Une affaire de goût : la critique du film (2000)

Thriller, Drame | 1h30min
Note de la rédaction :
7,5/10
7,5
Une affaire de goût, l'affiche

  • Réalisateur : Bernard Rapp
  • Acteurs : Charles Berling, Bernard Giraudeau, Jean-Pierre Léaud, Artus de Penguern, Jean-Pierre Lorit, Florence Thomassin, Michel Cordes
  • Date de sortie: 26 Avr 2000
  • Nationalité : Français
  • Année de production : 1999
  • Scénariste(s) : Bernard Rapp, Gilles Taurand d'après le roman de Philippe Balland
  • Directeur de la photographie : Gérard de Battista
  • Compositeur : Jean-Philippe Goude, Vivaldi
  • Société(s) de production : Canal+, Catherine Dussart Productions (CDP), Centre Européen Cinématographique Rhône-Alpes
  • Distributeur (1ère sortie) : Pyramide Distribution
  • Éditeur(s) vidéo : France Télévision Distribution (DVD) / Lancaster (DVD)
  • Date de sortie vidéo : 6 mars 2001 (1ère édition)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 484 568 entrées / 163 016 entrées
  • Budget : 4 130 000 €
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleurs / Son : DTS
  • Festivals et récompenses : Festival de Cognac 2000 : Grand Prix, Prix de la critique et Prix de la découverte / Festival de Karlovy Vary 2000 : Mention spéciale / Festival d'Agrigente 2001 : Éphèbe d'or2, récompensant le meilleur film « littéraire » de la production mondiale / Nominations César 2001 : Meilleur film, meilleur acteur (Bernard Giraudeau), meilleure second rôle féminin (Florence Thomassin), meilleur espoir masculin (Jean-Pierre Lorit), meilleur scénario.
  • Illustrateur / Création graphique : F.K.G.B. - Arguments (agence) - Lawrence Perquis (photographe) - Marc Paufichet (affichiste)
  • Crédits : © 1999 CDP - Le studio Canal + - France 3 Cinéma - Rhône-Alpes Cinéma
Note des spectateurs :

Une affaire de goût est un jeu du chat et de la souris à la douce perversité, interprété par un Bernard Giraudeau impérial d’ambiguïté.

Synopsis : Frédéric Delamont, industriel au sommet de sa réussite, raffiné, original et phobique, rencontre dans un restaurant un jeune serveur intérimaire, Nicolas Rivière. Quelques jours plus tard, ce dernier est reçu par Delamont qui lui propose d’être, contre un salaire élevé, son goûteur particulier. Ce qui commence comme une relation professionnelle insolite mais légère se révèlera rapidement être un jeu infiniment plus dangereux pour les deux hommes…

De l’art du non-dit

Critique : Lorsque Bernard Rapp décide en 1999 d’adapter le troublant roman de Philippe Balland intitulé Goûter n’est pas jouer, il est encore auréolé du petit succès critique obtenu par Tiré à part (1996), son premier long métrage en tant que metteur en scène. Ce galop d’essai a montré la capacité du journaliste à décrire des ambiances troubles et marquées par un certain raffinement. Avec son deuxième film, Bernard Rapp place la barre plus haut et signe une œuvre parfaitement maîtrisée, à la mise en scène plus étudiée.

Le film commence par une minutieuse description des différents personnages, mettant l’accent sur l’étrangeté de cet industriel raffiné et quelque peu décadent, magnifiquement interprété par un Bernard Giraudeau tout en nuances. Le cinéaste nous plonge alors au cœur d’une relation particulière entre ce patron névrosé et son homme de main, totalement fasciné. Prenant un malin plaisir à jouer au chat et à la souris avec le spectateur, Bernard Rapp, grâce à un scénario brillant et à une fine approche psychologique, nous entraîne où il veut et parvient à rendre fascinante cette descente aux enfers de deux hommes dont l’attraction mutuelle reste de l’ordre du non-dit.

Un jeu pervers porté par des comédiens formidables

Entre jeu sadomasochiste et homosexualité latente, tout amène les deux personnages vers une autodestruction programmée d’avance. Ce sentiment d’inéluctabilité imprègne toute l’œuvre et lui donne un ton propre, tout à fait séduisant. Certes, ce pitch nous rappelle fortement celui d’Une étrange affaire (Granier-Deferre, 1981) où Gérard Lanvin tombait dans les filets de son patron incarné par Michel Piccoli, mais Bernard Rapp choisit d’aller encore plus loin dans l’idée d’autodestruction mutuelle.

L’ensemble est soutenu par une interprétation magistrale de Bernard Giraudeau qui trouve là, après Gouttes d’eau sur pierres brûlantes (1999) de François Ozon, l’un de ses meilleurs rôles. A la fois salaud, esthète, sadique et figure charismatique, il illumine de sa présence monstrueuse ce film à la douceur perverse. Jean-Pierre Lorit lui donne la réplique avec talent et compose une victime à l’ambiguïté troublante. Ce face-à-face impeccable est pour beaucoup dans la réussite majeure de cette Affaire de goût, assurément le meilleur film de son réalisateur.

Le meilleur film de Bernard Rapp

Outre un certain écho en salles avec 484 568 spectateurs sur tout le territoire français, Une affaire de goût a également obtenu les Grand Prix, Prix de la critique et Prix de la découverte au Festival de Cognac 2000, ainsi que cinq nominations aux César 2001. Il est toutefois reparti bredouille de cette dernière cérémonie, marquée par le triomphe du Goût des autres.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 26 avril 2000

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Une affaire de goût, l'affiche

© 1999 CDP – Le studio Canal + – France 3 Cinéma – Rhône-Alpes Cinéma / Affiche : F.K.G.B. – Arguments (agence) – Lawrence Perquis (photographe) – Marc Paufichet (affichiste). Tous droits réservés.

Box-office :

Distribué à partir du 26 avril 2000 dans 159 salles, Une affaire de goût est le plus gros succès de Bernard Rapp (Pas si grave, Un petit jeu sans conséquence). Il doit faire face à la concurrence de Erin Brockovich, seule contre tous, le succès de Steven Soderbergh avec Julia Roberts, et pléthore de productions nationales qui seront, elles, des échecs : le thriller d’Alain Berberian Six-Pack avec Richard Anconina, Frédéric Diefenthal, Chiara Mastroianni et Francois Berléand, exploité sur 180 copies, l’OVNI réalisé par Patrick Sébastien, T’aime, qui  avait trouvé 150 sites pour le diffuser dans des salles vides, la comédie André le magnifique, avec Michel Vuillermoz (100 copies) et évidemment, le nostalgique La parenthèse enchantée, avec une brochette d’acteurs générationnelle (Clotilde Courau, Vincent Elbaz, Géraldine Pailhas, Karin Viard, Roschdy Zem, Eric Caravaca).

Une affaire de goût bénéficiera d’un accueil très favorable et d’une belle endurance sur ses 5 premières semaines. 126 000 entrées pour son investiture, 103 000 pour le second round… Il se ménage ensuite pendant trois semaines entre 55 000 et 42 000 entrées.

Avec La petite Lili de Claude Miller (2003), il s’agira de l’un des derniers succès personnels de Bernard Giraudeau qui s’essaiera à nouveau, mais sans succès, au thriller psychologique intense, avec Je suis un assassin, en 2004 (129 012 entrées).

Frédéric Mignard

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Bande-annonce d'Une affaire de goût

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