Paolo Taviani

Réalisateur, Scénariste
La nuit de San Lorenzo, l'affiche

Personal Info

  • Nationalité : Italien
  • Date de naissance : 8 novembre 1931 à San Miniato (Italie)
  • Date de décès : 29 février 2024 à Rome (Italie)
  • Crédit visuel : © 1982 RAI Radiotelevisione Italiana - Ager Cinematografica / Affiche : Michel Landi. Tous droits réservés.

Biographie

Note des spectateurs :

Réalisateur et scénariste italien, Paolo Taviani est le cadet des frères Taviani né en 1931 à San Miniato en Italie. Avec son frère aîné Vittorio, il a formé un duo de cinéastes majeurs des années 70-80, constituant un combo solide et tournant tous leurs films en commun, alternant chacun l’écriture et la réalisation en fonction des scènes. Ils sont nés tous les deux dans la famille d’un avocat et ont ainsi pu accéder à l’université à Pise. Toutefois, après avoir découvert l’œuvre de Roberto Rossellini, ils choisissent d’abandonner leurs études et de se consacrer entièrement au cinéma.

Les frères Taviani, des débuts sous le signe du documentaire

Ainsi, ils fondent le ciné-club de Pise vers 1950, puis partent pour Rome où ils deviennent assistants de leur maître à penser Roberto Rossellini sur Rivalita (1953). Pourtant, les deux frangins s’orientent rapidement vers le documentaire dont ils livrent plusieurs courts. A noter qu’ils s’intéressent déjà à un massacre orchestré par les Allemands durant la Seconde Guerre mondiale dans San Miniato, luglio ’44 (1954) qui est interdit par la censure italienne et demeure donc inédit.

En 1960, ils coécrivent et coréalisent le film documentaire de Joris Ivens intitulé L’Italie n’est pas un pays pauvre (1960). Ils passent véritablement à la réalisation de fiction avec Un homme à brûler (1962), drame avec Gian Maria Volonté qu’ils coréalisent avec Valentino Orsini. Il s’agit de l’histoire de l’assassinat d’un syndicaliste, fortement ancrée dans une démarche néo-réaliste et politisée. Le long est présenté au Festival de Venise où il remporte trois prix en tant que première œuvre marquante et prometteuse. Ils tournent ensuite la comédie inédite en France I fuorilegge del matrimonio (1963), toujours avec Valentino Orsini. Pourtant, ils finissent par se séparer de ce collaborateur et débutent donc une œuvre à quatre mains avec Les subversifs (1967) qui est sélectionné en compétition à Venise.

Ils signent ensuite un étrange Sous le signe du scorpion (1969) qui est une fable abstraite où leur style commence à s’affiner. Ils doivent toutefois attendre leur film suivant pour commencer à faire vraiment parler d’eux. Saint-Michel avait un coq (1972) est inspiré d’une nouvelle de Tolstoï et livre une réflexion pertinente sur l’anarchie. Le métrage gagne un prix au Festival de Berlin où il est présenté. Ce joli succès critique leur permet de réunir Marcello Mastroianni et Léa Massari pour Allonsanfàn (1974) qui traite une fois de plus des idées révolutionnaires et anarchistes au 19ème siècle. Le métrage porté par la somptueuse musique d’Ennio Morricone est présenté à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes.

La Palme d’or de Padre padrone confirme la place majeure des frères

C’est avec Padre padrone (1977) qu’intervient la reconnaissance internationale puisque cette adaptation d’une histoire vraie sur un berger analphabète devenu écrivain remporte la Palme d’or à Cannes. Le métrage, très beau et qui contient enfin tous les éléments propres au style des cinéastes, réunit en salles quasiment un million de spectateurs en salles en France. Désormais, leur carrière sera suivie de près par tous les cinéphiles du monde entier. Ils enchaînent avec Le pré (1979) avec Michele Placido et Isabella Rossellini qui déçoit davantage et passe globalement inaperçu (pas de récompenses et seulement 174 337 cinéphiles français dans les salles).

Padre padrone, l'affiche

© 1977 Rai 2 – Cinema S.r.l / Affiche : Bernard Dufour. Tous droits réservés.

Après une période de réflexion, les deux frères reviennent avec le chef-d’œuvre La nuit de San Lorenzo (1982) qui raconte un épisode bouleversant de la Seconde Guerre mondiale. Le métrage obtient le Grand prix du jury à Cannes, 6 David di Donatello et émeut 590 544 spectateurs français. Il s’agit assurément d’une œuvre maîtresse des années 80. Ils reçoivent encore un accueil enthousiaste avec le film à sketches Kaos, contes siciliens (1984) qui réunit 408 119 cinéphiles français malgré une durée de plus de trois heures. Le film gagne deux David di Donatello pour son scénario et sa production.

Good Morning Babilonia, l'affiche

© 1987 Filmtre – Rai 1 – Films A2 – MK2 Productions / Affiche : Yves Prince. Tous droits réservés.

En 1986, ils tournent une nouvelle œuvre importante en revenant sur les origines du cinéma avec Good Morning Babilonia (1987). Fresque magnifique qui revient en détail sur le tournage d’Intolérance (1916) de D. W. Griffith, le film a encore passionné 593 451 cinéphiles ravis. Malheureusement, la suite de leur carrière va retourner à une certaine forme d’anonymat quand les cinéphiles pointus vont se détourner de leur style plutôt classique.

Les difficiles années 90

Ainsi, malgré des qualités indéniables et une distribution internationale comprenant Julian SandsCharlotte Gainsbourg et Nastassja KinskiLe soleil même la nuit (1990) ne bénéficie pas vraiment de son exposition cannoise et passe inaperçu en salles. En 1993, le duo revient avec le très beau Fiorile (1993) qui évoque une malédiction familiale sur plus de deux cents ans. Présenté au Festival de Cannes, le métrage superbe repart bredouille et doit se contenter de 104 137curieux dans les salles françaises.

Désormais touchés par la crise du cinéma italien, le duo a du mal à s’imposer avec leur cinéma, jugé démodé par beaucoup. Il faut dire que la coproduction franco-italienne Les Affinités électives (1996) d’après Goethe n’est guère intéressante malgré un casting alléchant comprenant Isabelle HuppertJean-Hugues Anglade et Marie Gillain. D’ailleurs, le marivaudage se vautre avec seulement 29 520 entrées dans l’Hexagone, malgré une présentation en compétition à Cannes.

Fiorile, l'affiche

© 1993 Filmtre – Gierre Film – Florida Movies – La Sept Cinéma – Roxy Films – K.S. Film / Affiche : Pascal Lemoine (affichiste) – Arguments (agence). Tous droits réservés.

Avec Kaos II (1999), les frères semblent bien avoir perdu la main en délivrant un film à sketches en deux parties inégales. Le film sort dans l’indifférence générale et se retrouve même en DVD dans une collection cheap qui ne lui rend guère hommage. Un faux pas, assurément. Désormais contraints de plier face aux impératifs économiques italiens, les deux frères tournent un téléfilm de plus de trois heures d’après Tolstoï intitulé Résurrection (2001). Ils réitèrent cette expérience en faisant tourner Laetitia Casta dans La san Felice (2004) qui dure 3h20min. Cette fois, ils adaptent Alexandre Dumas.

La renaissance artistique des années 2000-2010

Alors que leur destin créatif semble désormais tracé, les deux frères reviennent enfin au cinéma en 2007 avec la coproduction européenne Le mas des alouettes. Très beau, le film renoue avec les ambiances chères aux cinéastes tout en évoquant un épisode terrible de la Première Guerre mondiale, à savoir le génocide arménien. Malgré des qualités indéniables, le film ne réunit en France que 14 479 curieux, signe d’un désintérêt complet des cinéphiles pour l’œuvre pourtant remarquable des deux frères.

César doit mourir, l'affiche

© 2012 Kaos Cinematografica – Stemal Entertainment – Le Talee – La Ribalta-Centro Studi Enrico Maria Salerno – Rai Cinema / Affiche : Umberto Montiroli (photographe) – Fidelio (agence) – Le Cercle Noir (Paris) (agence). Tous droits réservés.

C’est finalement en 2012 que les deux auteurs étonnent à nouveau avec l’excellent César doit mourir (2012) qui reçoit l’Ours d’or au Festival de Berlin et les David di Donatello du meilleur film et des meilleurs réalisateurs. S’il s’agit d’une vraie renaissance artistique pour les deux cinéastes, on ne peut pas en dire autant de leurs Contes italiens (2015) d’après Boccace qui ennuient fortement.

Alors qu’il est très malade, Vittorio écrit encore avec son frère Paolo le script de Una questione privata (2017), mais cette fois, c’est Paolo qui réalise seul le film. D’ailleurs, Vittorio décède en 2018, laissant désormais seul son frère cadet. Paolo revient à ses premières amours en adaptant à nouveau Pirandello avec Leonora addio (2022) qui est présenté au Festival de Berlin et qui reçoit le prix Fipresci. Le métrage reste pourtant inédit dans les salles françaises.

Paolo Taviani est décédé le 29 février 2024 à l’âge de 92 ans.

Virgile Dumez

Ils nous ont quittés en 2024

Filmographie :

Réalisateur (longs-métrages de cinéma uniquement, la plupart coréalisés avec Vittorio Taviani) :

  • 1962 : Un homme à brûler (Un uomo da bruciare)
  • 1963 : Les Hors-la-loi du mariage (I fuorilegge del matrimonio)
  • 1967 : Les Subversifs (I sovversivi)
  • 1969 : Sous le signe du scorpion (Sotto il segno dello scorpione)
  • 1971 : Saint Michel avait un coq (San Michele aveva un gallo)
  • 1974 : Allonsanfan
  • 1977 : Padre padrone
  • 1979 : Le Pré (Il prato)
  • 1982 : La Nuit de San Lorenzo (La notte di San Lorenzo)
  • 1984 : Kaos, contes siciliens (Kaos)
  • 1987 : Good Morning, Babilonia
  • 1989 : Le Soleil même la nuit (Il sole anche di notte)
  • 1992 : Fiorile
  • 1996 : Les Affinités électives (Le affinità elettive)
  • 1998 : Kaos II (Tu ridi)
  • 2007 : Le Mas des alouettes (La masseria delle allodole)
  • 2012 : César doit mourir (Cesare deve morire)
  • 2015 : Contes italiens (Maraviglioso Boccaccio)
  • 2017 : Una questione privata (réalisé seul)
  • 2022 : Leonora addio (réalisé seul)
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