Baby Blood : la critique du film (1990)

Épouvante-horreur, Gore | 1h28min
Note de la rédaction :
6/10
6
Baby Blood, sélection officielle Avoriaz 1990, affiche

  • Réalisateur : Alain Robak
  • Acteurs : Alain Chabat, Jean-Claude Romer, Jacques Audiard, Jean-Yves Lafesse, Christian Sinniger, Alain Robak, Emmanuelle Escourrou, Jean-François Gallotte
  • Date de sortie: 24 Jan 1990
  • Nationalité : Français
  • Titre original : Baby Blood
  • Titres alternatifs : -
  • Année de production : 1990
  • Scénariste(s) : Serge Cukier, Alain Robak
  • Directeur de la photographie : Bernard Déchet
  • Compositeur : Carlos Acciari
  • Société(s) de production : Partner's Productions
  • Distributeur : Neuf de Cœur
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : Fil à Film (VHS, 1991) / StudioCanal (DVD, 2004)
  • Date de sortie vidéo : 3 août 2004 (DVD)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 23 226 entrées / 10 381 entrées
  • Box-office nord-américain : -
  • Budget : -
  • Rentabilité : -
  • Classification : Interdiction aux mineurs -12 ans avec avertissement
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleurs / Son : Dolby Stéréo
  • Festivals et récompenses : Festival d'Avoriaz 1990 : hors compétition
  • Illustrateur / Création graphique : SIPA Presse (agence) - Terry Benett (affichiste)
  • Crédits : © 1990 StudioCanal. Tous droits réservés.
Note des spectateurs :

Rare cas de film gore français, Baby Blood est plutôt une réussite grâce à une réalisation efficace et des effets spéciaux convaincants. Les quelques dérives humoristiques potaches ternissent un peu l’ensemble, sans entamer son capital sympathie.

Synopsis : Yanka s’ennuie ferme jusqu’à ce qu’un événement étrange vienne bouleverser la monotonie de son existence : un être bizarre prend forme dans son ventre, une drôle de bestiole qui parle, qui a faim et soif… de sang frais !

Un projet iconoclaste au sein de l’industrie cinématographique française

Critique : Alors qu’il vient de réaliser un polar étrange intitulé Irena et les ombres (1987) avec Farid Chopel dans le rôle principal, le cinéaste Alain Robak collabore avec l’iconoclaste Jean-François Gallotte sur le court-métrage Corridor (1989). A la fois brillamment réalisé et iconoclaste, le court a ensuite été intégré au film à sketches Adrénaline (1990) dont il constitue le morceau de bravoure.

Intéressé par ce talent émergent, le producteurréalisateur Ariel Zeitoun lui demande de lui faire lire un autre scénario qui va s’avérer être Baby Blood. D’ailleurs, Alain Robak déclare dans le magazine Première n° 155 de février 1990 qu’il n’aurait :

même pas osé lui faire lire, tant il était éloigné des préoccupations habituelles du cinéma français contemporain.

Pourtant, Ariel Zeitoun est intéressé par le projet et Alain Robak reçoit également l’appui de Jean-François Gallotte qui participe activement au financement de l’entreprise, tout en jouant un rôle dans le futur long-métrage.

Un film de potes qui respire la passion du genre

Toutefois, pour pouvoir monter ce qui sera considéré comme le premier grand film gore français – n’oublions pas les quelques tentatives de pionniers comme Jean Rollin – il fallait trouver une actrice capable de jouer des séquences outrancières et s’appuyer sur de bons techniciens d’effets spéciaux. Pour la comédienne, Alain Robak s’entiche d’Emmanuelle Escourrou qui a déjà été vue dans quelques petits rôles (Mangeclous ou encore Un été d’orages) et décide de s’engager à fond dans l’entreprise, nécessitant de nombreuses scènes de nu intégral. Enfin, pour les effets spéciaux, Robak peut compter sur le talent d’une jeune génération d’artisans talentueux dont Jean-Marc Toussaint et un certain Benoît Lestang.

Baby Blood, jaquette DVD

© 1990 StudioCanal. Tous droits réservés.

Doté d’un budget restreint et accompagné de nombreux potes qui viennent jouer des petits rôles, comme Jean-Yves Lafesse, Alain Chabat, Yann Piquer ou encore Jacques Audiard, Baby Blood déploie une histoire très linéaire qui n’est assurément pas le point fort du long-métrage. Une jeune femme mise enceinte par une créature extraterrestre doit nourrir le fœtus à l’aide de sang humain. Ainsi, elle doit parcourir les routes de France en quête de sang frais. S’ensuit une cavale meurtrière qui va peu à peu prendre un tour gore alors que le terme approche.

Baby Blood anticipe les délires visuels de Caro-Jeunet

Pur prétexte à tourner un film de genre, le scénario un peu léger est en grande partie compensé par la réalisation très dynamique d’Alain Robak qui s’amuse à multiplier les angles biscornus, les plongées et contre-plongées abyssales dans un style qui n’est pas sans rappeler celui des futurs Caro-Jeunet. On peut également rapprocher le long-métrage du Baxter (Boivin, 1989) qui venait tout juste de se tourner – et d’ailleurs un chien de même race fait une apparition clin d’œil dans Baby Blood. N’oublions pas que Baxter avait été scénarisé par Jacques Audiard et l’on comprend qu’on est ici en famille.

Très généreux en matière d’hémoglobine, Baby Blood n’échappe toutefois pas toujours aux reproches habituellement attachés aux films français de genre, à savoir la présence de personnages parfois grotesques – on pense à Jean-François Gallotte justement. Ainsi, le film tourne parfois à la pochade entre potes et peut s’amuse avec le genre sans toujours le prendre au sérieux. Certes, le script est absurde, mais certains passages franchement comiques viennent rompre l’ambiance horrifique et donnent à l’ensemble un côté BD pas désagréable du tout, mais en contradiction avec le genre purement horrifique. Même la mort d’Alain Chabat est à la limite de la parodie, tandis que celle de Jacques Audiard est tout  simplement gaguesque.

Baby Blood est un pur film de genre, totalement assumé comme tel

Toutefois, on ne sera pas trop dur avec ce long-métrage qui a eu le grand mérite de bousculer un cinéma français ayant toujours regardé de haut les artistes voulant s’épanouir dans le genre horrifique. Effectivement, contrairement à bon nombre de ses confrères, Alain Robak n’a pas essayé d’enrober le tout dans un emballage intellectualisant. Il assume ici pleinement l’idée de créer un film de genre dont le but est de multiplier les meurtres les plus horribles. Il le fait avec un certain talent, soutenu par l’interprétation très impliquée d’Emmanuelle Escourrou.

Alors que le long-métrage semblait parfait pour le festival d’Avoriaz, Baby Blood n’a pu être diffusé que dans la section hors compétition à cause de ses excès gore. La direction du festival entendait se normaliser à cette époque et Baby Blood ne correspondait plus aux canons recherchés. C’est du moins le point de vue défendu alors par Alain Robak.

Sorti en salles fin janvier 1990, le long-métrage n’a eu qu’une carrière éclair avec 23 226 entrées sur toute la France et 10 381 entrées dans la capitale et sa périphérie. Depuis cette époque, l’actrice Emmanuelle Escourrou a écrit et interprété une suite intitulée Lady Blood (2008), réalisée par Jean-Marc Vincent. Cette fois, le long-métrage n’a pas laissé la même empreinte dans la mémoire des cinéphiles.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 24 janvier 1990

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Baby Blood, affiche France

© 1990 StudioCanal / Affiche : SIPA Presse (agence) – Terry Benett (affichiste). Tous droits réservés.

Box-office :

Sorti le 10 janvier 1990, Baby Blood n’a pas su trouver un écho positif dans les salles. Trop de films d’épouvante sont sortis ce même mois sous l’impulsion du festival d’Avoriaz, mais le genre est moribond aux yeux du public qui préfère attendre les sorties en location vidéo.

La défiance à l’égard de Baby Blood est d’autant plus grande que la production est française. Le même mois, 36 15 Code Père Noël, Tom et Lola et Adrénaline le film connaîtront des scores catastrophiques, avec tous en commun, la même langue française.

Le 17 janvier sortaient Leviathan, Simetierre, 36 15 Code Père Noel, Embrasse-moi, vampire, Tom et Lola.

Le 24, Baby Blood apparaissait en simultanée avec Elvira Mistress of the Dark et The Mad Monkey.

Le 31 janvier débarquaient Appel d’urgence, Adrénaline le film, Shocker

11 films sélectionnés à Avoriaz en 3 semaines, le marché ne pouvait suivre. Baby Blood est de surcroit proposé par un micro distributeur, Neuf de Cœur (le film d’animation La table tournante, La guerre sans nom de Tavernier…). Il ne fait pas le poids pour imposer cette vision à part du cinéma de genre. Face à 11 autres nouveautés, dont Milou en mai et Les nuits de Harlem, la tentative horrifique d’Alain Robak est enterrée dès la première journée, avec 859 entrées dans 10 cinémas parisiens.

Outragé, Baby Blood se saigne dès la première semaine avec 6 750 spectateurs dans 5 salles en intra-muros et sur 5 écrans de banlieue. Il est au Forum Orient Express, au George V, à la Fauvette au Pathé Clichy et au Pathé Français, donc dans 5 quartiers emblématiques. La fin de cette semaine est d’ailleurs marquée par de grosses grèves dans les transports parisiens qui n’ont pas aidé l’exploitation dans sa globalité.

En deuxième semaine, la chute à 2 102 spectateurs est radicale. Avec six écrans en moins, il n’est plus présent que sur 4 sites. Même sur les Champs, au George V, il ne dépasse pas les 650 entrées. La série B très bis s’effondre de 20 places dans les meilleures recettes du “Paris Province”.

En 3e semaine, toujours exploité au George V, Baby Blood finit également sa carrière au Brady, cinéma de quartier où il glane 1 046 riverains, pour une 3e semaine à 1 529 spectateurs et au final une fausse couche à 10 381 entrées.

Frédéric Mignard

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Baby Blood, sélection officielle Avoriaz 1990, affiche

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Épouvante-horreur, Gore

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