Les anges mangent aussi des fayots est une comédie potache, typiquement italienne, réunissant avec plus ou moins de bonheur, Giulianno Gemma et Bud Spencer.
Synopsis: Dans le New York de la Grande Dépression, le destin réunit deux hommes que tout oppose. D’un côté, Charlie, un catcheur qui se retrouve sans emploi après avoir refusé de perdre un combat. De l’autre, Sonny un vagabond rêveur qui vit de petits boulots. Les deux décident de s’associer en devenant les hommes de main du parrain local, Angelo. Mais leur bon cœur et leur maladresse vont très vite leur causer des soucis dans l’univers impitoyable de la pègre.
L’ombre du western parodique plane sur Les anges mangent aussi des fayots
Critique: Les anges mangent aussi des fayots est un pur produit des années 70 en ce qui concerne son titre improbable. Néanmoins, si trivial qu’il paraisse, il nous donne plus d’informations sur le contexte de création du film qu’il n’y parait de prime abord. En effet, la figure de l’ange fait référence à l’acteur Giuliano Gemma, que l’on surnommait “angel face” suite à son rôle dans Un Pistolet pour Ringo de Duccio Tessari en 1965. Les fayots, quant à eux renvoient à l’imagerie des westerns spaghetti parodiques, dans lesquels on en mange effectivement beaucoup, et dont le représentant le plus célèbre est On l’appele Trinita (1971) du même Enzo Barboni.
Un registre burlesque
Le titre explicite donc la volonté première du film: introduire Giuliano Gemma, représentant international de l’élégance à l’italienne, dans le monde de la comédie potache. Il ne s’agit néanmoins pas de sa première incursion dans la comédie, puisqu’il avait déjà tourné dans Mort ou vif…de préférence mort de Ducci Tessari en 1969.
Les anges mangent aussi des fayots met en scène un duo inattendu
L’inédit vient plutôt du fait qu’il est ici associé à Bud Spencer, prenant la place d’un certain Terence Hill. Gemma s’en sort honorablement même si on ne peut s’empêcher de penser que le rôle aurait mieux convenu à l’interprète de Trinita, son alchimie avec Spencer étant plus efficace. Ce dernier distribue ici ses baffes de toujours, ce qui constitue un ressort comique indéniable du film. Mention spéciale à sa tenue de catcheur, dont le ridicule pourra arracher quelques sourires.
Échauffourées chez les gangsters
Tout comme dans les westerns sus-cités, les empoignades homériques sont le principal atout des anges mangent aussi des fayots. Un autre point fort repose dans le choix du cadre. Exit le désert d’Almeria censé représenter le Texas, nous sommes ici à New York pendant la grande dépression, les quelques plans en extérieur ayant vraiment été filmés dans la ville qui ne dort jamais.
L’argument n’est que prétexte à des scènes de bagarre carnavalesques et réussies.
Cette relative originalité ne parvient pas à contrebalancer un scénario prévisible et déstructuré, duquel découle un rythme parfois poussif. Les situations sont souvent lourdingues et peinent même à faire sourire l’enfant qui sommeille en nous. Les anges mangent aussi des fayots n’exploite brillamment qu’un seul type de comique. Il est décevant de constater que les situations, les caractères et les dialogues auraient pu être davantage travaillés. Certes, le personnage de l’informateur Judas renvoie à la culture biblique dans la grande tradition du cinéma Italien, avec des références explicites au Mont des Oliviers et aux trente deniers, mais Barboni amène ces mentions avec un manque de subtilité flagrant.
Un aspect technique peu concluant
La réalisation, quant à elle, se cantonne au strict minimum. Si l’action est lisible en toutes circonstances, aucune personnalité ne se dégage des choix de Barboni. Nous sommes en présence d’un pur produit d’exploitation dont la composante artistique est réduite à sa plus simple expression. Le choix de la musique, horripilante au possible, confirme cet état de fait. On aurait ainsi aimé profiter d’un thème ridiculement accrocheur comme celui d’Adieu l’ami, salut le trésor de Sergio Corbucci.
Les anges mangent aussi des fayots ne rencontra pas un aussi grand succès en France qu’On l’appelle Trinita (254 931 entrées contre 2 624 948). Néanmoins, il n’hypothéquera pas la collaboration entre Gemma et Barboni, que l’on retrouvera un an plus tard dans une suite, Même les anges tirent à droite, sans Spencer cette fois.
Critique : Kevin Martinez