’un lit trop accueillant (18 316), L’invitation (9 766), Juge et hors-la-loi (28 218), La mort d’un bucheron (8 171), Rapport sur la vie sexuelle d’une ménagère (18 863).

Stable en semaine 2, Belle perd finalement un écran lors de sa troisième semaine durant laquelle la production francophone engendre encore 4 521 entrées.

Frédéric Mignard

Les sorties de la semaine du 12 septembre 1973

Voir le film en VOD

Belle, l'affiche du film d'André Delvaux

© 1973 Albina Productions S.a.r.l. – La Nouvelle Imagerie – Ministère de la Culture de la République Française / Affiche : JF. Tous droits réservés.

Biographies +

André Delvaux, Jean-Luc Bideau, Danièle Delorme, Adriana Bogdan, Roger Coggio

Mots clés

Cinéma belge, Festival de Cannes 1973, Les histoires étranges au cinéma

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Extrait de Belle

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