Légère, drôle, savoureuse, l’adaptation du Comics Ant-Man, héros à la verticalité contrariée des studios Marvel, se fait une place de petit géant au panthéon des productions super-héroïques.
Synopsis : Scott Lang, cambrioleur de haut vol, va devoir apprendre à se comporter en héros et aider son mentor, le Dr Hank Pym, à protéger le secret de son spectaculaire costume d’Ant-Man, afin d’affronter une effroyable menace…
Chérie, j’ai rétréci le super-héros
Critique : Si l’on parle depuis trente ans d’une adaptation du comics de Marvel, Ant-Man, le thème du rétrécissement du héros, réduit à la taille d’une fourmi a été à plusieurs reprises à la mode. Dès la fin des années 50, L’homme qui rétrécit de Jack Arnold lançait une tendance. Entre 1987 et le début des années 90, entre L’aventure intérieure et la franchise Chérie, j’ai rétréci les gosses, l’intérêt du public pour l’infiniment petit est relancé, avec même une attraction à Disneyland Paris pour réduire le public.
La sortie d’Ant-Man (2015), cet électron libre dans le domaine du film de super-héros contemporain, redonne des idées aux producteurs qui essaient de jouer la carte de la comédie cool via l’acteur Paul Rudd au détriment du spectaculaire. Au cœur de la production de blockbusters actuelle, obsédée par la démesure, celle d’effets spéciaux larger than life, de créatures titanesques hautes comme des gratte-ciels, de destructions massives qui éradiquent des continents, le nouveau film de super-héros Marvel s’inscrit contre les courants instaurés par Roland Emmerich, notamment son Godzilla dont le message marketing se résumait par Size does matter, en français, “C’est la taille qui compte !”
Ant-Man réduit-il vraiment les ambitions ? Avec Peyton Reed à la réalisation, on n’était pas fier à l’entrée de salle. Le cinéaste est après tout coupable de comédies plates comme Yes Man, avec Jim Carrey, ou La rupture, réflexion sur le couple à l’encéphalogramme plat, avec Jennifer Aniston et Vince Vaughn. Son choix pour mettre en scène les aventures d’un héros qui agit avec grâce et dextérité quand, vêtu de sa combinaison, il se réduit à la taille d’insectes, s’avérait discutable, après le départ inopiné d’Edgar Wright (Shaun of the Dead) pour différends artistiques.
Pourtant, le nom de Peyton Reed circulait depuis longtemps chez Marvel. Il avait été un temps associé à la réalisation du premier Les Quatre fantastiques, finalement proposée à Tim Story, et il s’était même retrouvé second sur la liste des réalisateurs potentiels des Gardiens de la Galaxie, que James Gunn (Horribilis) mis finalement en boîte avec le succès phénoménal qu’on lui connaît.
Ant-Man, version Peyton Reed, est toutefois une réussite. Si le script d’Edgar Wright et Joe Cornish n’a pas totalement été éradiqué, si le dernier scénario d’Adam McKay et Paul Rudd constitue la version officielle du film, les révisions de Peyton Reed, en pleine possession des moyens pour ce super-hero movie en mode minipouss, sont notables, le cinéaste essayant de s’approprier à sa manière cette production à part dans le paysage Marvel.
Dans ce blockbuster estival, sorti un mardi 14 juillet en France, on ne détruit pas Manhattan, les contingents de méchants sont réduits à un élément pas forcément des plus monstrueux… Cette nouvelle franchise cinématographique démarre en effet de façon intimiste, avec un enjeu social et familial qui fonctionne. Ainsi, le personnage d’Ant-Man, Scott Lang, joué par Paul Rudd, est libéré de prison et essaie de retrouver sa place au cœur de la société et de sa famille, en vain. Alors qu’il sombre à nouveau dans la tentation du crime (c’est un agile voleur, à l’intelligence et l’habilité remarquables), il va finalement trouver la rédemption grâce au stratagème de son futur mentor, le scientifique Hank Pym (Michael Douglas) qui va faire de lui son cobaye, ou plutôt sa fourmi de combat, pour mettre un terme à une menace militaire basée sur son travail de nano technologies, détourné à des fins belliqueuses critiques.
A l’instar du premier Avengers qui prenait le temps de présenter son consortium de super-héros, ce qui le rendait particulièrement avenant, Ant-Man est irrésistible dans son introduction d’une personnalité humaine charismatique, déjà au plus bas dans l’échelle sociale. Le personnage de Scott Lang, ce Monsieur tout le monde, enfoncé dans la galère, affublé d’un pote latino tout aussi loser, est la grande force du film. Il dégage plus d’humanité que la plupart des héros Marvel déclinés ces dernières années, de Captain America, un peu froid et distant en parangon d’un patriotisme ronflant, à Thor, bourrin marteau à descendance divine… Scott Lang, a priori, est plus un “petit” héros du quotidien qu’un super-héros, même s’il le devient avec brio, une fois sa tenue arborée, et qu’il se retrouve réduit en mode nano, à courir au milieu des colonies de fourmis qui deviennent ses alliées. Ces moments offrent des scènes savoureuses qui ringardisent immédiatement les Chérie, j’ai rétréci les gosses et autres films de ce genre, par l’incroyable justesse des effets spéciaux et l’humour ad hoc.
Pure comédie qui fonctionne grâce au charisme insouciant de Paul Rudd, Ant-Man est ainsi un efficace blockbuster malgré sa verticalité contrariée. Parce qu’il propose son lot d’effets spéciaux sidérants (les incessants changements de taille sont cocasses), parce qu’il va chercher la petite bête auprès des Avengers avérés (des scènes passerelles servent de pistes pour de futurs crossovers et brassages), mais surtout parce qu’il est le parfait mélange entre humour, action et émotion à toutes les échelles.
Avec sa réalisation pêchue qui ne se regarde pas le nombril, ses seconds rôles savoureux (de Evangeline Lilly, de la série Lost, toutefois un peu fade, à Michael Peña, en passant par Michael Douglas, visiblement heureux de retrouver sa place dans un film qui compte), le plaisir est constant et le mini-blockbuster des studios Marvel a été l’une des bonnes surprises de l’été 2015, ni plus ni moins, loin du désastreux Les quatre fantastiques, la catastrophe industrielle qui allait sortir un mois plus tard dans les cinémas français.
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Peyton Reed, Paul Rudd, Anthony Mackie, Michael Douglas, Bobby Cannavale, Michael Peña, Hayley Atwell, Martin Donovan, Evangeline Lilly, Corey Stoll, Judy Greer, David Dastmalchian