Angel 3 est une série B passable, mais qui ressemble malheureusement à un pur produit vidéo, sans grand relief et en manque de rythme. Dommage car Mitzi Kapture est plutôt juste dans le rôle-titre.
Synopsis : Molly Stewart est installée à New York où elle est photographe. Lors d’un vernissage, elle croit reconnaître parmi la foule sa mère disparue. Après avoir obtenu quelques informations sur cette Gloria Rollins, Molly décide de la confronter et s’envole pour Los Angeles. Sa mère lui apprend que Michelle, sa petite sœur dont elle ignorait l’existence, court actuellement un grand danger. Le soir même, Gloria est retrouvée morte…
Un troisième épisode avec une toute nouvelle équipe artistique
Critique : Après avoir connu un beau succès avec les deux premiers volets de la saga Angel, notamment grâce à la contribution non négligeable de leur sortie en VHS, la firme New World Pictures entend continuer à exploiter le filon. Cette fois-ci, le créateur de la saga Robert Vincent O’Neil n’est même pas sollicité pour reprendre le flambeau, lui qui était déjà déçu du second opus. Afin de renouveler la formule, les producteurs engagent donc le cinéaste Tom DeSimone qui a fait ses armes dans le porno gay sous le pseudonyme de Lancer Brooks, avant de se spécialiser dans la série B (on pense notamment au sympathique Hell Night, une nuit en enfer). Enfin, le personnage d’Angel va avoir le droit à une troisième incarnation à l’écran, avec ici la très agréable Mitzi Kapture qui ressemble beaucoup à la Michelle Pfeiffer de la même époque.
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Également scénariste de ce troisième volet, Tom DeSimone cherche à faire évoluer la formule en confrontant cette fois l’ancienne prostituée Angel avec des réseaux issus de la haute société. En lieu et place des trottoirs douteux de Los Angeles, le réalisateur nous convie donc à assister à des réceptions luxueuses, des vernissages d’expositions artistiques et autres soirées chic afin de mieux en révéler l’hypocrisie. Derrière les beaux costumes et les sourires de façade se dissimulent des manigances et trafics bien peu respectables. Comme on est dans une série B assez putassière, le cinéaste ne fait pas dans la dentelle en mélangeant allègrement trafic de contrefaçons artistiques, de drogue, mais aussi prostitution et même finalement traite des blanches.
Des personnages moins flamboyants et une réalisation un peu molle
Autant dire qu’Angel 3 (1988) se conforme au cahier des charges classique du film d’exploitation, avec un nombre conséquent de plans dénudés et une tendance à dénoncer les déviances des milieux privilégiés dans un grand bain de populisme facile. Afin de compenser la disparition de personnages secondaires pourtant indispensables – on a perdu ici Rory Calhoun et également Susan Tyrrell – Tom DeSimone a inventé un nouveau protagoniste gay interprété par le comique Mark Blankfield. On notera d’ailleurs que ce dernier joue l’homosexuel de manière moins parodique que ses prédécesseurs de la saga.
Malheureusement, si le réalisateur parvient à intégrer ces nouveaux personnages sans trop de dommages, ils font tout de même pâle figure à côté de ceux des premiers épisodes. De même, son script – pas le pire dans le genre – manque quelque peu d’enjeu dramatique pour pleinement passionner. Enfin, il faut ajouter à cela une réalisation qui, si elle semble plus maîtrisée que celle foutraque de Robert Vincent O’Neil, manque tout de même de flamboyance. Ainsi, Tom DeSimone ne semble pas particulièrement à l’aise avec les séquences d’action qui sont peu nombreuses et qui pâtissent d’une lenteur d’exécution dommageable.
Un troisième épisode sorti directement en VHS en France
Davantage tourné vers le drame que vers l’action pure, Angel 3 ne semble donc pas totalement assumer son statut de film d’exploitation, tout en en reprenant les codes. On notera enfin que la plongée dans les coulisses du porno déçoit fortement de la part d’un réalisateur sait pourtant pertinemment de quoi il parle. Ce qui en ressort paraît bien timide et édulcoré, au grand dam du spectateur qui y voyait l’occasion de moments comiques et donc savoureux. Finalement, Angel 3 n’est pas forcément un mauvais film, mais il manque singulièrement de punch, d’humour et surtout de second degré.
Sorti aux États-Unis dans l’indifférence générale, Angel 3 n’a eu le droit qu’à une sortie en VHS sur notre territoire en 1990. Par la suite, il a fallu attendre la résurrection de la saga par Carlotta pour le découvrir en DVD et en blu-ray. L’éditeur a vraisemblablement fait volontairement l’impasse sur Angel 4 : Undercover (Schenkman, 1994), exploitation vidéo tardive avec une quatrième actrice à la barre, la sculpturale Darlene Vogel découverte dans Retour vers le futur 2 (Zemeckis, 1989).
Critique de Virgile Dumez
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