Sinners : la critique du film (2025)

Drame, Horreur, Action, Film de vampires | 2h17min
Note de la rédaction :
6/10
6
Affiche de Sinners de Ryan Coogler, avec Michael B. Jordan

  • Réalisateur : Ryan Coogler
  • Acteurs : Hailee Steinfeld, Michael B. Jordan, Lola Kirke, Jack O’Connell, Miles Caton, Delroy Lindo
  • Date de sortie: 16 Avr 2025
  • Année de production : 2025
  • Nationalité : Américain, Australien, Canadien
  • Titre original : Sinners
  • Titres alternatifs : Pécheurs (Québec) / Los pecadores (Espagne) / Pecadores (Portugal, Brésil) / Grzesznicy (Pologne) / I peccatori (Italie) / Bűnösök (Hongrie) / Blood & Sinners (Allemagne)
  • Autres acteurs : Jayme Lawson, Wunmi Mosaku, Omar Benson Miller, Li Jun Li, Yao, Peter Dreimanis, Helena Hu, Saul Williams, Andrene Ward-Hammond, David Maldonado
  • Scénariste : Ryan Coogler
  • Monteur : Michael P. Shawver
  • Directeur de la photographie : Autumn Durald Arkapaw
  • Compositeur : Ludwig Göransson
  • Chef Maquilleur : Ken Diaz
  • Cheffe décoratrice : Hannah Beachler
  • Directeurs artistiques : Jonathan Cappel, Timotheus Davis, Jesse Rosenthal
  • Producteurs : Ryan Coogler, Zinzi Coogler, Sev Ohanian, Tina Anderson, Kenneth Yu
  • Producteurs exécutifs : Pete Chiappetta, Rebecca Cho, Will Greenfield, Ludwig Göransson, Andrew Lary, Anthony Tittanegro
  • Sociétés de production : Proximity Media, Domain Entertainment
  • Distributeur : Warner Bros.
  • Distributeur reprise :
  • Date de sortie reprise :
  • Editeur vidéo :
  • Date de sortie vidéo :
  • Budget : 90 000 000 $
  • Box-office France / Paris-Périphérie :
  • Box-office nord-américain / monde :
  • Rentabilité :
  • Classification : Interdiction aux -12 ans car le film « contient aussi de nombreuses scènes très sanglantes de nature à impressionner en dessous de cet âge »
  • Formats : 2.76 : 1 / Couleurs / Son : 5.1
  • Festivals :
  • Nominations :
  • Récompenses :
  • Illustrateur/Création graphique : © Gravillis. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © Warner Bros. Pictures. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Attachés de presse :
  • Tagline : De Ryan Coogler, réalisateur de Black Panther et Creed. Une nuit pour survivre.
  • Franchise :
Note des spectateurs :

Divertissement efficace, Sinners entend rendre hommage à la culture afro-américaine à travers une œuvre bicéphale au message politique tout de même très agressif. Il ne s’agit assurément pas d’une œuvre de réconciliation entre les deux Amériques.

Synopsis : Alors qu’ils cherchent à s’affranchir d’un lourd passé, deux frères jumeaux reviennent dans leur ville natale pour repartir à zéro. Mais ils comprennent qu’une puissance maléfique bien plus redoutable guette leur retour avec impatience…

Sinners, un hommage sincère à la culture afro-américaine

Critique : Après avoir consacré plusieurs années de sa vie à la figure du super-héros Black Panther (l’original de 2018 et sa suite de 2022), le cinéaste afro-américain Ryan Coogler souhaitait revenir à un projet plus modeste et surtout plus personnel. Grand amateur de film d’horreur, il voulait se confronter pour la première fois au genre, tout en rendant un vibrant hommage à la culture afro-américaine. Dès lors, le projet de Sinners est devenu bicéphale puisque le réalisateur désirait introduire une dimension horrifique à l’intérieur d’une œuvre sérieuse qui reviendrait sur les blessures issues de la ségrégation raciale et de l’esclavage en œuvre dans les Etats du Sud-américain, et notamment autour du delta du Mississippi.

Sinners, photo 1

© 2025 Warner Bros. Tous droits réservés.

La gageure principale était de mêler les deux aspects afin qu’aucun des deux ne prenne le pas sur l’autre. Le résultat s’avère malheureusement assez bancal, notamment dans sa dimension de film de genre puisque le métrage ne dérive vers le vampirisme que dans sa deuxième heure et la greffe ne prend pas totalement.

Mississippi Blues

Durant une longue présentation des personnages, Ryan Coogler parvient à plonger le spectateur dans ce sud des Etats-Unis de la Grande Dépression où les populations afro-américaines sont toujours victimes de ségrégation et où les menaces du KKK (pour Ku Klux Klan) sont incessantes. Le spectateur est invité à suivre le retour des jumeaux Smoke et Stack (tous deux interprétés par Michael B. Jordan qui se donne lui-même la réplique grâce à des effets spéciaux invisibles) dans leur bourgade natale après avoir fait fortune à Chicago durant la période de la Prohibition.

Les deux héros ne sont guère des modèles puisque l’on comprend qu’ils ont réussi grâce au jeu et à la prostitution. Pour autant, ils font l’admiration du jeune Sammie Moore (interprété par le chanteur Miles Caton, une évidence à l’écran), fils de pasteur et musicien qui aimerait s’affranchir de la lourde tutelle paternelle.

L’auteur poursuit son œuvre militante

Malgré les pressions de la population blanche locale, les jumeaux créent en une seule journée un club permettant à la population noire de danser, jouer du blues et s’éclater. Cette description qui prend environ une heure n’est jamais ennuyeuse car Ryan Coogler n’est pas un manchot et sa réalisation multiplie les plans séquences discrets, mais complexes à mettre en œuvre. Il s’appuie également sur des personnages bien caractérisés (excellent Delroy Lindo) et dont les destinées parleront à tous.

Dans le même temps, Ryan Coogler rend un hommage appuyé à la culture afro-américaine et rappelle notamment les origines du blues, avant que le genre ne soit récupéré par les populations blanches. Cet hommage vibrant s’avère tout à fait pertinent et s’inscrit dans la continuité de l’œuvre de Coogler qui militait déjà en ce sens dans sa saga des Black Panther.

Un film d’horreur surtout centré sur l’action

A mi-parcours, le thème du vampirisme intervient et le film bascule dans une version aseptisée d’Une nuit en enfer (Robert Rodriguez, 1996), que l’on pourrait aussi rapprocher du Vampires (1998) de John Carpenter. Autant dire que Ryan Coogler ne cherche aucunement à nous faire peur, mais préfère opter pour l’action. Le suspense ne fonctionne donc pas vraiment durant cette partie qui manque justement cruellement d’originalité en reprenant tous les codes habituels du film de vampires. De la gousse d’ail en passant par le pieu et le soleil destructeur, rien ne manque à l’appel si ce n’est une réelle audace dans le traitement d’un sujet rebattu.

Sinners, photo 2

© 2025 Warner Bros. Tous droits réservés.

En fait, le spectateur aguerri comprend rapidement que Ryan Coogler, cinéaste politique s’il en est, n’est aucunement intéressé par la dimension fantastique de son récit qu’il veut une métaphore de l’histoire des Etats-Unis. Ainsi, les premiers vampires à attaquer sont tous des Blancs et les seuls autres à apparaître font tous partie du KKK cité plus haut. Si tous les afro-américains du film ne sont pas des anges, l’opposition entre Noirs et Blancs demeure évidente, notamment lors d’un affrontement final qui prend des airs de revanche d’une population sur une autre. Certes, l’histoire extrêmement douloureuse du peuple afro-américain explique ce débordement de violence final, mais on peut légitimement se demander si un tel spectacle peut apaiser les tensions déjà très fortes au sein d’une Amérique déjà très polarisée.

L’Amérique toujours aussi fracturée

De fait, le final de Sinners peut apparaître comme un appel à la révolte d’une population contre une autre. A l’heure où les Etats-Unis n’ont jamais été si proche d’une nouvelle guerre civile entre les apôtres réactionnaires de Donald Trump et les hordes « progressistes » de Hollywood, pas sûr que Sinners constitue un message d’apaisement et d’espoir de réconciliation. Si le divertissement s’avère effectivement efficacement mené par un réalisateur en pleine possession de ses moyens, son message politique laisse davantage dubitatif.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 16 avril 2025

Affiche de Sinners de Ryan Coogler, avec Michael B. Jordan

© Warner Bros Pictures. All Rights Reserved

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Ryan Coogler, Hailee Steinfeld, Michael B. Jordan, Lola Kirke, Jack O’Connell, Miles Caton, Delroy Lindo

Mots clés

Cinéma américain, Films de vampires, Reconstitution des années 30, Le racisme au cinéma, Le Ku Klux Klan au cinéma

 

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Affiche de Sinners de Ryan Coogler, avec Michael B. Jordan

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