Mort de Jacques Perrin. Le producteur de Microcosmos, réalisateur du Peuple migrateur et vedette de La 317ème Section nous a quittés à l’âge de 80 ans. Sa carrière était immense. L’homme l’était tout autant.
Acteur, producteur et réalisateur français, Jacques Perrin est issu d’une famille de comédiens et entre dès l’adolescence au Conservatoire. Il commence une carrière théâtrale en 1957, mais va privilégier le cinéma. On l’aperçoit dans Les tricheurs (Carné, 1958), mais il obtient des rôles plus importants dans La fille à la valise (Zurlini, 1960), La vérité (Clouzot, 1960) et La corruption (Bolognini, 1963).
En 1964, Jacques Perrin entame une précieuse collaboration avec le réalisateur Pierre Schoendoerffer pour La 317ème section, dont il tient le premier rôle, non sans succès. On le voit encore dans Compartiment tueurs (Costa-Gavras, 1965), La ligne de démarcation (Chabrol, 1966), et tient un rôle essentiel dans Les demoiselles de Rochefort (Demy, 1967). Il retrouvera Catherine Deneuve et Jacques Demy en 1970, dans le conte de Noël Peau d’âne qui est un joli succès pour les fêtes de fin d’année, et deviendra plus tard un classique à la télévision.
A partir de 1968, il fonde une compagnie de production qui deviendra Galatée Films et il produit Z (Costa-Gavras, 1969) au succès colossal. Il produit et interprète également Etat de siège (Costa-Gavras, 1973) et Section spéciale (Costa-Gavras, 1974). On le voit aussi dans Le désert des Tartares (Zurlini, 1976) et Le crabe-tambour (Schoendoerffer, 1977) dont il assure la production.
Au cours des années 80, il redevient simple acteur dans des films comme Une robe noire pour un tueur de José Giovanni (1981), L’honneur d’un capitaine (Schoendoerffer, 1982), Les 40èmes rugissants de Christian de Chalonge (1982), Le juge (Lefebvre, 1984), L’année des méduses (Frank, 1984), Paroles et musique (Chouraqui, 1984), Cinéma Paradiso (Tornatore, 1989).
Face au succès grandissant de ces documentaires, Jacques Perrin choisit de les réaliser lui-même et obtient un succès mondial colossal avec Le peuple migrateur (2001) et Océans (2010), deux œuvres spectaculaires qui démontrent l’engagement de l’homme dans la cause environnementale. Malheureusement Les saisons (2015), production ambitieuse distribuée en 2016 ne trouvera pas le même accueil.
Moins connu, L’empire du milieu du Sud, dévoile un peu plus l’intérêt de l’artiste engagé pour l’histoire. Avec Eric Derro, Jacques Perrin y relate en 2010, l’histoire du Vietnam, de la colonisation française à la chute de Saïgon.
Plus récemment, en 2018 et 2021, Jacques Perrin produit deux films de Gilles De Maistre, Mia et le lion blanc et Le loup et le lion qui connaissent un certain écho en salle.
En 2022, quatre ans après la superproduction Rémi sans famille d’Antoine Blossier, on le retrouve une ultime fois au cinéma dans Goliath de Frédéric Tellier. Cet immense talent du cinéma français décède peu après la sortie du film, à l’âge de 80 ans. Son décès fait suite à celui de sa sœur, en décembre 2020, Eva Simonet. Celle-ci fut une célèbre actrice et pendant longtemps une attachée de presse reconnue dans le milieu du cinéma. Elle était son aînée de deux ans.
L’impact de Jacques Perrin dans le cinéma français a été important. Son charisme, son savoir-faire technique, son engagement, ses connaissances historiques ont fait de lui l’une des personnalités les plus appréciées, loin du strass et de la lumière. Dans l’ombre se terrait effectivement un géant.