Steve Coogan est un comique anglais connu pour le personnage d’Alan Partridge, qu’il incarne à la radio, télévision dans une sitcom et sur scène. Au cinéma, il a travaillé avec son complice Michael Winterbottom et Stephen Frears, accomplissant une carrière exemplaire qui l’a mené jusqu’à Hollywood.

Steve Coogan est une star au Royaume-Uni. Son personnage fictif d’Alan Partridge, cocréé avec Armando Iannucci, parodie des présentateurs britanniques, lui vaudra une ribambelle de prix pendant trente ans. Le personnage crée pour la radio s’installe à la télévision, avec sitcom, épisode spécial de Noël, téléfilms… Il vend sa propre autobiographique parodique dans le commerce (2011), et trouve même, en 2013, le chemin des salles avec Alan Partridge: Alpha Papa. La comédie, mise en scène par Declan Lowney, réalisera 9M$ au Royaume-Uni, mais aura beaucoup de mal à trouver des territoires où s’exporter en raison du caractère local de ce personnage. En fait, cette année-là, le monde accueillera Steve Coogan avec beaucoup plus d’entrain dans Philomena de Stephen Frears qui dépassera les 100M$ de recettes dans le monde et lui permet de décrocher un prix à Venise et aux BAFTA pour le meilleur scénario adapté.

Steve Coogan, des BAFTA à la pelle

Néanmoins, le personnage d’Alan Partridge est celui de toutes les récompenses pour l’humoriste qui, dès 1994 remporte son premier British Comedy Awards autour de sa création culte. Il réitèrera en 1998 et 2003. Mieux, Steve Coogan à travers ses interprétations parodiques, cumule les BAFTA, avec deux prix en 1998, un BAFTA en 2011, un autre en 2013, et un dernier en 2017. Récemment, en 2022, il était encore nommé au BAFTA de la meilleure interprétation masculine pour le programme comique This Time with Alan Partridge.

Au cinéma, Steve Coogan tient des rôles dans des comédies diverses comme L’Indien au placard, remake du succès français Un Indien dans la ville (1995), Du vent dans les saules de Terry Jones (1996) et la comédie policière The Parole Officier, son premier grand rôle de cinéma en 2001. Il en est le héros total. La comédie sort en DVD dans l’Hexagone, sous le titre Mr. Garden, sans trouver le même succès qu’outre-Manche.

24 Hour Party People, Coogan et Michael Winterbottom se trouvent

En 2002, Michael Winterbottom offre à Steve Coogan le rôle qui va faire évoluer sa carrière d’acteur au firmament. Le comédien revêt la personnalité culte et cynique de Tony Wilson, figure pivot de la scène musicale rock du Manchester des années 1977-97, dans 24 Hour Party People. Un virage dramatique qui lui permet d’entamer une carrière cinématographique différente

L’acteur collaborera à nouveau avec le cinéaste britannique dans l’adaptation du la biographie fictive et farfelue imaginée par  Laurence Sterne, Life & Opinions of Tristram Shandy. Intitulé Tournage dans un jardin anglais, ce projet commun ne sera pas à la hauteur du roman inadaptable. En 2010, les deux compères sortent The Trip, road-movie culinaire où l’humoriste campe son propre rôle, puis A Very Englishman qui tente avec moins de succès de reproduire le phénomène 24 Hour Party People. Cette fois-ci Coogan investit la vie de Paul Raymond, fondateur de clubs de strip-tease et de revues de charme dans les années 50.

Michael Winterbottom et Steve Coogan reprendront régulièrement le concept de The Trip dans d’autres périples étrangers : un second en Italie (The Trip to Italy, 2014), un troisième en Espagne (The Trip to Spain, 2017) et enfin un quatrième film en Grèce (The Trip to Greece, 2020). Le manque de notoriété des deux artistes en France n’a pas permis à ces trois autres opus d’être distribués sur notre territoire où The Trip n’avait été vu que par 55 000 spectateurs. En 2019, le cinéaste Michael Winterbottom dirige encore son pote dans la comédie Greed, avec Isla Fisher et Asa Butterfield, mais le film est encore une fois inédit dans nos salles où l’humour de la star n’a jamais pris.

Steve Coogan, célèbre jusqu’aux Etats-Unis

Vedette appréciée aux USA, Coogan trouve régulièrement sa place dans des productions à gros budget : il est Phileas Fogg dans Le tour du monde en 80 jours, en 2004, adaptation de Jules Verne à l’échec effroyable malgré la présence de Jackie Chan et d’Arnold Schwarzenegger. On y trouvait d’ailleurs les acteurs francophones Cécile de France et Michaël Youn. Pas rancunier, les studios hollywoodiens l’engagent dans la trilogie de La nuit au musée, Tonnerre sous les tropiques de son copain Ben Stiller, Percy Jackson : le voleur de foudre et sa suite La mer des monstres où il prête ses traits au dieu de la mort Hadès, mais aussi Very Bad Cops d’Adam McKay, The Dinner remake du Diner de cons….

Le talent vocal de Steve Coogan lui permet d’être également régulièrement engagé dans des d’animation ou des productions live avec des animaux parlants : Marmaduke, Moi, moche et méchant 2, Les Minions...

Le cinéma indépendant continue à lui faire du pied : Coffee and Cigarettes de Jim Jarmusch, Marie Antoinette de Sofia Coppola, Hamlet 2 d’Andrew Fleming, avec Catherine Keener, David Arquette, et Elisabeth Shue, Elle s’appelle Ruby (Ruby Sparks) de Jonathan Dayton et Valerie Faris. Il est également Stan Laurel dans le biopic sur Laurel et Hardy, Stan & Ollie, aux côtés de John C. Reilly en 2019.

En 2022, huit ans après Philomena, sort sa nouvelle collaboration avec le cinéaste Stephen Frears, The Lost King, dont il est le co-scénariste. Le film est mineur et ne lui offre pas son personnage le plus passionnant. Au moins, lui permet-il de revenir à l’affiche de nos cinémas où l’on commençait à l’oublier, près de 33 ans après la sortie de L’indien du placard, où les Français ont pu le découvrir sans grande passion.

Frédéric Mignard