Barbecue convie autour d’une table une belle pléiade de personnages cocasses et attachants qui nous rassasient aisément. L’un des succès de l’année 2014 et probablement le meilleur film d’Eric Lavaine, spécialiste de la comédie française impersonnelle.
Synopsis : Pour ses 50 ans, Antoine a reçu un cadeau original : un infarctus. A partir de maintenant, il va devoir “faire attention”. Or, Antoine a passé sa vie entière à faire attention : attention à sa santé, à ce qu’il mangeait, attention à sa famille, à accepter les travers de ses amis, et à avaler de trop nombreuses couleuvres… Désormais, il va adopter un nouveau régime. Mais en voulant changer sa vie, on change forcément celle des autres…
L’œuvre la plus mature d’Eric Lavaine
Critique : Après les improbables Bienvenue à bord, Poltergay et Protéger et servir, Eric Lavaine revient avec son œuvre la plus aboutie et surtout la plus mature. Il délaisse le loufoque franchouillard, les gags lourds, pour une comédie de potes loquace, douce-amère et attachante, où il est de bon ton de dresser un bilan personnel sur son couple et son existence, alors que la cinquantaine est franchie. Barbecue commence avec l’attaque cardiaque du personnage lisse de Lambert Wilson, joli cœur infidèle qui a passé son existence à vivre sainement, et qui, pour se venger des tours cruels du destin, décide de s’affranchir des anciens codes et de croquer pleinement la vie en se focalisant sur l’essentiel, les amis, la bonne bouffe et les vacances… Quitte à être un peu franc avec tout le monde et donc de déplaire, car, il n’a plus une vie devant lui, mais quelques décennies qu’il ne faut donc pas gâcher par une hypocrisie obséquieuse.
Photo : Nathalie Mazéas. Copyrights 2014 Same Player – StudioCanal – TF1 Films Production – CinéFrance 1888
Barbecue est une comédie du verbe savoureuse
Barbecue est proche d’une bonne pièce de théâtre avec des sorties qui font mouche, des dialogues savoureux qui donnent la dynamique au récit, une quasi-unité de lieu revigorante (l’essentiel se déroule dans les magnifiques Cévennes, dans un cadre idyllique baignant dans le soleil) et l’on assiste à de belles entrées d’acteurs qu’on n’avaient pas aimés autant depuis longtemps. Lambert Wilson, avec sa prestance habituelle, est impitoyable. Dubosc et Florence Foresti, en couple séparé, passent leur temps à se tirer dessus à boulets rouges. Guillaume de Tonquédec retrouve la candeur du personnage qu’il incarnait dans Le prénom… Il est par ailleurs impossible de ne pas penser à la pièce et au film d’Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte, tant l’esprit, entre règlements de comptes et manifestations d’affection par les joutes verbales forgent la charpente d’une comédie bien loin des autres films d’Eric Lavaine que d’aucuns qualifieraient de nanars sympathiques.
Barbecue n’est peut-être pas un dîner de gourmet, mais en tout cas, c’est un morceau de choix dans la comédie française qui sera enfin récompensé par un authentique succès pour son réalisateur avec pas moins de 1 600 000 spectateurs.