Thriller très bis, Ultime violence bénéficie du charisme d’Helmut Berger et d’une musique crépusculaire qui compensent en partie les faiblesses du script. Une rareté que les bisseux auront plaisir à découvrir.
Synopsis : Le tueur sadique Nanni Vitali s’évade de prison avec trois complices. Il se lance dans une folie meurtrière, remplie de vols, viols, assassinats, et prises d’otages. L’inspecteur Giulio Santini se met à sa poursuite avec force moyens. Mais Vitali va séquestrer son père et sa sœur.
Un thriller au script banal et routinier
Critique : En 1977, le réalisateur Sergio Grieco a une très longue carrière dans le cinéma populaire derrière lui. Il a notamment beaucoup officié dans les genres du péplum, de l’eurospy et il vient de se lancer depuis peu dans le poliziotesco avec La nuit des excitées également titré Violence à Rome (1975). Pour ce qui restera à jamais comme son dernier film, Grieco signe un script tout ce qu’il y a de plus banal et linéaire. Effectivement, dans Ultime violence (1977), il raconte la cavale d’un évadé de prison fermement décidé à prendre sa revanche sur ceux qui l’ont fait tomber. Parallèlement, le film suit l’enquête d’un commissaire de police qui traque le fugitif, au risque de devenir la nouvelle cible du criminel fou.
Au sein d’une économie que l’on imagine peu profuse, Sergio Grieco est parvenu à obtenir l’implication du grand Helmut Berger dans le rôle du chien fou. Pour mémoire, l’acteur autrichien entamait alors une impressionnante descente aux enfers à la suite du décès de son mentor et amant Luchino Visconti. Celui qui lui a offert ses plus beaux rôles dans des œuvres majeures comme Les damnés (1969), Ludwig ou le crépuscule des dieux (1973) ou encore Violence et passion (1974) reste à jamais ancré dans son cœur et Helmut Berger ne parvient pas à rebondir, se fourvoyant dans des films d’exploitation indignes de ses prestations précédentes.
Helmut Berger royal, mais assez mal entouré
Pourtant, l’acteur n’a guère à rougir de son incarnation de l’évadé dément tant il porte l’intégralité du métrage sur ses épaules. Le comédien est d’un charisme indéniable et il parvient à signifier la folie de son personnage sans trop cabotiner. Malheureusement, il n’est guère soutenu par le reste du casting, nettement inférieur en qualité. La pauvre Marisa Mell ne semble pas vraiment impliquée dans un rôle qui lui demande surtout de subir les assauts de mâles concupiscents. Sans cesse outragée, la belle kidnappée finira par être plus active vers la fin du métrage, mais l’actrice manque tout de même d’étoffe pour donner du poids à son rôle. Pire, l’inénarrable Richard Harrison, qui fut un héros correct dans les années 60, ne semble déjà plus y croire. Il multiplie ici les accoutrements les plus ridicules, des postures corporelles parfois embarrassantes, tout en présentant un regard invariablement vide à la caméra.
Dépourvu de véritable intrigue, Ultime violence se présente donc comme un concentré de meurtres sadiques, de viols et de fusillades dans une atmosphère globalement bis. Heureusement, Sergio Grieco a eu l’excellente idée de confier la partition musicale à Umberto Smaila dont ce fut le premier travail dans ce domaine. Le musicien livre une composition très synthétique qui évoque davantage le film d’horreur que le thriller. On croirait la musique destinée à une œuvre du maître du gore Lucio Fulci. Cette musique associée à quelques séquences tournées au ralenti arrivent à créer une ambiance crépusculaire qui donne tout son sel à un thriller pourtant très routinier dans son déroulement narratif.
La musique octroie au film une ambiance crépusculaire saisissante
Cela explique sans aucun doute l’amour de Quentin Tarantino pour ce long-métrage dont il montre un extrait dans son Jackie Brown (1997). Malgré la faiblesse des moyens engagés et de la plupart des acteurs, il se dégage effectivement une atmosphère particulière de cet Ultime violence qui représente bien un certain cinéma d’exploitation putassier de la fin des années 70.
Parfois appelé Le fauve à la mitraillette – histoire de coller au titre original – Ultime violence serait peut-être sorti dans quelques salles de province selon le site Encyclociné, sans que l’on puisse vraiment vérifier cet état de fait. Par contre, le film de Sergio Grieco a bien été édité en VHS sous le titre Ultime violence. C’est d’ailleurs cette dénomination qui a été choisie par Artus Films pour son édition DVD / Blu-ray.
Critique de Virgile Dumez