Venom The Last Dance ne relève aucunement le niveau d’une saga décidément bien piteuse, avec son humour minable et sa bouillie numérique permanente. On espère vraiment que la trilogie est close, malgré une fin ouverte.
Synopsis : Eddie et Venom sont en cavale. Chacun est traqué par ses semblables, et alors que l’étau se resserre, le duo doit prendre une décision dévastatrice qui annonce la conclusion des aventures d’Eddie & Venom.
Le dernier volet d’une saga dispensable
Critique : Dès 2018 et la sortie du premier Venom (Ruben Fleischer, 2018), le comédien Tom Hardy avait prévenu qu’il avait signé un contrat pour trois films. Etant donné le succès impressionnant de ce premier volet qui a engrangé plus de 856 millions de dollars de recettes dans le monde, malgré une qualité unanimement reconnue comme déplorable, la réalisation d’une suite était évidente.
Tom Hardy stars as Eddie Brock/Venom in Columbia Pictures Venom: The Last Dance. Photo Courtesy: Sony Pictures
Tourné en pleine tourmente mondiale de la Covid, Venom Let There Be Carnage (Andy Serkis, 2021) a réussi l’exploit d’être encore plus mauvais que l’original. Le carnage du titre est en réalité sur l’écran tant le film relève de la bouillie numérique sur fond d’humour à deux euros complètement naze. Cette fois-ci, le public a été un peu moins présent avec un résultat mondial approchant les 506 millions de dollars.
La scénariste des deux premiers promue réalisatrice
Malheureusement pour nous, cela fut jugé suffisant pour enclencher la confection d’un ultime volet intitulé Venom The Last Dance, conçu dès le départ comme étant le bouquet final d’une trilogie cohérente. Pour cela, le studio a décidé de laisser la scénariste des deux premiers volets aux commandes. Ainsi, Kelly Marcel a été promue réalisatrice d’un tout premier film budgété à 120 millions de dollars (sans compter les frais publicitaires engagés qui doublent souvent la mise). Bien entendu, déjà échaudés par les deux premiers sinistres épisodes de cette saga, nous n’attendions plus rien de ce troisième segment. Et l’on n’a pas été déçus.
Dès les premières séquences, la réalisatrice-scénariste démontre qu’elle n’a toujours pas écouté les critiques à l’encontre de son travail précédent. Ainsi, elle retombe dans son travers humoristique, avec des séquences nanardesques où Tom Hardy surjoue la double personnalité. Les interactions entre le comédien et son symbiote sont toujours d’une grande pauvreté, avec des dialogues insignifiants, des gags de cours de récréation et une absence d’émotion qui se retrouve même lors du final censé apporter un brin d’humanité à l’ensemble.
Les mêmes défauts d’écriture sont à l’œuvre ici
Le script, lui, se contente de raconter une traque, multipliant les séquences d’action avec des monstres géants, des symbiotes qui se répliquent à vitesse grand V et des êtres humains totalement dépassés par les événements. Les mêmes défauts d’écriture se retrouvent dans ce dernier avatar, avec notamment la présence en pleine zone 51 d’une famille de pseudo babas cool écolos avec qui fraternise Eddie Brock. Interprétés par Rhys Ifans et Alanna Ubach, le couple et leurs enfants constituent des caricatures qui démontrent une fois de plus l’incapacité de la scénariste à écrire des personnages intéressants.
En réalité, l’intégralité du long métrage tourne autour du duo formé par Tom Hardy et son symbiote, sans qu’aucune évolution soit notable dans leurs rapports. Le spectateur doit donc impérativement laisser son cerveau à l’entrée de la salle pour suivre une série de péripéties, plus ou moins réussies. La plupart des séquences d’effets spéciaux font pitié, même si le résultat paraît légèrement meilleur que sur le précédent volet. On échappe de temps à autre à la bouillie numérique habituelle, même si certains avatars de Venom ne sont guère des réussites sur le plan du design. On sauvera tout juste le cheval symbiotique, même s’il n’est pas utilisé à bon escient.
A quand la fin du Sony’s Spider-Man Universe ?
Sans aucune personnalité, le spectacle vient donc clore de manière cohérente une saga décidément bien piteuse qui ne dépareille aucunement au cœur du Sony’s Spider-Man Universe dont il s’agit du cinquième opus et donc du cinquième navet consécutif. Décidément, cette franchise qui refuse de mourir puisqu’on a eu le droit depuis à Kraven the Hunter (J.C. Chandor, 2024) dont les échos sont également défavorables peut s’enorgueillir du triste record de n’avoir livré aucun bon film. Cette fois-ci, on espère sincèrement que Venom va rester au fond d’un placard après cette dernière danse de vilain canard boiteux.
Venom in Columbia Pictures Venom: The Last Dance. Photo Courtesy: Sony Pictures
Sorti sur les écrans américains en grande pompe fin octobre 2024, Venom The Last Dance a été proposé dans plus de 4 130 cinémas et a décroché 51 millions de dollars lors de son week-end d’investiture. C’est nettement moins bon que les 80 millions rognés par le premier opus en 2018 et encore pire que le deuxième opus qui a tourné à plus de 90 millions de dollars pour son premier week-end. Signalons qu’en Amérique du Nord, les deux premiers volets ont obtenu le même score de 213 millions de recettes, tandis que The Last Dance s’est contenté de 139 755 882 $, ce qui en fait donc une déception.
La carrière internationale de Venom 3
A l’international, Venom The Last Dance a amassé 478 937 618 $, ce qui en fait là encore le plus mauvais résultat de la saga en voie d’extinction. Parmi les marchés du monde les plus réceptifs, on notera le Mexique (19 M$), l’Allemagne (14,9 M$), la Chine (14,7 M$), le Royaume-Uni (14,6 M$) et la Corée du Sud (12 M$). Septième marché mondial, la France n’a apporté que 10,9 millions de dollars à la franchise avec un total de 1 472 381 entrées, en nette chute par rapport aux épisodes précédents.
Et en France ?
Lors des démarrages parisiens du 30 octobre 2024, Venom The Last Dance a même réussi l’exploit d’être devancé par Juré n°2 de Clint Eastwood que personne n’attendait si haut. En fait, son distributeur Sony a tout misé sur la première semaine pour limiter les dégâts. Positionné dans 645 cinémas, le blockbuster minable a convaincu 736 850 adolescents en vacances de la Toussaint à faire le déplacement en salles.
La semaine suivante, le bousin perdait 49 % de ses entrées et comptait dans ses rangs 373 418 retardataires, dépassant ainsi le million de spectateurs en quinze jours. Ensuite, le bouche à oreille désastreux a fait son œuvre et le long métrage a perdu jusqu’à 57 % certaines semaines. En un mois à peine, le film est déjà mort et continuera sa route dans quelques cinémas jusqu’à son score final, plutôt décevant.
Depuis, le film est disponible dans tous les formats physiques possibles et imaginables, ainsi qu’en VOD. Dans tous les cas, il ne relève guère le niveau d’une saga décidément bien dispensable.
Les sorties de la semaine du 30 octobre 2024
Columbia Pictures Venom: The Last Dance. Photo Courtesy: Sony Pictures
Biographies +
Kelly Marcel, Tom Hardy, Rhys Ifans, Reid Scott, Chiwetel Ejiofor, Andy Serkis, Juno Temple, Peggy Lu, Stephen Graham