Réalisateur, scénariste et monteur belge, André Delvaux est né en 1926 en Belgique où il a effectué des études en droit et en philosophie. Toutefois, il préfère se mettre au piano et commence même à accompagner la projection de films muets à la Cinémathèque de Bruxelles. Cette fenêtre sur le septième art lui offre la transition nécessaire pour qu’il devienne à plus de trente ans un réalisateur de programmes courts pour la télévision.
La révélation d’Un soir, un train
André Delvaux a déjà la quarantaine lorsqu’il aborde enfin le long-métrage avec L’homme au crâne rasé (1965). Ce coup d’essai reçoit des critiques favorables, mais échoue en salles où il est un cuisant échec. En fait, l’auteur doit attendre la sortie de son second film pour obtenir une vraie consécration. Il s’agit du très beau Un soir, un train (1968), porté par le couple Yves Montand – Anouk Aimée. Le film lance chez le cinéaste l’intrusion du fantastique et de l’onirisme au cœur de la réalité. Delvaux évoquera cela par la suite dans ses entretiens et définira son esthétique comme du « réalisme magique ».
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Le métrage réunit 318 632 spectateurs français dans les salles et ce succès lui offre la possibilité de tourner Rendez-vous à Bray (1971) avec Anna Karina. Cette adaptation de Julien Gracq est encore une réussite avec 227 792 amateurs d’étrangeté. En 1973, il tourne Belle qui reçoit un peu moins d’éloges de la part d’une critique plus divisée. Cette déception s’est traduite par un gros échec public et une absence de Delvaux pendant quelques temps. Six ans plus tard, le réalisateur revient avec le drame Femme entre chien et loup (1979) avec Marie-Christine Barrault et Rutger Hauer. Cette fois, l’auteur tourne en flamand et retrouve la faveur des critiques. Toutefois, l’échec public est à nouveau au tournant.
André Delvaux, un auteur complet et exigeant
Après avoir réalisé un documentaire sur Woody Allen, Delvaux revient en 1983 avec une ambitieuse coproduction intitulée Benvenuta (1983), interprété par Fanny Ardant, Vittorio Gassman et Françoise Fabian. Là encore, les critiques furent globalement positives, mais le grand public n’a pas vraiment suivi cette histoire d’amour aux différents niveaux de narration. Le film a ainsi échoué à 118 756 spectateurs français, malgré un casting attractif.
S’il sacrifie au classique film d’opéra avec Babel opéra, ou la répétition de Don Juan de Wolfgang Amadeus Mozart (1985), les amateurs du réalisateur belge préfèrent se souvenir de son tout dernier film, l’excellent L’œuvre au noir (1988) d’après Marguerite Yourcenar. Le film ascétique porté par l’interprétation forte de Gian Maria Volonté demeure un sommet dans sa filmographie qui s’interrompt avec ce nouvel échec public qui fut tout de même en compétition au festival de Cannes.
Même s’il arrête sa carrière à la fin des années 80, André Delvaux est à juste titre considéré comme l’un des plus grands cinéastes belges et il a d’ailleurs été élevé au rang de baron par le roi Albert II de Belgique en 1996.
André Delvaux meurt en 2002 des suites d’une crise cardiaque à l’âge de 76 ans.