Francesco Rosi

Réalisateur, Scénariste
Chronique d'une mort annoncée, l'affiche

Personal Info

  • Nationalité : Italien
  • Date de naissance : 15 novembre 1922 à Naples (Italie)
  • Date de décès : 10 janvier 2015 à Rome (Italie), à l'âge de 92 ans
  • Crédit visuel : © 1987 Italmedia Film - Les Films Ariane - France 3 Cinéma - Soprofilms / Affiche : Tactics (agence) - Renato Casaro (illustrateur). Tous droits réservés.

Biographie

Note des spectateurs :

Réalisateur et scénariste italien, Francesco Rosi est né à Naples en 1922 et est surtout connu comme étant l’un des plus grands représentants du cinéma politique italien des années 60-70-80. Il naît dans une famille où son père est d’origine calabraise, tandis que sa mère est un pur produit de la bourgeoisie napolitaine. Le jeune homme se forme sur le tas, en étant d’abord acteur pour Radio-Naples entre 1944 et 1945. Toutefois, il est aussi illustrateur de livres pour enfants, tout en assistant les metteurs en scène de théâtre dans leur travail.

Francesco Rosi, l’homme à tout faire du cinéma italien des années 50

En 1947, il est encore auteur, mais cette fois-ci de revues de music-hall. Il obtient enfin une très grande opportunité en devenant l’assistant de Luchino Visconti sur le film La terre tremble (1948), ce qui va bouleverser sa destinée à jamais. Il retrouve le maestro sur Bellissima (1951) et Senso (1954), mais assiste également des maîtres comme Michelangelo Antonioni sur Les vaincus (1953), Mario Monicelli sur Du sang dans le soleil (1955) et Luciano Emmer sur plusieurs films. Durant cette période de formation très riche, il codirige même avec Goffredo Alessandrini le drame historique Les chemises rouges (1952). En réalité, il est chargé par la production de terminer le film à la place du réalisateur initialement prévu, ce qui lui met réellement le pied à l’étrier.

Enfin, en 1957, Francesco Rosi est le véritable directeur technique de Kean (1957), officiellement dirigé par l’acteur Vittorio Gassman. Pourtant, l’homme de l’ombre décide de prendre enfin la lumière en tournant ce qui peut être considéré comme son véritable premier film intitulé Le défi (1958). Il s’agit de la description des agissements de la Camorra dans un style qui rappelle fortement le film noir. L’année suivante, l’auteur signe Profession : magliari (1959) qui évoque le sort des Italiens exilés à Hambourg. Par sa belle concision narrative, le long-métrage suscite l’intérêt.

Le maître du film-dossier

Pourtant, c’est le film suivant qui change définitivement la donne puisque Francesco Rosi y expérimente pour la première fois son style propre fait d’une construction narrative éclatée et d’une tendance à livrer des films-dossiers qui se veulent objectifs. Salvatore Giuliano (1962) remporte plusieurs prix, dont l’Ours d’argent du meilleur réalisateur et s’impose comme un film original qui fait de Francesco Rosi un jeune cinéaste à suivre.

Les hommes contre, l'affiche

© 1970 Prima Cinematografica – Jadran Film. Tous droits réservés.

L’auteur confirme brillamment en 1963 avec l’excellent Main basse sur la ville qui décroche le Lion d’or à Venise et traite avec brio de l’intrusion de la mafia dans la politique immobilière napolitaine. Il y dirige l’excellent Rod Steiger. Avec Le Moment de la vérité (1965), Rosi s’attache à un sujet hispanisant – ce qu’il refera plusieurs fois au cours de sa carrière. Il suit ainsi le destin d’un matador dans l’Espagne franquiste. Le métrage passe toutefois inaperçu.

Nouveau changement de braquet avec La belle et le cavalier (1967), fantaisie historique plus commerciale avec Sophia Loren et Omar Sharif. Malgré cette belle affiche, le long-métrage ne réunit que 175 046 curieux dans les salles françaises. Dans une mauvaise passe, Francesco Rosi retrouve enfin l’inspiration avec Les hommes contre (1970) où il collabore avec Gian Maria Volonté sur une œuvre retraçant l’absurdité des combats de la Première Guerre mondiale. Le film est fort et 119 190 cinéphiles viennent découvrir le brûlot en salles en France.

Les chefs d’œuvre des années 70

Dès lors, Francesco Rosi et Gian Maria Volonté ne se quittent plus et les deux artistes enchaînent avec L’affaire Mattei (1972) qui dénonce au cœur d’un film-dossier les manœuvres frauduleuses de la grande industrie italienne à l’époque des années de plomb. Cette fois, le cinéaste décroche la Palme d’Or du Festival de Cannes et attire le grand public (616 822 Français en salles). Le nom de Francesco Rosi est désormais connu de tous et le cinéaste est considéré à juste titre comme un des grands auteurs italiens des années 60-70.

Cadavres exquis, l'affiche

© 1976 Produzioni Europee Associate (PEA) – Les Productions Artistes Associés / Affiche : Guy Jouineau ; Guy Bourduge. Tous droits réservés.

Il retrouve son acteur fétiche dans le biopic engagé Lucky Luciano (1973) qui intéresse encore 442 442 cinéphiles et rencontre un bel écho critique par sa structure audacieuse. Francesco Rosi clôt cette belle période par le thriller politique Cadavres exquis (1976) qui bénéficie de la présence à son générique de la star Lino Ventura. Cela explique en partie le million d’entrées obtenu par le long-métrage en France. Il reçoit par la même occasion deux David di Donatello du meilleur film et du meilleur réalisateur.

Après ce très beau succès, Rosi retrouve son acteur Gian Maria Volonté pour sa chronique antifasciste Le Christ s’est arrêté à Eboli (1979). Le long suscite encore l’intérêt d’un public de cinéphiles avec 450 538 entrées. Toutefois, le réalisateur se fait de plus en plus intimiste au cours de ces dernières années de la décennie 70, ce qui finit par se traduire dans son cinéma. Ainsi, avec Trois frères (1981), il signe une chronique familiale très intime qui rencontre un très bel écho grâce à la prestation de Philippe Noiret, Michele Placido et Vittorio Mezzogiorno. 671 915 fratries se sont rendues dans les salles. Le métrage a même représenté l’Italie aux Oscars, puis a décroché 4 récompenses aux David di Donatello, dont celles du meilleur réalisateur et meilleur scénariste pour Francesco Rosi.

Les derniers grands films des années 80

L’auteur prestigieux peut alors s’attaquer à un projet d’envergure avec sa transposition à l’écran de l’opéra de Bizet : Carmen (1984). Cette grosse production franco-italienne de prestige réunit à l’écran les meilleurs interprètes du moment dont Julia Migenes, Plácido Domingo et Ruggero Raimondi. Le film décroche un beau succès en salles avec 2,2 millions d’entrées en France. Alors que le film décroche sept David di Donatello, dont les plus prestigieux de meilleur film et de meilleur réalisateur, le film ne reçoit pas le même accueil enthousiaste aux César où il n’obtient qu’un trophée technique pour le meilleur son sur sept nominations.

Carmen ,l'affiche

© 1984 Gaumont / Affiche : Michel Landi. Tous droits réservés.

Toujours aussi célèbre, Francesco Rosi s’attaque ensuite à l’œuvre de Gabriel García Márquez avec Chronique d’une mort annoncée (1987), interprété par un casting impérial mené par Rupert Everett et Ornella Muti. Le complice Gian Maria Volonté est également de la partie pour cette œuvre présentée en grande pompe au Festival de Cannes. Il s’agit en réalité d’un chant du cygne pour le réalisateur qui repart bredouille. En France, le film reçoit un bon accueil du public qui le célèbre avec 665 704 curieux dans les salles.

La suite de la carrière du prestigieux cinéaste va malheureusement suivre la pente déclinante du cinéma italien, plombé par les ravages de la télévision berlusconienne. Malgré la présence de Jim Belushi à son générique, Oublier Palerme (1990) ne reçoit guère de louanges malgré des qualités réelles. Frappé de plein fouet par la crise du cinéma, le métrage se vautre en France avec seulement 131 501 mafieux. Un sacré revers.

Une fin de carrière qui suit la pente du cinéma italien

Finalement, Francesco Rosi se tourne en 1992 vers le documentaire avec l’inédit Diario napoletano. Il revient au cinéma une dernière fois avec La trêve (1997) d’après l’œuvre de Primo Levi. Ici, il dirige John Turturro dans un film dur qui glane 4 David di Donatello dont celui de meilleur film, de meilleur réalisateur et de meilleur scénariste. Présenté à Cannes, le drame historique ne reçoit aucune récompense et le public français boude l’expérience.

Ayant de plus en plus de difficultés à monter ses projets cinématographiques, Francesco Rosi choisit de se réorienter vers la mise en scène de théâtre au cours des années 2000. Il rencontre à nouveau de grands succès sur les scènes italiennes. Au cours des années 2010, il reçoit plusieurs récompenses honorifiques à la suite de son Ours d’or pour l’ensemble de sa carrière à Berlin (2008).

Enfin, signalons que Francesco Rosi a connu deux terribles drames personnels. Le premier est intervenu en janvier 1969. Sa fille de 15 ans est décédée dans un accident de voiture, alors que son père était au volant et qu’il a perdu le contrôle du véhicule. Sa fille est morte sur le coup, tandis que Francesco Rosi n’a eu aucune séquelle, si ce n’est psychologique. Le deuxième drame a eu lieu en 2010 lorsque sa femme Giancarla Mandelli est morte à la suite d’un bête accident domestique : la vieille dame s’est brûlée vive à cause de cendres de cigarettes tombées sur ses vêtements.

Le grand auteur italien à la vie bien chargée s’éteint finalement en 2015 à l’âge de 92 ans.

Virgile Dumez

Ils nous ont quittés en 2015

Filmographie :

Réalisateur (longs-métrages de cinéma uniquement) :

  • 1952 : Les Chemises rouges (Camicie Rosse), coréalisé avec Goffredo Alessandrini
  • 1956 : Kean (Kean – Genio e sregolatezza), coréalisé avec Vittorio Gassman
  • 1958 : Le Défi (La sfida)
  • 1959 : Profession Magliari (I Magliari)
  • 1961 : Salvatore Giuliano
  • 1963 : Main basse sur la ville (Le mani sulla città)
  • 1965 : Le Moment de la vérité (Il momento della verità)
  • 1966 : La Belle et le Cavalier (C’era una volta)
  • 1970 : Les Hommes contre (Uomini contro)
  • 1971 : L’Affaire Mattei (Il caso Mattei)
  • 1973 : Lucky Luciano
  • 1975 : Cadavres exquis (Cadaveri eccelenti)
  • 1979 : Le Christ s’est arrêté à Eboli (Cristo si è fermato a Eboli)
  • 1981 : Trois frères (Tre fratelli)
  • 1984 : Carmen
  • 1986 : Chronique d’une mort annoncée (Cronaca di una morte annunciata)
  • 1989 : Oublier Palerme (Dimenticare Palermo)
  • 1989 : 12 registi per 12 città film collectif, segment Napoli
  • 1993 : Naples revisitée (Diario napoletano)
  • 1997 : La Trêve (La Tregua)
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