A la croisée des mondes – la boussole d’or : la critique du film (2007)

Aventures, Conte fantastique, Action | 1h53min
Note de la rédaction :
5.5/10
5.5
A la croisée des mondes, la boussole d'or

  • Réalisateur : Chris Weitz
  • Acteurs : Nicole Kidman, Ian McShane, Daniel Craig, Eva Green, Kristin Scott Thomas, Kathy Bates, Christopher Lee, Ian McKellen, Derek Jacobi, Simon McBurney, Tom Courtenay, Sam Elliott, Jim Carter, Freddie Highmore, Dakota Blue Richards
  • Date de sortie: 05 Déc 2007
  • Année de production : 2007
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : The Golden Compass
  • Titres alternatifs : La brújula dorada (Espagne), Det gylne kompasset (Norvège), Der goldene Kompass (Allemagne), A Bússola Dourada (Portugal), Det gyldne kompas (Norvège), Guldkompassen (Suède), Altın pusula (Turquie), Az arany iránytű (Hongrie), La bussola d'oro (Italie), Busola de aur (Roumanie)...
  • Autres acteurs : Ben Walker, Jim Carter, Edward de Souza, Jack Shepherd, Magda Szubanski, Clare Higgins, Charlie Rowe
  • Scénariste : Chris Weitz
  • D'après le roman de : Philip Pullman (A la Croisée des mondes : les Royaumes du Nord / Norther Lights en VO)
  • Monteur : Anne V. Coates, Peter Honess, Kevin Tent
  • Directeur de la photographie : Henry Braham
  • Compositeur : Alexandre Desplat
  • Chef costumier : Ruth Myers
  • Chef décorateur : Denis Gassner
  • Superviseur des effets visuels : Michael Fink
  • Producteurs : Bill Carraro, Deborah Forte
  • Producteurs exécutifs : Toby Emmerich, Michael Lynne, Ileen Maisel, Andrew Miano, Mark Ordesky, Robert Shaye, Paul Weitz
  • Sociétés de production : New Line Cinema, Ingenious Film Partners, Scholastic Productions, Depth of Field
  • Distributeur : Metropolitan FilmExport
  • Editeur vidéo : Metropolitan Vidéo
  • Date de sortie vidéo : 15 octobre 2008 (DVD, Edition Collector 2 DVD, Blu-ray)
  • Budget : 180 000 000$
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 3 001 796 entrées / 619 147 entrées
  • Box-office nord-américain / monde : 70 107 728$ / 372 234 864$
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 2.35 : 1 / Couleur (35mm) / Dolby Digital, SDDS, DTS
  • 32 Nominations dont 2 nominations aux Oscars (2008), 4 nominations aux Saturn Awards (2008), 2 nominations aux Critics Choice Awards (2008), 2 nominations aux Young Artist Awards (2008), 5 nominations aux Satellite Awards (2007)
  • 6 Récompenses : Oscar des meilleurs effets spéciaux
  • Illustrateur/Création graphique : Adaptation affiche © Troika. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © 2007 New Line Cinema. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Attachés de presse : François Frey, Sophie Martin, Olivia Malka (Kinema)
  • Franchise : A la Croisée des mondes (1 seul film, franchise avortée)
Note des spectateurs :

Sans être honteuse, l’adaptation du premier volet de la trilogie d’A la croisée des mondes laisse un arrière-goût de déjà-vu. Trop policé et légèrement ennuyeux, cet incontournable de la fin de l’année 2007 a été un tel bide aux USA que les aficionados purs et durs de ce type de chroniques épiques n’ont jamais pu en voir la suite.

Synopsis : Lyra, 12 ans, est une orpheline rebelle qui vit à Jordan College, un établissement de l’Université d’Oxford, dans un monde parallèle qui ressemble au nôtre mais qui a évolué de façon un peu différente. Elle a pour compagnon Pantalaimon, son dæmon, un être capable de prendre de nombreuses formes animales.
Le monde de Lyra est en train de changer. L’organisme gouvernemental global, le Magisterium, resserre son emprise sur le peuple. Ses sombres activités l’ont poussé à faire enlever des enfants par les mystérieux Enfourneurs. Parmi les gitans, qui ont perdu beaucoup des leurs, court une rumeur : les enfants sont emmenés dans une station expérimentale quelque part dans le Nord, et on pratique sur eux d’abominables expériences…
Lorsque Roger, le meilleur ami de Lyra, disparaît à son tour, la petite fille jure d’aller le chercher, jusqu’au bout du monde s’il le faut…

Critique : Premier volet ultra-coûteux (un budget avoisinant les 200 millions de dollars) d’une trilogie qui ne se concrétisera jamais, La boussole d’or était un pari fou.

Un pari risqué pour New Line Cinema

L’adaptation du succès littéraire britannique de Philip Pullman, Les Royaumes du Nord – His dark materials en version originale était un énorme risque pour New Line et Robert Shaye déjà à l’origine du triomphe en trois parties du Seigneur des anneaux, mais la période de l’année (à laquelle d’autres best-sellers avaient fait leurs premiers pas cinématographiques comme Harry Potter ou Narnia) devait être propice à l’indulgence des jeunes spectateurs et de leurs parents, d’autant que la promotion était gargantuesque. Donc, a priori, tous les espoirs étaient permis pour ce blockbuster calibré pour illuminer le monde de ses splendeurs polaires. C’était sans compter la réalité qualitative du film : l’enthousiasme en sortant de la salle n’était pas au rendez-vous et la déception pointait déjà à l’horizon.

Des effets visuels impressionnants mais un manque d’âme

En effet, si cette production n’est nullement honteuse – elle foisonne d’effets spéciaux effarants, de décors féeriques merveilleux comme un pôle Nord teinté d’onirisme, royaume d’imposants ours blancs plus vrais que nature et champ de bataille burtonien marqué par un ballet aérien de sorcières – il lui manque l’essentiel. De l’incarnation.

Un mélange de références sans véritable originalité

Trop occupé à soigner les clichés, le réalisateur Chris Weitz (le choix du réalisateur d’American pie était-il pertinent?) emprunte en vrac à NarniaHarry Potter, au Seigneur des anneaux, à Jules Verne, et livre un objet illustratif, diaporama de vignettes étonnantes, dans lequel il est difficile néanmoins de pénétrer. Son travail, appréciable, se suit sans déplaisir, mais sans jamais investir le spectateur qui reste toujours aux portes de cet univers de fantaisie mille fois décrit, mille fois fantasmé, et déjà sublimé graphiquement parlant par la poésie d’Happy feet, qui sortait un an auparavant.

L’accent anglais des jeunes protagonistes ; la figure brave de l’ours polaire, sorte d’Aslan du grand froid débarrassé de tout habillage religieux ; le combat final conjuguant les forces de sorcières, de loups, de pirates et de gitans… Du déjà-vu. Au final, rien ne nous captive au-delà de la simple beauté des images, qui est indéniable au milieu de ce conte épique stéréotypé.

A la croisée des mondes, la boussole d'or - Affiche teaser

A la croisée des mondes, la boussole d’or – Affiche teaser / Design : The Refinery, adapté par Troika, d’après photo de Jason Bell – Copyright : 2007 New Line Cinema. All Rights Reserved.

La faiblesse narrative est d’autant plus perceptible que le récit fait parfois dans l’économie d’explications et se permet, pour ne pas dépasser la durée canonique des deux heures, d’emprunter des raccourcis un peu expéditifs. Pis, il tarde aussi à se mettre en place et l’on se surprend à s’ennuyer un peu dans une première partie moins rocambolesque. Si l’on ajoute à cette liste de menus défauts une certaine frustration d’adulte provenant du caractère enfantin du casting. Beaucoup de gnomes à la base de l’histoire éclipsent les quelques stars adultes sous-employées dans ce premier volet (Kidman, sans expression, semble figée quand elle apparaît, et Daniel Craig paraît davantage concentré par le prochain James Bond entre ses rares et très courtes apparitions) et l’on se retrouve face à une déception, belle et classieuse, aux allures de carte postale du grand Nord envoyée par un petit cousin lointain.

Box-office d’A la Croisée des mondes : la boussole d’or

Avec 70 107 728$, l’échec américain d’À la croisée des mondes a été l’un des plus violents connus aux USA durant la décennie 2000. Un véritable accident industriel, d’une cruauté biblique. Les critiques ternes, jamais catastrophiques, mais pas à la hauteur d’un tel blockbuster, ont probablement mis en garde les spectateurs, mais un tel déshonneur est rare. La superproduction achève l’année américaine en 41e position, derrière Le secret de Terabithia (budget de 17M$, mais 82M$ de recettes). Les films de saison Je suis une légende (256M$), Alvin et les Chipmunks (217M$), La nuit au musée (250M$), Benjamin Gates et le Livre des secrets (219M$), l’ont tous écrasés.

Un désastre aux USA

Le premier week-end (26M$ dans 3 528 salles) largement insuffisant a été suivi par une baisse de 65.5% lors du second week-end. À la croisée des mondes passe sous la barre des 10M$ et, même durant la semaine de Noël, ne parviendra jamais à remonter la barre. Le week-end long du 21 au 25 décembre, la production mise en place pour briller cette semaine-là est 8e, avec 6 837 000$…

Ce flop est préjudiciable pour New Line, alors sous le giron de Warner, mais qui, l’année suivante, va voir ses têtes fondatrices remerciées, pour en devenir une simple unité de production au sein du studio WB.

L’un des plus gros scores historiques de Metropolitan FilmExport en France !

Ce score catastrophique est d’autant plus préjudiciable qu’à l’international, de nombreux marchés ont été réceptifs. Le bide américain ne doit pas effacer les succès britanniques (53M$), japonais (33M$), Sud-Coréen (22.5M$) et Allemand (21M$). En France, le distributeur Metropolitan FilmExport en a tiré un énorme succès sur la durée, puisqu’avec un lancement de 769 000 entrées dans 767 salles, le film tiendra la route pendant 6 semaines au-dessus des 100 000 entrées. Le blockbuster multipliera par 4 sa mise de départ, puisqu’au final ce sont 3 millions de spectateurs qui verront le film dans l’Hexagone. Le film sera encore à l’affiche deux mois plus tard, lors des vacances d’hiver.

Pour le distributeur Metropolitan FilmExport, sur près de 200 sorties dans les années 2000, il s’agira du 4e plus gros score de la société française, derrière la trilogie Le Seigneur des anneaux et Le Pacte des loups. À la croisée des mondes : la boussole d’or atteindra la 9e place annuelle en France.

Frédéric Mignard

Les sorties de la semaine du 5 décembre 2007

A la croisée des mondes, la boussole d'or

A la croisée des mondes, la boussole d’or – Affiche – Design : The Refinery, adapté par Troika, d’après photo de Jason Bell – Copyright : 2007 New Line Cinema. All Rights Reserved.

Voir A la croisée des mondes, la boussole d’or sur Netflix

Biographies +

Chris Weitz, Nicole Kidman, Ian McShane, Daniel Craig, Eva Green, Kristin Scott Thomas, Kathy Bates, Christopher Lee, Ian McKellen, Derek Jacobi, Simon McBurney, Tom Courtenay, Sam Elliott, Jim Carter, Freddie Highmore, Dakota Blue Richards

x