Amigo !…Mon colt a deux mots à te dire est un western dans lequel on jette les colts au puits et où tout se règle à coups de baffes, qui ne sombre pas trop dans la vulgarité pour autant.

Synopis : Hiram Coburn est un vagabond poursuivi sans relâche par un tueur pour une affaire de mœurs. Coburn va croiser la route de Chip Anderson, un petit garçon qui a hérité d’un vieux ranch suscitant des intérêts suspects.

Critique : Un an après le second volet des Trinita, Bud Spencer revient sans son comparse Terence Hill pour un nouveau western comique, Amigo… Mon colt a deux mots à te dire. Dès lors, un léger changement de registre s’opère, puisque l’on se trouve ici davantage devant un western pour enfants que devant un western « fayot » aux dérives vulgaires. En effet, notre ours mal léché préféré se voit ici affublé d’un petit garçon qui, fort heureusement, aurait pu être bien plus crispant.

Un Bud Spencer attachant à la tête d’un casting talentueux.

Tout le charme du film réside dans le personnage de Bud Spencer, un bon gros géant bougon et nonchalant pris dans des situations toutes plus folles que les autres, alors qu’il n’aspire qu’à un peu de tranquillité. Ainsi, ce marginal farouchement attaché à son indépendance, devra, bon gré mal gré, faire société et composer avec un marmot et une femme qu’on lui somme d’épouser. En effet, Jack Palance, frère de cette dernière, traque Spencer pour que l’union soit conclue afin de pouvoir l’éliminer et faire de sa sœur une veuve respectable. Palance incarne donc de manière savoureuse un personnage retors, qui fera, avec forces mimiques, sourire tous ceux que le cabotinage outrancier ne rebute pas. Le contraste avec le monolithe Bud Spencer n’en est donc que plus saisissant. Le reste du casting se débrouille tout aussi bien, l’intérêt du métrage reposant en grande partie sur son interprétation.

Amigo!… mon colt à deux mots à te dire en VHS en France, chez Sunset Vidéo © 1972 Productions Jacques Roitfeld

Amigo !…Mon colt a deux mots à te dire souffre d’une écriture imparfaite qui ne cède toutefois pas à la facilité.

Malgré ses qualités, Amigo !…Mon colt a deux mots à te dire pourra rebuter à cause de sa lenteur, quand bien même le script développe plusieurs intrigues. Malheureusement, on peine à croire aux motivations un peu trop grotesques de certains personnages, et l’ennui pourra aussi venir de bagarres un peu trop répétitives. A noter enfin que l’humour assez misogyne du métrage, et surtout sa conclusion très maladroite, jurent avec la dimension familiale du film et pourront heurter une frange du public contemporain.

Amigo !…Mon colt a deux mots à te dire bénéficie d’une production très décente.

Pour ce qui est de la technique et de la réalisation, Amigo…Mon colt a deux mots à te dire semble avoir bénéficié d’un budget plutôt correct. Il tire parti de décors espagnols, mis en valeur par une bonne photographie, parmi lesquels on reconnaîtra le fameux ranch d’Il était une fois dans l’Ouest, d’ailleurs prétexte à une référence explicite au film par le truchement d’une réplique de Spencer. La réalisation, si elle manque de personnalité, tire profit des moyens à disposition. Plusieurs plans dénotent ainsi l’usage de grues et de rails. Enfin, le thème musical du film, signé Luis Bacalov sert parfaitement le métrage du fait de ses accents à la fois comiques et mélancoliques.

Amigo!… mon colt à deux mots à te dire en DVD (2017). © 1972 Productions Jacques Roitfeld. © 2016 LCJ Editions & Productions.

Amigo !…Mon colt a deux mots à te dire est un divertissement léger sans prétentions.

Loin d’être un grand film, Amigo !…Mon colt a deux mots à te dire demeure un des rares spécimens décents de westerns spaghetti comiques. On le recommandera surtout aux admirateurs de Bud Spencer, pour peu que l’aspect enfantin de l’entreprise ne les rebute pas. Cette propension à s’adresser à un public jeune, finalement assez symptomatique du déclin d’un genre d’abord connu pour sa violence sans concessions, se retrouvera dans les sympathiques Selle d’argent ou On m’appelle Malabar.

Critique : Kevin Martinez

Box-office France : Bud Spencer en 1974

Sorti à Paris en plein milieu de l’été 1974, Amigo !…Mon colt a deux mots à te dire est resté deux semaines à l’affiche. En intra-muros, le western spaghetti est à l’affiche du Marignan Pathé, du Français, de la Fauvette, du Montparnasse Pathé et du Clichy Pathé. Le western passe de 11 471 spectateurs à 5 125 spectateurs en 2e semaine et achève sa carrière à 16 596 entrées. La série B italienne commence à tourner en France dès le mois d’août. Au milieu de l’été, elle débarque à Marseille au K7 et Drive-in et réalise 2 002 entrées, ce qui lui vaut la 4e place de la semaine.

Bud Spencer sera très vite de retour à l’écran avec, le 21 août Attention, on va s’fâcher, en compagnie de Terence Hill. Un carton qui est alors distribué par Warner.

Au total, Bud Spencer aura dégainé 4 films en 1974, puisqu’en avril il partageait le haut de l’affiche avec Giuliano Gemma dans Les anges mangent aussi des fayots, et en mai, il figurait aux côté de James Coburn et Telly Savalas dans Une raison pour vivre, une raison pour mourir. Amigo !…Mon colt a deux mots à te dire sera celui qui réalisera le moins d’entrées en France, avec seulement 186 799 entrées, loin des 2 184 849 entrées d’Attention, on va se fâcher.

Les westerns spaghettis sur CinéDweller

Amigo!… mon colt à deux mots à te dire, de Maurizio Lucidi, affiche d’Yves Thos. Tous droits réservés.