Patrick Schulmann est l’un des réalisateurs de comédie françaises les plus cocasses, fortement influencé par les Marx Brothers et l’esprit d’Hara Kiri et du Professeur Choron. Il connaîtra deux succès providentiels dans sa carrière. En 1979, il réalise Et la tendresse ? Bordel ! Un triomphe absolument culte, qui dépasse les 3 359 170 spectateurs et impose le nom de Jean-Luc Bideau, son acteur fétiche. La comédie érotique volontairement beauf est un phénomène dont il tournera une suite en 1984, Et la tendresse ? Bordel ! 2, également intitulé Zig Zag Story, titre du cinéaste.
Le réalisateur de P.R.O.F.S, c’est lui
En 1985, en mettant en scène Patrick Bruel en jeune prof glandeur, dans le bien nommé P.R.O.F.S., Schulmann retouche le jackpot avec pas moins de 2 845 580 écoliers en manque de turpitudes cinématographiques. Le film exploite le filon juteux des comédies adolescentes lycéennes (Les sous-doués passent le bac, Le bahut va craquer, Les diplômés du dernier rang). Parmi les acteurs, on retrouve Fabrice Luchini, un habitué du cinéaste. Le jeune comédien est une révélation pour le grand public et goûte enfin au succès populaire après des rôles chez Rohmer (Le genou de Claire, Perceval le Gallois, La femme de l’aviateur, Les nuits de la pleine lune) et dans le cinéma érotique (Contes immoraux, Emmanuelle 4).
Cinéaste étonnant, aimant mêler les humours et les tonalités diverses, suscitant la surprise dans le foisonnement de gags de ses scripts, à la fois visuels et verbaux, Patrick Schulmann réalise en 1987 son meilleur film, Les oreilles entre les dents, qui est malheureusement un échec effroyable au box-office, avec 94 385 spectateurs sur la France. Le distributeur UGC n’a pas réussi à vendre cet OVNI et ratera de la même manière la carrière VHS de ce film, avec une jaquette hideuse. Dommage, le film avait tout pour être un succès du cinéma culte.
La fin de carrière de Patrick Schulmann
Vivant mal cet échec injuste, Patrick Schulmann est contraint d’arrêter le cinéma pendant douze ans, devient reporter pour la télévision et tourne quelques documentaires pour Envoyé spécial. Il essaye de tourner un film à gros budget et à effets spéciaux, mais ne peut pas mener à bien ce projet. Il ne revient au cinéma qu’en 1998, avec une comédie d’action anachronique, mais puissamment féroce. Comme une bête, qui lui a pris trois années d’écriture, révèle le jeune Sagamore Stevenin. Encore une réussite boudée par les spectateurs (76 602 entrées). Cela sera son ultime long puisque le cinéaste décède à peine la cinquantaine dépassée, en 2002, des suites d’un accident de la route tragique, en perdant de nuit le contrôle de son véhicule.
Schulmann était un artiste complet, soignant ses scripts, toujours prompt aux trouvailles diverses, et agrémentant tous ses longs métrages de ses propres compositions musicales. Il avait d’ailleurs commencé sa carrière comme auteur, compositeur et chanteur, dans les années 70.
Il manque cruellement à la comédie française, même si tous ses films n’ont pas été à la hauteur : la comédie fantastique Rendez-moi ma peau et Aldo et Junior, divertissement avec Aldo Maccione d’après la bande dessinée de Wolinski, étaient de qualité moindre.
Porté sur l’humour et l’histoire, ce grand monsieur avait connu l’horreur des camps de concentration via sa mère et sa tante, toutes deux rescapées du camp d’Auschwitz-Birkenau.
Son fils Tristan Schulmann travaille également dans le cinéma. Il est scénariste (Goal of the Dead, Un peu, beaucoup, aveuglément, Antigang) et a coréalisé un documentaire sur le cinéma de genre horrifique français.
Filmographie :
- 1979 : Et la tendresse ? Bordel !
- 1980 : Rendez-moi ma peau…
- 1983 : Zig Zag Story / Et la tendresse ? Bordel ! 2
- 1984 : Aldo et Junior
- 1985 : P.R.O.F.S
- 1987 : Les Oreilles entre les dents
- 1998 : Comme une bête