Baxter : la critique du film et le test blu-ray (1989)

Fantastique | 1h23min
Note de la rédaction :
8,5/10
8,5
Baxter, l'affiche du film

  • Réalisateur : Jérôme Boivin
  • Acteurs : Jacques Spiesser, Lise Delamare, Jean Mercure, Maxime Leroux, Jean-Paul Roussillon
  • Date de sortie: 18 Jan 1989
  • Nationalité : Français
  • Scénario : Jacques Audiard et Jérôme Boivin d'après un roman de Ken Greenhall
  • Directeur de la photographie : Yves Angelo
  • Distributeur : UGC Distribution
  • Éditeur vidéo (blu-ray) : StudioCanal
  • Sortie vidéo (blu-ray) : Le 10 septembre 2019 en exclusivité à la Fnac
  • Box-office France : 148 790 entrées
  • Classification : Interdit aux moins de 12 ans
  • Festival : Mention spéciale au festival d'Avoriaz 1989
Note des spectateurs :

Film culte qui fut un cuisant échec à sa sortie, Baxter est une œuvre au parfum de soufre qui s’y entend pour distiller un malaise permanent. A dénicher d’urgence.

Synopsis : Baxter est un bull terrier. Baxter est un chien qui pense et qui juge ses maîtres et les êtres humains en général, et quand il ne les comprend plus, il se débarrasse de cette compagnie encombrante jusqu’à ce qu’il trouve un humain digne de lui.

Des auteurs qui ont eu du flair

Critique : Repéré par ses courts-métrages originaux, le réalisateur Jérôme Boivin est approché par le producteur Patrick Godeau afin de tourner un polar avec la collaboration au scénario de Jacques Audiard. Nous sommes à la fin des années 80 et Audiard n’est pas encore metteur en scène. Peu intéressé par le film policier envisagé, Boivin opte finalement pour une autre adaptation écrite par Jacques Audiard. Il s’agit d’un script plus original basé sur un étrange roman de Ken Greenhall intitulé en France Des tueurs pas comme les autres (publié dans la célèbre collection Série Noire).

Cette histoire très sombre décrit l’humanité de manière particulièrement cynique à travers les yeux d’un bull terrier. Ce dernier nous livre ainsi ses pensées à travers une voix off inquiétante. Maxime Leroux parvient à livrer une prestation vocale exceptionnelle en variant les tons, tout en restant à la lisière entre l’animalité et l’humanité. L’énorme qualité du film est de ne jamais chercher à humaniser le comportement du chien, mais au contraire à mettre en exergue son animalité. Obsédé par les odeurs, les autres animaux et guidé par ses instincts primaires – qui finiront par avoir raison de lui – Baxter est une figure qui se situe au-delà du bien et du mal et qui ne peut donc être condamné en tant que tel.

Un chien tueur bientôt aux abois

Certes, on décèle chez l’animal un comportement visant à la domination, mais il s’agit ici d’une simple illustration du principe établi entre un chien et celui que l’on appelle d’ailleurs justement son maître. Aussi, il n’est pas étonnant que celui-ci cherche à se débarrasser de ceux qui le gênent dans sa quête perpétuelle d’un maître qui saurait le dompter. La vieille dame n’est clairement pas digne de le commander, ni le couple idéalisé qui a le malheur d’avoir un enfant.

Mais la vraie charge subversive du long-métrage est de confronter cet animal tueur avec un enfant qui s’avère bien pire que lui. Rares sont les films qui osent dénicher les racines du fascisme dans l’enfance. Baxter se retrouve confronté à un petit maître qui le maltraite, car fasciné par Hitler et le nazisme en général. Grâce à l’interprétation glaçante du jeune François Driancourt, le spectateur croit dur comme fer à cette dérive progressive d’un adolescent pré-pubère vers le fascisme.

Un cabot qui vieillit décidément très bien

Réflexion étonnante et ambiguë sur l’obéissance, la relation maître-esclave et le fascisme en général, Baxter est également une œuvre puissamment jubilatoire par la force d’évocation de ses dialogues. Sublimé par une réalisation inventive qui ose placer le spectateur devant des événements peu reluisants, le résultat final est un modèle d’étrangeté. Le malaise s’inscrit durablement et si le spectateur rit souvent devant la monstruosité des différents personnages, il s’agit avant tout d’un mécanisme de défense face à l’extrême noirceur du propos.

Revu aujourd’hui en blu-ray, le film apparaît enfin dans toute sa splendeur visuelle, avec notamment un beau travail photographique de la part d’Yves Angelo. Et contrairement à beaucoup de films français de l’époque, Baxter n’a pas pris une ride et se bonifie même avec le temps. De quoi en faire une référence dans son domaine, celui des OVNI cinématographiques.

Le test du blu-ray

Blu-ray de Baxter sur StudioCanal

© StudioCanal

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Compléments & packaging : 3/5

Aucun effort particulier sur le packaging, mais on est déjà content que le film sorte dans ce format. Au niveau des suppléments, on trouve ici un entretien de 14min avec le réalisateur Jérôme Boivin qui revient en détail sur la genèse du long-métrage. Par contre, il n’approfondit pas vraiment son propos et reste donc dans des considérations factuelles et non analytiques, ce qui est un peu frustrant. La bande-annonce originale est disponible.

L’image : 4,5/5

On n’a jamais vu Baxter dans des conditions aussi optimales. Si l’on excepte quelques scènes un peu moins belles lors des quelques passages plus sombres, on peut être largement satisfait du travail effectué. Resplendissante, la copie donne le sentiment que le film a été tourné cette année. Aucune scorie à déplorer sur ce transfert HD à la photographie splendide.

Le son : 4/5

Il s’agit d’une unique piste sonore 2.0 DTS-HD Master-Audio qui assure le spectacle. Rien à redire de particulier puisque les voix se détachent harmonieusement du reste, tandis que la musique assez étrange investit le reste de l’espace sonore sans conflit. Du bon boulot, là encore.

Critique et test blu-ray : Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 18 janvier 1989

Baxter, l'affiche du film

© 1989 StudioCanal – Aliceleo – Issa (Suisse). Tous droits réservés.

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