Réalisateur, scénariste, producteur et superviseur sonore français, Philippe Lioret est né en 1955 à Paris. Le jeune homme entre dans le monde du cinéma par le biais de la technique sonore. Ainsi, dès 1982, Philippe Lioret devient assistant-son sur Y a-t-il un Français dans la salle ? (Jean-Pierre Mocky, 1982).
Plus de dix ans passés en tant que technicien du son
Il monte en grade assez rapidement et devient un technicien sonore très demandé qui officie sur des grosses machines comme Papy fait de la résistance (Jean-Marie Poiré, 1983), P.R.O.F.S. (Patrick Schulmann, 1985) et qui peut même travailler avec des grands noms comme Robert Altman sur Beyond Therapy (1987). Lioret devient aussi un fidèle collaborateur de Michel Deville sur Le paltoquet (1986), La lectrice (1988) et Nuit d’été en ville (1990). Parmi ses autres contributions majeures, on peut signaler Romuald et Juliette (Coline Serreau, 1989) et Hiver 54, l’abbé Pierre (Denis Amar, 1989).
Le passage à la réalisation dans les années 90
Pourtant, durant toute cette période, Philippe Lioret envisage aussi d’écrire et de réaliser. Il y parvient finalement en 1993 avec la comédie Tombés du ciel (1993) avec Jean Rochefort. Le métrage obtient plutôt des bonnes critiques mais se crashe à 102 391 spectateurs, à une époque où les salles étaient encore vides des suites de la crise du cinéma.
Il a fallu plusieurs années après cet échec commercial pour que Philippe Lioret revienne derrière la caméra pour une nouvelle comédie intitulée Tenue correcte exigée (1997) avec Jacques Gamblin. Cette fois, le public accroche davantage avec 282 960 spectateurs dans les salles. Il ne s’agit pourtant pas d’un succès mémorable et la carrière de cinéaste de Philippe Lioret semble patiner.
Les succès mérités des années 2000
Avec Mademoiselle (2001), Philippe Lioret va enfin commencer à trouver son style. Porté par une Sandrine Bonnaire au sommet de sa carrière, le long métrage séduit les critiques et le grand public. Le résultat est faramineux pour une œuvre de ce type avec 726 610 entrées. Cette fois-ci, Philippe Lioret commence à se faire un nom auprès des cinéphiles. Trois ans plus tard, il retrouve sa muse Sandrine Bonnaire pour L’équipier (2004), un beau triangle amoureux qui est un autre joli succès avec 699 900 Bretons dans les salles.
© 2009 Nord-Ouest Films / Affiche : Le Cercle Noir. Photographie : Guy Ferrandis. Tous droits réservés.
Cette belle entame va être confirmée par l’énorme succès rencontré par son drame suivant intitulé Je vais bien, ne t’en fais pas (2006) qui tutoie le million d’entrées (903 692 précisément). Il fait de Mélanie Laurent une vedette et crédibilise le comique Kad Merad en acteur dramatique.
Avec Welcome (2009), le cinéaste offre à Vincent Lindon l’un de ses plus beaux rôles et anticipe la mode des films sur les migrants d’une bonne dizaine d’années. Son film, d’une belle humanité, touche au cœur 1 205 065 spectateurs qui ne votent pas pour l’extrême droite. Il s’agit de son plus gros succès en salles, largement mérité.
Les difficiles années 2010
Cette belle acuité du regard ne se retrouve guère dans son film suivant où il filme à nouveau Vincent Lindon. Toutes nos envies (2011) est une œuvre sociale trop programmatique qui manque de spontanéité. La sanction du grand public est sans appel avec seulement 354 752 endettés.
Après une pause nécessaire, Philippe Lioret revient en force avec le magnifique drame franco-québécois Le fils de Jean (2016) qui plaît aux critiques et arrive à mobiliser 384 368 spectateurs malgré l’absence de nom porteur sur l’affiche. Toutefois, la déception est de mise à cause d’un budget plutôt élevé. En 2020, Philippe Lioret tourne un téléfilm et finit par revenir au cinéma avec l’adaptation de Roméo et Juliette dans le contexte social français contemporain. 16 ans (2022) est un nouveau joli film qui ne trouve pas son public et se vautre à 64 701 entrées, soit son plus mauvais résultat sur l’ensemble de sa carrière.
Pris dans la tourmente post #MeToo
Pire, en 2024, Philippe Lioret est accusé par dix actrices d’agressions sexuelles, notamment lors d’auditions un peu trop poussées. Certaines anciennes collaboratrices évoquent aussi des abus de pouvoir. Le cinéaste est donc dans la tourmente judiciaire et réfute ces accusations portées contre lui. L’affaire est en cours…